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Une esplanade du Mur des Lamentations plus grande pour moins de conflits ?

Terresainte.net
18 avril 2013
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Une esplanade du Mur des Lamentations plus grande pour moins de conflits ?
Le désir des "femmes du mur" de pouvoir prier "comme les hommes" au Kotel, entraînera-t-il des changements ? © Photo Miriam Alster/FLASH90

Cinq féministes religieuses juives de l’association « Femmes du Mur » ont été arrêtées le 11 avril dernier au Kotel (le Mur des Lamentations), à Jérusalem. Un Juif orthodoxe qui a tenté de mettre le feu à leurs livres de prière a été arrêté avec elles. Les incidents se font plus réguliers au Kotel depuis quelques semaines. Pour sortir de l'impasse , un plan a été présenté par le directeur de l’Agence juive au Premier Ministre Benjamin Netanyahou.


(Jérusalem/c.d.) – Cinq féministes religieuses juives de l’association « Femmes du Mur » ont été arrêtées le 11 avril dernier au Kotel (le Mur des Lamentations), à Jérusalem. Tous les premiers jours du mois juif depuis 1988, ces féministes religieuses viennent prier au Kotel… comme le font les hommes dans le Judaïsme orthodoxe. Elles arborent un châle de prière et des phylactères, réservés traditionnellement aux hommes. Ce faisant, elles s’attirent les foudres des Juifs ultra-orthodoxes qui administrent le lieu saint et elles piétinent une résolution de la Cour Suprême qui réglemente l’usage du lieu. Cette fois, elles étaient accompagnées d’une centaine de sympathisants. Cinq d’entre elles ont été arrêtées par les forces de l’ordre israéliennes. Un Juif orthodoxe qui a tenté de mettre le feu à leurs livres de prière a été arrêté avec elles. Pour sortir de l’impasse, un plan a été présenté par le directeur de l’Agence juive au Premier Ministre Benjamin Netanyahou.

Depuis quelque temps, les arrestations de « femmes du Mur » se font plus fréquentes, accentuant la couverture médiatique et la visibilité de leur groupe. Mais mettant aussi l’accent sur une division au sein du judaïsme. Ces féministes religieuses sont issues aussi bien de courants réformistes du Judaïsme que de courants orthodoxes. Au-delà de leurs revendications concernant le Mur des Lamentations, c’est au caractère patriarcal de la religion juive qu’elles s’attaquent, de l’intérieur.

Comme le résume son slogan « un mur occidental pour un peuple juif », il s’agit pour Natan Sharansky, président de l’Agence juive, une organisation qui  fait le lien entre Israël et les communautés juives de par le monde, de réduire cette fracture.

Pour mettre fin au conflit, Natan Sharansky a présenté à Benjamin Netanyahou un plan de sortie de crise. Toutes les parties semblent d’accord, à quelques détails près, du rabbin du Kotel aux dirigeants des courants réformateurs américains. Le président de l’Agence juive est en effet allé présenter ces derniers jours son plan aux Etats-Unis aux dirigeants réformistes et conservateurs des organisations juives américaines. Avant de partir, il a soumis son plan au rabbin du Kotel, Shmuel Rabinovitch, qui a donné son accord.

Natan Sharansky propose d’agrandir à plus du double l’espace réservé à la prière du Kotel jusqu’à l’arche Robinson. Sur cette arche passait au temps d’Hérode l’accès le plus méridional du mur occidental vers l’esplanade du Temple. L’esplanade du Kotel sera divisée en trois lieux de prière : un pour les hommes, un pour les femmes et une zone mixte, non réservée à la prière orthodoxe. C’est un nouvel espace qui ne sera pas réservé à la prière orthodoxe qui se créerait. Depuis 2003, la Cour Suprême avait fait de cet endroit un lieu de prière « non-orthodoxe ». Mais il restait rarement accessible. D’après ce plan, l’espace dit de l’arche Robinson, actuellement lieu de fouilles archéologiques et de fait en contrebas de l’esplanade du Kotel, sera mis au même niveau. Les trois espaces seront desservis par une même entrée, 24 heures sur 24 et seront ainsi mis à « égalité ».

« J’ai présenté cela aux ministres du gouvernement, aux responsables des différents courants juifs des Etats-Unis, au Rabbi du Kotel. Chacun a ses exigences, mais tous comprennent que la situation actuelle, où le Kotel est devenu un lieu de division et de controverse, doit cesser et qu’il doit être reconstruit de nouveau comme étant un lieu unique et unifié » affirme Natan Sharansky.

Anat Hoffman, présidente des « Femmes pour le Mur », rappelait dans le journal israélien Haaretz que son groupe est « absolument contre toute sorte de compromis qui les enverrait vers le mur des marginaux », faisant ainsi référence à l’arche Robinson. Cependant, pour son association, ce plan est « un forfait qui libère le Mur pour tout le monde ».

Elle avertit par ailleurs que les 100 à 200 millions de shekels annoncés pour réaliser le projet pourraient se transformer en 100 à 200 dollars. Elle craint aussi des oppositions venant du monde musulman si le projet venait à toucher la rampe d’accès à l’esplanade des mosquées.

Le Rabin responsable des lieux saints et du Kotel fait valoir le point de vue de la communauté locale qu’il considère être ultra-orthodoxe. « Cette nouvelle répartition de l’esplanade ne correspond pas à un point de vue mondial, parce que je crois que ce lieu doit être un lieu de prière en accord avec la coutume de l’endroit » a-t-il déclaré au journal israélien Yedioth Ahronoth. Pourtant, il poursuit : « mais il est possible de vivre avec cette solution ».

Si ce plan n’a pas encore abouti, il faut souligner que ce consensus montre un vrai sens de l’intérêt commun: des « femmes du Mur » aux ultra-orthodoxes.