Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Vers une vision commune de l’Eglise

Frans Bouwen, m.afr.
26 mai 2015
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A Jérusalem, les contacts entre membres des différentes Églises sont fréquents et souvent chaleureux. Mais le chemin vers la pleine unité réclame un débat théologique et ecclésial plus profond. Ce débat avance et porte déjà de beaux fruits. Encore faut-il les connaître.

À Jérusalem, les représentants des diverses Églises se rencontrent régulièrement, en particulier pour les vœux de Noël et de Pâques. Il y a à Jérusalem pas moins de 13 Églises à structure épiscopale, sans compter les autres. Devant cette diversité, on se demande : où est la véritable Église du Christ ? Qu’est-ce qui rassemble ces Églises ? Qu’ont-elles en commun ? En fait, les questions ecclésiologiques, touchant les profondes différences entre les conceptions de l’Église dans les traditions catholique, orthodoxe et anglicane ou réformée, ont occupé une place centrale dans les études et les dialogues dès le début du mouvement œcuménique. Mais il faudra attendre les années 1990, pour qu’il soit jugé opportun d’entreprendre une étude œcuménique systématique sur l’Église dans le cadre de la Commission foi et constitution du Conseil œcuménique des Églises.

Après plusieurs étapes préparatoires, cette Commission a estimé l’étude suffisamment avancée pour publier, en 2013, un texte intitulé : L’Église : Vers une vision commune  (http://www.oikoumene.org/fr/resources/documents/commissions/faith-and-order/i-unity-the-church-and-its-mission) . Fruit de vingt ans de travail intensif, il est appelé “texte de convergence”, parce qu’il résume ce que les Églises peuvent aujourd’hui dire ensemble sur le mystère et la mission de l’Église.

Après une introduction, le texte développe quatre chapitres. Le premier (“La mission de Dieu et l’unité de l’Église”) situe l’Église dans le dessein salvifique de Dieu ; elle est appelée à proclamer l’Évangile dans les cultures et aux époques différentes. L’unité est une exigence vitale de cette mission. Le deuxième chapitre (“L’Église du Dieu trine”) résume les thèmes ecclésiologiques fondamentaux qui sont déjà communs aux Églises : l’Église comme communion ; Peuple de Dieu, Corps du Christ et Temple de l’Esprit ; l’Église une, sainte, catholique et apostolique ; l’Église, communion d’Églises locales. Le troisième (“L’Église – Croître en communion”) aborde les questions qui ont divisé les Églises par le passé. Il met en lumière les progrès réalisés ces dernières décennies dans trois domaines essentiels pour l’unité : la foi, les sacrements et le ministère, y compris les structures d’autorité. Pour chaque thème sont aussi relevés les problèmes qui se posent encore et demandent davantage d’étude, posant la question de voir si ces différences doivent être, pour les Églises, des raisons de rester divisées ou si elles sont conciliables dans la vision d’une unité dans la diversité. Le quatrième chapitre met l’accent sur les implications sociales du message chrétien, dans les domaines de la justice, de la paix et de la sauvegarde de la création en particulier.

Ce texte œcuménique a été envoyé à toutes les Églises, avec la demande instante non seulement d’y accorder une sérieuse considération, mais de fournir une réaction officielle indiquant les conclusions qu’elles peuvent en tirer pour la recherche de l’unité. Dans ce but, cinq questions leur sont posées, dont les deux plus significatives sont : Dans quelle mesure ce texte reflète-t-il la conception ecclésiologique de votre Église ? Dans quelle mesure votre Église est-elle en état de resserrer ses relations, dans la vie et la mission, avec les Églises qui reconnaissent la manière dont l’Église est présentée dans ce texte ? Les réponses sont attendues pour le 31 décembre 2015 au plus tard.

Qu’est-ce que cela signifie pour notre Église catholique ? Il est clair que ce texte n’exprime pas toute la doctrine catholique sur l’Église. Certaines questions importantes attendent encore une réponse, surtout celles du ministère ordonné, de l’épiscopat dans la succession apostolique et du ministère universel de l’évêque de Rome. Mais ces questions sont déjà abordées dans le texte et leur étude approfondie y est présentée comme urgente. En tout cas, si tous les catholiques – laïcs, prêtres et évêques – avaient conscience des richesses contenues dans ce texte et les vivaient réellement, ce serait un enrichissement immense pour tous. C’est pourquoi ce document ne peut laisser personne indifférent. Autorités ecclésiastiques, théologiens et fidèles doivent se sentir interpellés. Comment désormais regarder les Églises qui acceptent et vivent ces mêmes richesses, et que devons-nous en conséquence changer dans nos relations avec elles  ?

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