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Dimanche à Bethléem, l’affaire de Crémisan s’invite à la table du pape

Giuseppe Caffulli, depuis Jérusalem
24 mai 2014
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Dimanche à Bethléem, l’affaire de Crémisan s’invite à la table du pape
Fidèles et journalistes pendant la messe célébrée le 23 mai par le Père Ibrahim Shomali parmi les oliviers de Cremisan. (photo G. Caffulli)

Crémisan est une vallée qui s'ouvre derrière la colline de Beit Jala, près de Bethléem. Une oasis de verdure qui depuis plusieurs années fait  l'objet d'une bataille juridique dont la résonance s’étend au-delà de la Terre Sainte. Lors de la visite du pape à Bethléem, cette affaire ne manquera pas d’être soulignée par les membres des Églises locales ainsi que par des membres d’organisations pour les droits humains.


Crémisan est une vallée qui s’ouvre derrière la colline de Beit Jala, près de Bethléem. Une oasis de verdure et de paix également célèbre pour son vin que les pères salésiens produisent depuis plusieurs décennies. Pendant quelques temps, la région fait l’objet d’une bataille juridique dont la résonance s’étend au-delà de la Terre Sainte. Lors de la visite du pape à Bethléem, cette affaire ne manquera pas d’être soulignée par les membres des Églises locales ainsi que par des membres d’organisations pour les droits humains.

Pour attirer davantage l’attention des médias internationaux sur la question, dans l’après midi du 23 mai, le père Ibrahim Shomali, de la paroisse de Beit Jala, a tenu une singulière conférence de presse, en marge d’une messe célébrée en plein air sur un terrain situé non loin de la maison des religieux salésiens. À cette conférence ont participé quelques familles qui déjeuneront dimanche avec le pape François à la Casa Nova, maison d’hôtes franciscaine.

« Nous espérons – a déclaré Abouna Ibrahim – que le Saint-Père, bien informé de notre situation, se prononcera sur le sujet. Nous ne pouvons pas laisser s’accomplir ce véritable gâchis, cette grave injustice faite à de nombreuses familles chrétiennes qui vivent dans cette zone».

Pour rendre le message plus explicite encore, le prêtre a fait réaliser différentes affiches qui ont été placardées dans les rues de Bethléem, et sur lesquelles on peut lire en espagnol : « Nous exigeons la justice pour la Palestine ».

« Pour nous, il est essentiel de défendre cette terre – a déclaré le prêtre – . Si le tracé du mur de séparation – qui s’élance dorénavant du haut de la colline – se réalise comme prévu,  toute la vallée ainsi que les terrains de nombreuses familles se retrouveront de l’autre côté de la barrière. Or, si l’un d’entre nous perd sa terre, il ne lui reste plus beaucoup d’autres choix que celui de l’émigration ».

L’histoire de Crémisan remonte à plusieurs années et se retrouve maintenant entre les mains de la justice israélienne, vers laquelle se sont tournées les institutions religieuses et les familles de Beit Jala (sous l’égide de la Société de Saint-Yves, une organisation catholique pour les droits humains rattachée au Patriarcat latin de Jérusalem). La Haute Cour d’Israël a récemment stoppé la construction du mur de séparation par principe de précaution, en demandant aux autorités d’examiner la demande d’un nouveau tracé qui ne compromettrait pas les terrains des 58 familles du Crémisan.

« L’affaire ne sera close qu’après jugement définitif. La décision du tribunal est une indication qui montre la faiblesse des raisons invoquées par le ministère israélien compétent. Nous gardons évidemment espoir », a déclaré l’avocat Zvi Avni, représentant judiciaire de la congrégation salésienne. Une nouvelle audience devant la Haute Cour a été fixée au 30 Juillet de l’année prochaine, mais en attendant, la manifestation pacifique des habitants du Crémisan, dirigée par le prêtre, ne s’essouffle pas.

«Les familles qui participeront au déjeuner du pape dimanche à Bethléem – a déclaré Abouna Ibrahim – espèrent avoir la chance de pouvoir exposer au Saint-Père les raisons de notre combat. Mais en attendant, je suis ici, parmi ces vignobles et ces oliveraies, priant pour que la visite du pape soit couronnée succès. Et j’invoque la justice et la paix du Seigneur pour cette terre troublée ».