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En Arabie Saoudite et en Jordanie le djihadisme fait aussi des adeptes

Terrasanta.net
6 septembre 2014
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Le fondamentalisme se diffuse tel un virus au Moyen-Orient: les terroristes de l'Etat islamique semblent désormais enracinés en Arabie saoudite et en Jordanie. Dans les deux royaumes les autorités se mobilisent pour les contrer : actions de police et campagnes de prévention prennent place à l'intérieur comme à l'extérieur des mosquées.


(Cg) – Le fondamentalisme se diffuse tel un virus au Moyen-Orient: les terroristes de l’Etat islamique  semblent désormais enracinés en Arabie saoudite et en Jordanie. Le 2 Septembre, le ministère saoudien de l’Intérieur a reconnu l’arrestation de 88 personnes (dont plus de la moitié sont des citoyens du royaume) soupçonnées de préparer des attentats terroristes sur le sol national et à l’étranger. L’Arabie Saoudite a toujours contribué – au moins en matière de financement et de recrutement – au développement du fondamentalisme de l’Etat islamique que ce soit en Syrie (en soutenant les opposants au régime de Bachar al-Assad) ou en Irak (dans un élan anti-chiite). Mais elle découvre maintenant sa capitale, Riyad, infestée par le même virus qu’elle a contribué à alimenter à l’étranger.

Ce nouvel Etat islamique semble exercer une fascination sur la population saoudienne: le quotidien Saudi Gazette a publié mardi 2 septembre les résultats d’un sondage qui révèle que 76 % des saoudiens se déclarent «heureux qu’une grande partie de l’Irak soit maintenant  sous le contrôle de l’État islamique» et que 92% portent la conviction que « l’Etat islamique est une véritable organisation musulmane ».

Ces derniers jours, dans certaines grandes villes de l’Arabie Saoudite comme Jeddah et Sharourah (située au sud dans le désert près de la frontière avec le Yémen) de nombreux écrits à la gloire de l’État islamique ont été affichés au grand jour. La situation est grave, à tel point que le Sheikh Abdulaziz Al al-Cheikh – le Grand Mufti qui incarne la plus haute autorité religieuse du pays – a mis en garde les jeunes Saoudiens lors de la prière commune ce vendredi 5 septembre. Il les a exhortés à ne pas répondre à l’appel au djihad que lance l’Etat islamique, un état qu’il a défini d’ « ennemi public numéro 1 ». Beaucoup de jeunes Saoudiens continuent en effet de rejoindre les rangs des terroristes. Pour exemple, le terroriste qui s’est fait exploser dans un hôtel de luxe à Beyrouth à la fin du mois de juin était Saoudien. Récemment c’est l’histoire de Naser Al-Shayeq qui faisait la Une des quotidiens de Riyad, ce jeune Saoudien s’est enrôlé emportant avec lui ses deux fils, Ahmad et Abdullah, âgés de 10 et 11 ans. Depuis Naser a été choisi par ses supérieurs pour une mission suicide laissant les deux enfants orphelins.

La Jordanie également est menacée par l’infiltration des djihadistes de l’État islamique. Le 22 juin, dans la ville de Maan (dans le sud du pays près de Petra non loin de l’Arabie saoudite), une manifestation sans précédent fut organisée en faveur de l’État islamique. Les autorités jordaniennes sont immédiatement intervenues mais la protestation bien qu’épisodique est un marqueur fort du soutien populaire dont jouissent déjà les fondamentalistes.

Les troupes jordaniennes sont déployées depuis des mois sur la frontière avec l’Irak et la Syrie afin d’empêcher l’entrée illégale de terroristes sur son sol. Cependant, il semble que les militants et sympathisants de l’État islamique soient déjà entrés en Jordanie, cachés parmi les 615 000 réfugiés accueillis – selon les chiffres de l’ONU – par le royaume hachémite ces deux dernières années. Un grand nombre de ces personnes, la plupart logées dans des camps de réfugiés, sont éparpillées sur le sol jordanien et difficilement contrôlables. Cette présence qui pèse économiquement de plus en plus lourd sur le pays crée maintenant des tensions sociales. Pour contrer cette menace fondamentaliste, le roi Abdallah II travaille depuis  des mois sur plusieurs fronts: militairement mais aussi religieusement, veillant à ce que les prédications restent modérées et correctes.

Selon l’INEGMA, l’Institut d’Analyses militaires du Proche-Orient et des pays du Golfe, la  Jordanie prépare une campagne de communication et de prédication « alternative » à celle de l’Etat islamique et s’est entourée pour cela de deux grands noms de l’Islam contemporain. Le premier serait Abu Muhammad al-Maqdisi, prisonnier jordanien libéré à la mi-juin. Les écrits fondamentalistes d’Al-Maqdisi  auraient inspiré, au cours des dernières années, l’action d’Abou Moussab al-Zarqaoui, médecin égyptien et actuel chef d’Al-Qaïda. Le second appelé serait Abou Qatada. Après avoir résidé en Grande-Bretagne de nombreuses années, Abou Qatada a été rapatrié en Jordanie en juillet 2013. Accusé et incarcéré pour actes de terrorisme sur le sol jordanien en 1998, il a été acquitté et pourrait bientôt quitter sa cellule. Ces deux prédicateurs influents auraient gagné leur liberté en s’engageant à prêcher contre l’Etat islamique. 

Autre front de la lutte contre le terrorisme menée par le roi Abdallah : la présence tchétchène. En effet, le roi de Jordanie s’est envolé pour la Tchétchénie à la mi-juin pour échanger avec son homologue le président Ramzan Kadyrov. Les deux hommes ont discuté d’un certain nombre d’accords économiques et militaires. Plus précisément, les autorités tchétchènes se sont engagées à aider la Jordanie à la recherche et à la capture de terroristes tchétchènes qui se battent dans les rangs de l’État islamique. Une partie de l’armée jordanienne, notamment le bataillon anti-terrorisme 71, est composé de Circassiens, une minorité issue de descendants d’immigrés causasiens arrivés en Jordanie entre les XIXe et XXe siècles.