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Le Samedi Saint devant la Haute cour de justice israélienne

Terresainte.net
9 avril 2014
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Dans les jours prochains, la Haute cour de Justice israélienne fera part de sa décision concernant la requête qui lui a été adressée par des chrétiens arabes de Jérusalem, requête à laquelle s’est jointe la Custodie de Terre Sainte et les 5 Églises orientales en charge du Statu Quo du Saint Sépulcre, sur l’assouplissement des mesures de sécurité le Samedi saint. Depuis 2006 en effet, les mesures de sécurité qui entourent ce mouvement de foule sont devenues à ce point drastiques que les chrétiens arabes résidant de Jérusalem ne sont concrètement plus en mesure d’assister à la célébration.


(Jérusalem/ E.R – mab) – Les chrétiens de Jérusalem sont suspendus aux attendus de la Haute cour de justice israélienne sur la requête qui lui a été faite afin d’intervenir pour assouplir les mesures de sécurité qui entourent les trois jours les plus saints de la Semaine Sainte : appelés Triduum Pascal, soit cette année les vendredi 18, samedi 19 et dimanche 20 avril.

En effet, depuis 2006 les mesures mises en place par la police israélienne pour assurer la sécurité des fidèles, lors des célébrations et des mouvements de foules qu’elles occasionnent, sont toujours plus lourdes et en 2013 sont devenues à ce point drastiques qu’elles empêchent concrètement les résidants chrétiens de la ville sainte, y compris du minuscule quartier chrétien qui borde la basilique du Saint Sépulcre, de se rendre dans leurs lieux de culte pour les célébrations.

Déjà, depuis 2002 et la construction du mur de séparation, la législation israélienne interdit aux palestiniens  des Territoires palestiniens  – parmi lesquels les chrétiens –  l’accès à Jérusalem. La majorité des 47 000 chrétiens résidant en Cisjordanie ne pourront donc se rendre dans leur ville sainte pour les festivités de Pâques. La ville de Jérusalem étant  passée sous administration civile israélienne depuis 1967, l’octroi de permissions se fait rare. Qui plus est, une loi israélienne de 1980, est venue unilatéralement définir Jérusalem comme capitale de l’État israélien « éternelle et indivisible » mais aussi affirmer la légitimité de l’administration israélienne dans la gestion de tous les lieux saints et des droits des membres des différentes religions en présence. Ainsi, même les chrétiens de Jérusalem se verront interdire l’entrée au Saint Sépulcre pour Pâques. Raison invoquée par l’État israélien : la sécurité !

En effet, ce sont de 30 à 40 000 croyants orthodoxes qui espéreront atteindre le parvis du Saint Sépulcre spécialement pour la célébration du Feu sacré le samedi saint 19 avril quand l’église et le parvis ne peuvent en accueillirent et dans des conditions précaires que de 12 à 15 000.

Dans la tradition orthodoxe, chaque année, c’est Dieu lui-même qui fait jaillir du tombeau vide le feu sacré, signe de la résurrection de Jésus, le même feu qu’avait vu Pierre au matin de Pâques suivant Grégoire de Nysse et Jean Damascène. Ce miracle répété chaque année, a pris dans la foi orthodoxe une place prépondérante et chaque année les fidèles sont plus nombreux qui veulent y participer.

Jusqu’en 1967, les chrétiens du Moyen Orient (majoritairement orthodoxes) montaient de tout le Proche Orient pour participer aux fêtes de Pâques à Jérusalem. L’annexion de la ville et la fermeture des frontières avec les pays arabes limitrophes ont tari ce flot. Mais les chiffres du tourisme augmentant, ce sont d’autres fidèles qui se présentent. Depuis quelques années,  les slaves ont submergé le nombre des grecs et chypriotes. Avec la chute du mur de Berlin, et la dispensation de visa pour entrer en Israël, Russes, Roumains, Géorgiens, Serbes, Ukrainiens etc. se pressent aux portes de Jérusalem à l’occasion des fêtes.

Le Custode de Terre Sainte interrogé mercredi 9 avril explique : « Certes il faut de l’ordre mais ce qui a été fait l’an dernier était exagéré. Il faut de l’ordre mais aussi de la liberté de mouvement ». Il fait allusion aux mesures de type barrages, barricades, contrôles et filtrages à tous les coins de rues de la vieille ville comme à l’entrée du Saint Sépulcre, et à la fermeture des Portes Neuve, de Jaffa, Sion.

C’est ce que la pétition, déposée en février à la Haute Cour de Justice israélienne, dénonce. Elle demande à ce que soient atténuées les restrictions de circulation et donnée la priorité aux chrétiens locaux devant les touristes dans l’accès aux lieux saints. Il a été également demandé que le personnel de sécurité armé ne soit pas autorisé à entrer dans le Saint Sépulcre. Les chefs des cinq Églises orthodoxes orientales et le Custode de Terre Sainte au nom de l’Église catholique se sont joints au mouvement de protestation. L’État israélien a déjà fait savoir que la Haute Cour n’a aucune raison d’intervenir dans des considérations de police locale. Pourtant, le juge Noam Solberg a décidé de soumettre à un panel de trois juges la décision.

Face à, ce que l’on n’espère pas être, une tentative d’effacement du caractère arabe chrétien de la ville de Jérusalem; l’association française Aide à l’Église en Détresse (AED) avait elle aussi lancé en mars dernier une pétition  adressée au Pape François et au Patriarche latin de Jérusalem, afin de soutenir les chrétiens palestiniens dans leur juste combat pour accéder à leurs lieux de culte.