Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Saint Georges, protecteur de la Palestine

Cyrille David
30 juillet 2013
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Un évêché de l’église primitive

Lod fut élevé au rang d’évêché sous le règne  de Constantin, au IVe siècle. C’est l’une des plus anciennes communautés chrétiennes.

Lod, patrie de saint Georges

L’exécution de saint Georges, né à Lydda (Lod) dans une famille grecque chrétienne, aurait eu lieu à Nicomédie (actuelle Turquie) autour de l’an 300. “Son serviteur transporta ensuite sa précieuse relique dans sa patrie, Lydda, en Palestine” raconte le moine Macaire dans sa Vie des saints de l’Église orthodoxe. Dans le respect de la tradition des premiers chrétiens envers les martyrs, une église byzantine fut bâtie sur sa tombe à Lod.

Un lieu de pèlerinage

Au mois de novembre, les chrétiens de Terre sainte fêtent le transfert à Lod de la dépouille du saint. De nombreux pèlerins défilent aussi à Saint-Georges : russes, grecs et… géorgiens. Saint Georges est en effet le saint patron de leur pays. Et au-delà de l’orthodoxie, des pèlerins anglais passent à Saint-Georges, puisque l’Angleterre est placée sous sa protection. Pour cette raison, cette ville fut chère au croisé Richard Cœur de Lion. Il la fit rebâtir, après sa destruction par Saladin.

 

En images >> La fête de saint George dans les yeux d’Ori Orhof

Le saint protecteur de la Palestine

Comment reconnaître une maison chrétienne en Palestine ? Il y a de grandes chances qu’une représentation de saint Georges terrassant le dragon orne sa façade. Le saint protège la maison et ses habitants. Passant devant une église, un monastère ou une représentation de saint Georges chez lui, des chrétiens, y compris les jeunes, font souvent le geste de toucher la statue du saint et de se signer.

Dans la crypte, un cénotaphe… vide donc

Quelques reliques du saint sont conservées dans l’église. Le cénotaphe, monument qui ne contient pas de corps, fut restauré en 1871.

Un moine pour 800 âmes

Saint-Georges de Lod, compte 800 chrétiens (pour une population de 70 000 habitants) contre 2 000 pour la ville voisine de Ramleh (73 000 habitants). Les chrétiens sont une minorité dans la ville de Lod. Environ 50 000 à 70 000 arabes fuirent ou furent expulsés en juillet 1948 de Lod, Ramleh et des villages voisins. Ces déplacés représentent 10 % des populations expulsées en 1948.

Dragon ou lézard ?

De son arrivée à la cour de l’empereur jusqu’à sa mort, on attribue de nombreux miracles à saint Georges. Mais le plus connu – et le plus représenté – des événements extraordinaires que relate son hagiographie, c’est son combat contre le dragon. “Les habitants – païens – du village sacrifiaient le premier-né de leurs enfants à un animal, un dragon ou probablement un gros lézard, type varan ; pour le nourrir, mais aussi pour plaire aux dieux. Un jour, le tour fut celui de la fille d’un notable. Or, saint Georges, un soldat des armées romaines de retour d’une campagne militaire, passa par là. Les habitants lui demandèrent de tuer la bête. Ce qu’il fit. Tous les habitants du village se convertirent.” raconte, l’affable moine orthodoxe, curé de la paroisse.

Plusieurs noms pour une ville

Diosopolis sous l’empire romain, elle devint Georgiopolis à l’ère byzantine en raison du sanctuaire dédié à saint Georges. En 530 le diacre Théodose fait mention du tombeau de saint Georges à Lydda. C’est le témoignage littéraire le plus ancien dont nous disposons sur la présence du tombeau de saint Georges. Lydda c’est le nom arabe de la ville avant 1948, renommée Lod par l’État d’Israël.

L’église actuelle contre le reste du terrain

Les autorités turques exigèrent des grecs, pour qu’ils puissent faire les réparations dont l’église avait besoin, qu’ils cèdent le reste du terrain. Sur cet emplacement fut construite une mosquée. Ainsi, l’église actuelle a une nef et un seul transept. L’église est amputée du second transept qui n’a pas fait partie des restaurations effectuées par les grecs en 1870 et qui est du côté de la mosquée. La mosquée occupe le lieu de la basilique byzantine.

Au croisement des routes nord-sud et est-ouest

Dans une liste de cités cananéennes conquises par le pharaon Thoutmôsis III, il est fait mention pour la première fois de la ville de Lod. Découverte à Karnak, la liste daterait du XVe siècle av. J.-C. Ville au carrefour des routes depuis la haute antiquité, Lod occupe encore aujourd’hui une position stratégique sur les axes nord-sud et est-ouest et, pour sa localisation bien située entre Tel Aviv et Jérusalem, elle a déterminé le choix de l’aéroport international d’Israël.

Abou Gosh contre Saint-Georges

“En vertu d’un compromis fait entre le gouvernement français et le gouvernement ottoman, les Pères franciscains furent obligés de renoncer à leurs droits [sur Saint-Georges] en faveur des grecs et, en dédommagement, le gouvernement français obtint l’église d’Abou Gosh. Les grecs ont restauré depuis la portion de l’église qui restait debout et, dans la crypte, ils ont placé un petit monument de forme cubique, un cénotaphe, portant en grand relief l’image de saint Georges.”

P. Barnabé Meistermann, O.F.M., In Guide de Terre sainte, 1936

 

 

Dernière mise à jour: 23/04/2023 16:43