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Sur les rives du Jourdain, une nouvelle étreinte entre les pauvres et le pape François se prépare

Carlo Giorgi, inviato
26 avril 2014
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C’est à Béthanie, au-delà du Jourdain, que le pape François a choisi d’aller embrasser les plus humbles et les plus petits, lors de son pèlerinage en Jordanie. Le 24 mai prochain, dans l'église latine, encore inachevée, du Baptême de Jésus, Bergoglio rencontrera 450 personnes, parmi lesquelles des réfugiés syriens et irakiens, des familles pauvres, des orphelins et des handicapés. En voici un aperçu.


(Amman) – C’est à Béthanie, au-delà du Jourdain que le pape François a choisi d’aller embrasser les plus humbles et les plus petits, lors de son pèlerinage en Jordanie. Le 24 mai prochain, dans l’église latine encore inachevée du Baptême de Jésus (appartenant au Patriarcat latin de Jérusalem), Bergoglio rencontrera 450 personnes, parmi lesquelles des réfugiés syriens et irakiens, des familles pauvres, des orphelins et des handicapés. En particulier des enfants. De l’église, il se rendra ensuite sur la rive opposée du Jourdain, où – comme le fit son prédécesseur, le pape Paul VI, en 1964 – il s’arrêtera pour un temps de prière.

Actuellement, l’église ressemble à un chantier de construction. Si le bâti est achevé, à l’intérieur tout reste encore à faire. Il n’y a aucun vitrail, pas encore d’autel, les échafaudages de bois recouvrent les murs et des sacs de ciment ​​sont encore étalés sur le sol.

Les Catholiques de Jordanie ont un lien particulier avec le site du Baptême. Jean-Baptiste est leur saint patron, et en Janvier, à l’occasion de la commémoration du baptême de Jésus, des milliers de fidèles affluent vers Béthanie, au-delà du Jourdain. Le 10 Janvier, le patriarche de Jérusalem, Mgr. Fouad Twal, s’y est rendu pour célébrer ce jour de fête, en compagnie de milliers de fidèles venus non seulement de Jordanie, mais aussi d’Irak, de Syrie, de Palestine et du Liban. Une célébration particulièrement symbolique, le pape François ayant annoncé au monde entier, quelques jours plus tôt, le 5 janvier, sa visite en Terre Sainte. Et c’est précisément là, à Béthanie, face à cette église en construction, que Mgr. Fouad Twal a exprimé son espoir de voir le pèlerinage du pape se transformer en une « invocation de paix », en particulier pour Israël et la Palestine.

«C’est la deuxième année que le patriarche Twal célèbre la fête du Baptême du Seigneur dans l’église encore inachevée – raconte Charles Glain, architecte français, directeur du chantier – . Ici, les gens attendent avec impatience la consécration de cette église, parce que ce site est véritablement significatif pour eux ».

Une fois terminée, l’église du Baptême de Jésus pourrait devenir l’une des destinations les plus visitées en Terre Sainte, au moins par le circuit de pèlerins catholiques et par les fidèles locaux. L’église devrait pouvoir accueillir environ un millier de fidèles, et la grande place en face du cloître au moins deux mille. De part et d’autre du transept ont été construits deux monastères, réservés à deux communautés, l’une masculine et l’autre féminine. Il s’agit de la Congrégation du Verbe incarné. Chaque monastère a été conçu de manière à pouvoir accueillir une trentaine de retraitants. L’abside de l’église n’est qu’à environ 30 m du Jourdain. Derrière l’abside, à l’extérieur, de grands fonts baptismaux reliés à la rivière par un petit canal ont été construits pour des célébrations communautaires. À quelques pas de l’église, un grand centre dédié à l’accueil des pèlerins est en cours de réalisation ; on y trouvera un restaurant, un théâtre, un musée, des boutiques de souvenirs (cliquez ici pour une vidéo d’animation qui explique le projet).

Malheureusement, en raison du manque de financement, il n’est pas encore possible de prédire quand l’église sera terminée. Oussama Madanat, directeur général de la chaîne Al Dawliyah for Hotels and Malls P.L.C., qui suit les travaux, explique que «le coût total du projet est d’environ 10 à 12 millions de dollars (entre 7 et 9 millions d’euros), dont la moitié a déjà été dépensée. Au départ, nous pensions que le projet aurait pu attirer des mécènes du monde entier ; le patriarcat a payé une partie des frais. Nadim Muasher, propriétaire de Al Dawliyah, à qui nous devons l’idée originale de l’église et qui a toujours voulu être en mesure de la réaliser, avec sa famille et ses entreprises, représentent quelque chose comme 3 millions de dinars jordaniens (environ 4,5 millions de dollars ou 3 millions d’euros). Nous espérons que, grâce à la visite du pape, nous pourrons obtenir le financement nécessaire pour terminer ce projet. Chaque don est le bienvenu».

L’Église latine du Baptême de Jésus n’est pas le seul projet de construction en cours sur les rives du Jourdain à Béthanie : en effet, juste à côté, un grand édifice de l’Église orthodoxe russe a commencé à être élevé, au cours des dernières années. Il se distingue par ses dômes dorés en forme d’oignon. Non loin de là, on peut également apercevoir les chantiers de construction d’une église arménienne et d’une église copte.

 

Le site du baptême de Jésus

une ressource pour la Jordanie

La zone connue comme étant la Béthanie d’au-delà du Jourdain – également appelée Wadi al-Kharrar, ou encore site du Baptême (de Jésus) – est un parc national du Royaume de Jordanie. La gestion de cette ressource est affectée à un comité spécial, présidé par le prince Ghazi bin Muhammad, qui en plus d’être un membre de la famille royale est également conseiller du roi Abdallah II au ministère des Affaires culturelles et religieuses.

Le parc a été créé afin de préserver le lieu tel qu’il était à l’époque de Jésus, mais aussi pour en faire une destination phare pour les pèlerins en provenance du monde entier. En d’autres termes, le site est considéré comme l’une des ressources nationales les plus importantes pour le secteur du tourisme.

À la lumière de ces aspects, il y a environ dix ans, le roi hachémite a décidé d’offrir gratuitement à diverses confessions chrétiennes des parcelles de terrain du parc, afin d’y construire de nouveaux édifices religieux (sanctuaires, monastères, maisons d’hospitalité pour les pèlerins). Chacun des bénéficiaires doit construire ses installations à ses propres frais ou trouver le financement nécessaire.

Une fois le projet porté à son terme, le parc devrait être comprendre une douzaine de nouveaux lieux de culte.