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Ahmed, et ces autres de Gaza, que la guerre a réduit en miettes

Carlo Giorgi
27 mars 2015
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Ahmed al-Sawaferi, palestinien en situation de handicap à Gaza, offre au monde chaque jour une belle leçon de de courage. Cette semaine, plusieurs journaux au Moyen-Orient ont relaté son histoire, symbole de dignité et de résistance du peuple palestinien. Découvrez la force bouleversante de ce jeune instituteur et père de famille qui entend bien continuer de vivre malgré l'amputation de ses deux jambes et d'un bras suite à une attaque de l'armée israelienne.


L’instituteur Ahmed al-Sawaferi, palestinien en situation de handicap à Gaza, offre au monde chaque jour une belle leçon de force et de courage. Plusieurs journaux au Moyen-Orient ont relaté son histoire, un symbole de dignité et de résistance du peuple palestinien. Ahmed a 25 ans, est marié et a deux enfants : Jana 4 ans et Moatassem 10 mois. Il enseigne à l’école Safad des Nations Unies à Zaytoun et en juin finira son cursus universitaire afin d’obtenir un diplôme d’Etudes islamiques. En 2008, lors d’une des opérations militaires qui s’abattait alors sur Gaza, Ahmed a été touché de plein fouet par un missile israélien. Il se rappelle comment sa vie a changé en une fraction de seconde: il avait 17 ans; il s’apprêtait à rentrer chez lui après l’étude, comme tous les garçons de son âge; une seconde plus tard, le missile détachait de son corps ses deux jambes et un bras.

Son histoire, dans la bande de Gaza, est malheureusement loin d’être un cas isolé. Selon le ministère palestinien de la Santé, lors de la dernière opération militaire en date – août 2014 -, 1134 personnes sont devenues handicapées en raison des blessures graves subies soit 10  % des 11 000 palestiniens blessés pendant ce conflit. Sur ces  1134 personnes porteuses de handicap,  833 ont plus de 18 ans; 301 restants sont mineures.

Selon les dernières données du Bureau central palestinien des statistiques, environ 113 000 personnes dans les Territoires palestiniens sont porteurs d’au moins une incapacité soit 2,7 % de la population (un pourcentage somme toute peu élevé si l’on considère qu’en Italie ce taux s’élève à 6,7 %). Sur les 113 000 handicapés palestiniens, 75 000 vivent en Cisjordanie tandis que les 38 000 autres sont dans la bande de Gaza. 48,4 % des personnes handicapées, comme Ahmed, ont des problèmes de mobilité. Plus d’un tiers (37,6 %) des personnes handicapées âgées de plus de 15 ans n’ont jamais été à l’école; et un cinquième ont dû quitter l’école à cause des complications dues à leur état. Et 87,3 % des plus de 15 ans ne travaillent pas (ce taux s’élève à 90,9 % dans la bande de Gaza). Plus d’un tiers (34,1 %) ne s’est  jamais marié.

En ce sens, l’histoire d’Ahmed – étudiant, enseignant, mari et père – est un symbole de rédemption. « Le message que j’adresse à toutes les personnes handicapées c’est de ne pas oublier la vie et de ne pas désespérer. Il n’y a pas de vie dans le désespoir et il ne devrait pas y avoir de désespoir dans la vie« , témoigne t-il. Ahmed enseigne précisément dans l’école où il a grandi petit garçon. Comme les autres enseignants, il accueille les étudiants au début des leçons, écrit sur le tableau noir et interroge ses élèves; il joue également au football avec les étudiants, en utilisant sa main, pendant l’heure de la récréation.

« Israël a pu m’amputer les jambes, mais ne m’amputera pas ma détermination et volonté de me relever – explique t-il -. Aujourd’hui, ma vie est pleine ».