Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Le MuCEM : une belle carrosserie, mais quoi dans le ventre ?

Terresainte.net
17 juin 2013
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable
Le MuCEM : une belle carrosserie, mais quoi dans le ventre ?
Au MuCEM, dans la partie consacrée à Jérusalem © Xavier Marquet/TV5 Magreb Orient Express

Le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), inauguré à Marseille la semaine dernière par le Président de la République, François Hollande, consacre un quart de son exposition permanente, « La Galerie de la Méditerranée », à Jérusalem.


(Jérusalem/c.d.) – Le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM), inauguré à Marseille la semaine dernière par le Président de la République, François Hollande, consacre un quart de son exposition permanente, « La Galerie de la Méditerranée », à Jérusalem.

Les toits du bâtiment construit par Rudy Ricciotti sur les quais du port, le fort Saint-Jean qui tire son nom de l’Ordre des Hospitaliers (de Saint-Jean de Jérusalem) et l’esplanade de l’église Saint-Laurent sont reliés par des passerelles. De superbes vues s’offrent au visiteur sur le Vieux-Port et sur la mer.

Faire le portrait, en mosaïque, des différentes civilisations qui peuplent les rivages de la mer Méditerranée, c’est l’ambition de l’exposition permanente du musée.

Ce musée, magnifique de l’extérieur, ne fait pas l’unanimité pour la façon dont il traite le sujet – passionnant – des civilisations méditerranéennes. Spécialement concernant les trois monothéismes qu’il présente dans la partie consacrée à Jérusalem (un quart de l’exposition permanente).

Le nouveau musée est sorti de terre dans la douleur. Il aurait dû être prêt en janvier dernier pour l’ouverture de « Marseille-Provence capitale européenne de la culture » alors qu’il était inclus dans le Projet de décentralisation annoncé par le gouvernement en l’an 2000. Il a finalement été inauguré, à la méditerranéenne, avec six mois de retard.

Dans la partie consacrée à Jérusalem, on y explique la formation du monothéisme au fil des âges. « Le pharaon Aménophis IV dit Akhénaton […] avait déjà érigé vers 1340 av. J.-C., une croyance en un seul dieu, le disque solaire Aton, se démarquant ainsi du vaste panthéon égyptien. Si ce culte ne lui survit pas, il en annonce d’autres : celui de Yahweh, dieu unique et protecteur des Hébreux apparu autour de 1 000 av. J.-C., celui de Bouddha au VI ème siècle av. J.-C., de Jésus ou de Muhammad en 610. » peut-on lire sur la brochure distribuée à l’entrée.

Dans la même phrase, on assimile le culte rendu à… Muhammad pour les musulmans (prophète d’Allah), Jésus pour les chrétiens (Fils de Dieu), Yahweh pour les Juifs (Dieu) et Bouddha (sage qui n’a pas de dieu du tout), le raccourci est ébouriffant ! La confusion est totale. Peut-on retenir un sourire?

Par ailleurs, on découvre dans les explications quelques erreurs étranges pour un grand musée national. Ainsi le Mur des Lamentations, lieu saint des Juifs, serait un vestige du premier temple de Salomon. Ce qu’expliquent les guides de Jérusalem c’est qu’il ne date, pour sa partie la plus inférieure, que d’Hérode le Grand. Presque neuf cent ans sépareraient Salomon et Hérode le grand. Dommage de livrer de telles approximations au grand public. On aurait aimé quelque chose de plus consistant sur Jérusalem et la formation de deux des trois grandes religions monothéistes dans le bassin méditerranéen.

Le MuCEM a repris les collections de l’ancien Musée des arts et traditions populaires installé à Paris. Des acquisitions ont enrichi le fonds. La moitié des objets exposés proviennent du fonds du musée ; l’autre moitié de prêts consentis par des musées français et étrangers. C’est aussi la raison pour laquelle la « temporaire » exposition permanente et ses 1 500 mètres carrés devrait être partiellement renouvelée tous les trois ans.

Le nouveau musée s’inscrit dans le plan de rénovation urbaine et de développement économique du port de Marseille. Coût des opérations : 191 millions d’euros financés pour 133 millions par l’État et 58 par les collectivités territoriales.

La direction du musée a parlé « d’affluence exceptionnelle ». 64 000 personnes ont visité, gratuitement, le musée le week-end de son ouverture. L’objectif de fréquentation annuelle est de 300 000 personnes.

Fini dans la précipitation ? Dans trois ans une partie des collections seront renouvelées. L’installation de ce musée d’envergure nationale, le premier hors de Paris, oriente les Marseillais, et les touristes, vers un coin de la ville jusqu’à présent délaissé, au plus près de la mer, entouré de la cathédrale, du quartier du panier et du Vieux-Port. C’est bien le plus important.

L’émission de TV5 Maghreb Orient Express, consacrera le 23 juin une partie de son programme à Marseille Procence 2013 et au MuCEM.

Le MuCEM a un site internet www.mucem.org