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Derrière les bannières du Califat, la honte des enfants soldats

Carlo Giorgi
26 mars 2015
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Ils sont au moins 400 enfants, recrutés par l'État islamique en Syrie, depuis le début de l'année. Le chiffre a été diffusé par l'Observatoire syrien pour les droits de l'homme. Ces jeunes, tous âgés de moins de 18 ans, sont approchés à la sortie des écoles, des mosquées ou autres lieux publics où l'Etat islamique met en scène des meurtres ou punitions brutales sur ses victimes.


Ils sont au moins 400 enfants, recrutés par l’État islamique en Syrie, depuis le début de l’année. Le chiffre a été diffusé par l’Observatoire syrien pour les droits de l’homme, une organisation indépendante basée à Londres, qui compte sur son réseau local d’informations. Ces centaines de garçons et de fillettes seraient dénommés, par les extrémistes, les « chiots du califat. » Ils sont en effet destinés à une formation militaire et un endoctrinement bien rodé qui se base sur une interprétation stricte de l’Islam propre à l’Etat islamique.

Selon l’Observatoire, ces jeunes, tous âgés de moins de 18 ans, sont approchés à la sortie des écoles, des mosquées ou autres lieux publics où l’Etat islamique met en scène des meurtres ou punitions brutales sur ses victimes. Un de ces enfants est apparu dans une vidéo diffusée au début du mois de mars; sur les images il est vêtu en treillis de guerre, il se voit exécuter, d’une balle dans la tête, un homme à genoux accusé d’espionnage pour Israël. Selon un policier français qui l’aurait reconnu, se trouverait à côté du petit meurtrier un jeune homme qui pourrait être un frère (ou un cousin) de Mohamed Merah, le terroriste qui, en 2012 à Toulouse, avait tué trois soldats français, trois enfants juifs et un rabbin, et qui par la suite trouvait la mort dans une fusillade avec la police qui le poursuivait.

« Ils utilisent les enfants, car il est plus facile de leur laver le cerveau. Ils peuvent leur faire faire ce qu’ils veulent. Ils font tout pour que les enfants quittent l’école et commencent à fréquenter l’école de l’Etat islamique», a déclaré Rami Abdulrahman, directeur de l’Observatoire syrien pour les droits de l’homme.

L’éducation fondamentaliste des enfants est un enjeu important pour l’État islamique. Le 24 février, Al Arabiya a publié des nouvelles que la ville de Raqqa en Syrie, fief  de l’Etat islamique. Deux écoles ont été inaugurées, une pour les garçons et une pour les filles, dans lesquelles toutes les matières sauf la grammaire arabe et le Coran – sont enseignées en anglais. Les écoles sont conçues pour «former» les enfants âgés de 6 à 14 ans dont parmi eux les enfants des étrangers venus nombreux en Syrie. Le Califat encourage les parents à envoyer leurs enfants dans les camps d’entraînement et les enrôle même sans le consentement des parents contre une promesse d’argent, explique encore l’Observatoire. Dans les camps d’entrainement, les garçons apprennent à tirer, combattre dans les conflits armés et conduire des véhicules à moteur. Les enfants sont également recrutés comme espions ou gardiens des bases.

En mars, la Syrie est entrée dans sa cinquième année de conflit. Selon un groupe de 21 organisations non-gouvernementales qui ont publié le rapport Failing Syria (« La Syrie en faillite »), l’année 2014 a été la plus meurtrière avec 76 000 victimes sur un total de 210 000 décès sans parler de l’enveniment de la crise humanitaire que subit toute la population.

Le recrutement d’enfants en Syrie et en Irak par l’Etat islamique est un des aspects qui contribue à l’aggravation de la situation. Depuis sa proclamation en juin 2014, l’État islamique a décapité et tué des civils syriens, militaires, travailleurs humanitaires étrangers ou journalistes et publié des vidéos dans lesquelles les enfants participent à ces exécutions ou à diverses formes aux meurtres. Le groupe a peut-être décidé de faire appel aux enfants pour ses actions sanglantes car, paraît-il, il rencontrerait des réticences de la part des adultes (les nouvelles recrues pour ce début d’année ne seraient que de  120). Cette diminution est principalement due aux contrôles plus stricts à la frontière turque d’où arrivent généralement ces prétendus terroristes.