Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Israël stoppe la construction d’une nouvelle rampe d’accès à l’esplanade des mosquées

Terresainte.net
5 septembre 2014
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable

L’Etat hébreu a décidé de bloquer la construction illégale d’un nouveau pont reliant le Mur des lamentations et l’esplanade des mosquées.


(Jérusalem/n.k.) – Lieu de toutes les tensions à Jérusalem, le site de l’ancien Temple d’Hérode (détruit en 70 ap. J.-C. par l’Empereur Titus) a encore fait parler de lui.

Pour le judaïsme, comme pour l’islam cet espace est sacré. Le Temple (détruit une première fois en 587 av. J.-C.) abritait l’Arche d’alliance, contenant les tables de la Loi. Quant à l’esplanade des mosquées, elle regroupe la mosquée d’al-Aqsa, citée dans le Coran, et le dôme du Rocher, d’où Mahomet se serait élevé vers les cieux sur sa monture.

La proximité de ces deux lieux a amené d’inévitables tensions entre juifs et musulmans depuis l’annexion de Jérusalem-Est par Israël en 1967. Pour les non-musulmans, l’unique point d’entrée de l’esplanade des mosquées est un pont partant du Kotel (voir photo).  C’est ce moyen d’accès qui fait actuellement parler de lui. En effet, la consolidation de cet ouvrage est un projet qui s’éternise, tant il est difficile de modifier le statu quo précaire régnant dans cette partie de la Vieille-ville. Un équilibre avait été trouvé en 1967 avec la Jordanie pour lui confier la garde de l’esplanade des mosquées (confirmant ainsi un accord tacite de 1924). C’est donc aujourd’hui le waqf (autorité religieuse musulmane) sous autorité jordanienne qui gère le lieu saint. La rampe d’accès à l’esplanade comporte par conséquent une dimension diplomatique et stratégique qu’il est difficile de modifier.

En 2004, de fortes pluies ainsi qu’un mini tremblement de terre ont fait s’écrouler la rampe préexistante. Une rampe provisoire dut être installée (c’est cette rampe qui est actuellement utilisée par les non-musulmans), dans l’attente d’en construire une plus solide. Les musulmans, par crainte d’une atteinte à leurs lieux saints, firent avorter une réfection en 2007. Nouvelles tensions en 2011, lorsque la municipalité de Jérusalem décida de fermer la rampe d’accès pour des questions de sécurité, avant de la rouvrir quelques jours plus tard face au tollé suscité. 

Pour couronner le tout, Israël a décidé en 2004 de lancer des fouilles archéologiques aux abords des remparts, ce qui n’a pas servi à apaiser les tensions.

Il y a deux semaines, l’Autorité d’Antiquités d’Israël (IAA) et la Fondation pour l’héritage du Mur occidental (WWHF) ont décidé de construire un nouveau pont, dans le but de remplacer celui, provisoire, de 2004. Le 3 septembre dernier, le gouvernement israélien a fait savoir qu’il ordonnait le « démantèlement » de ce nouveau pont, au vu de « l’absence de coordination et d’accord du Premier ministre » (communiqué officiel).

Cette réaction rapide est en partie due aux pressions exercées par la Jordanie, soucieuse de conserver un climat apaisé dans cet espace dont elle a la charge. On peut y voir également le pendant d’un contrat récemment signé, faisant de l’Etat hébreu l’un de ses principaux fournisseurs en gaz. Il semblerait aussi, de source officielle mais anonyme, qu’Israël cherche à ne pas provoquer de nouvelles tensions diplomatiques à la suite d’un été particulièrement compliqué.

Reste que l’esplanade des mosquées demeure un lieu de tensions, en témoigne notamment l’augmentation des visites de juifs orthodoxes, venant prier ostensiblement, protégés par une forte escorte armée. L’avenir n’est guère plus rassurant, à l’heure où des religieux radicaux appellent à la destruction de l’esplanade des mosquées dans le but de construire le troisième Temple de Jérusalem.