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Déplacement des populations bédouines : l’ONU hausse le ton

Terrasanta.net
23 septembre 2014
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Déplacement des populations bédouines : l’ONU hausse le ton
Jeune bédouin à l'horizon de Maalé Adumin © CTS/MAB

L’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East, la branche de l’ONU en charge des réfugiés en Palestine) a condamné avec force les plans israéliens de déplacement de populations bédouines. Un appel à la communauté internationale est lancé.


(Jérusalem/n.k.) La tension était tangible depuis quelques semaines. Fin août dernier, l’Administration civile israélienne (l’organe gouvernemental en charge des Territoires occupés) avait publié plusieurs plans de relocalisation des populations bédouines.

Ces plans concernent principalement les communautés des environs de Jérusalem-Est et de Ma’alé Adumim (une des plus grandes colonies israéliennes). L’Etat d’Israël a la volonté de transférer ces populations nomades plus au Nord, dans les environs de Jéricho.

Dès la publication de ces plans, des voix se sont élevées pour dénoncer le procédé. L’association B’tselem (ONG israélienne engagée contre la colonisation) pointe deux problèmes majeurs. D’une part, l’absence de prise en compte des besoins des populations bédouines : « Les plans ont été réalisés sans aucune consultation des résidents, qui n’ont donc pas pu présenter d’objections ou exprimer leurs besoins » note un article de cette ONG. Elle dénonce également le risque de destruction de la culture bédouine : Israël prévoit en effet d’installer les bédouins dans des logements « en dur », à l’opposé de leurs traditions nomades. « La nouvelle implantation serait encerclée de tous côtés par une zone de tir, des colonies et un checkpoint militaire, ce qui laisserait les habitants sans champs pour le pâturage. Sans oublier que les plans forceraient différentes communautés à vivre côte à côte, en opposition aux pratiques traditionnelles » précise encore l’association.

D’autre part, beaucoup craignent que l’Etat hébreu se serve de ce déplacement de population pour transformer l’actuel lieu d’habitation des bédouins en une nouvelle colonie. Il existe en effet un rêve ancien de relier Jérusalem-Est (annexée par Israël en 1967) à la colonie (illégale selon le droit international) de Ma’alé Adumim. Projet pour le moment irréalisable à cause de la présence bédouine. C’est peut-être un des derniers remparts contre le grignotage de la Cisjordanie, morcelée par les colonies.

Toute cette confusion a débouché dimanche 21 septembre à un rappel à l’ordre clair des Nations Unies : « Si ce plan était mis à exécution, il renforcerait les craintes d’un transfert forcé », s’est inquiété le responsable de l’UNRWA Pierre Krahenbühl dans un communiqué. « Cela pourrait aussi ouvrir la voie à l’expansion des colonies israéliennes illégales et compromettre un peu plus une solution à deux Etats. J’appelle les autorités à ne pas procéder à ces transferts et les donateurs et la communauté internationale à se prononcer clairement contre ». Le communiqué rappelle également l’absence de coordination avec les populations concernées.

Cette condamnation sans appel intervient alors que doit s’ouvrir lundi 22 septembre à New-York une réunion sur l’aide internationale à apporter aux Palestiniens.

Les autorités israéliennes n’ont pas encore officiellement réagi. Les seuls échos proviennent du quotidien israélien Haaretz, dans lequel on apprend que des officiers supérieurs démentiraient l’absence de négociations avec les Bédouins. Selon ces officiers, une douzaine de rencontres ont eu lieu avec les responsables de tribus.

Si ce transfert devait finalement aboutir, environ 12 500 bédouins seraient concernés (selon le journal Haaretz). Ce ne serait qu’un nouvel exode pour ce peuple qui a déjà connu le départ du désert du Néguev, les expulsions après la guerre de 1948, et l’occupation de la Cisjordanie en 1967.

Reste à voir si Israël suivra ou non les avertissements de la communauté internationale.

En décembre dernier, sous la pression, Israël avait du surseoir au plan Prawer-Begin de « relocalisation » forcée des Bédouins du Néguev dans des villes créées par l’État, sans en jamais abandonner totalement l’idée.