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Abbas enterre les accords d’Oslo

Terresainte.net
30 septembre 2015
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Le Président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a prononcé son discours mercredi à l'Assemblée générale des Nations Unies. Estimant qu’Israël ne remplit pas sa part des accords d’Oslo, M. Abbas a déclaré que la Palestine ne s’y sentait plus lié non plus.


(Jérusalem – n.h) – Le Président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a prononcé son discours mercredi à l’Assemblée générale des Nations Unies. Ces dernières semaines, de nombreuses spéculations circulaient sur la teneur de ses propos puisqu’il avait annoncé en septembre qu’il conclurait avec des « propos surprenants ».

S’exprimant dans un climat de fortes tensions à Jerusalem et dans les Territoires occupés au sujet de l’esplanade des Mosquées, le président de l’État de Palestine a déclaré qu’Israël transformait le conflit politique en un conflit religieux, et que le statu quo n’était plus tenable.“Jusqu’à quand Israël restera-t-il au-dessus du droit international et ne rendra pas de comptes?” a-t-il lancé. Le gouvernement israélien porte atteinte aux lieux saints de l’islam et du christianisme à Jérusalem, a affirmé Abbas appelant le gouvernement israélien à cesser et la communauté internationale à intervenir « avant qu’il ne soit trop tard.”

« Il est déraisonnable et douloureux – à la lumière des énormes sacrifices auxquels nous avons consentis, de notre patience au cours de toutes ces années d’exil et de souffrance et de notre acceptation de faire la paix d’après le principe de la solution à deux États sur la base du droit international, des résolutions pertinentes des Nations Unies, de l’Initiative de paix arabe et du Quatuor pour le Moyen-Orient – que la question de la Palestine reste injustement en suspens », a déclaré Abbas. Rappelant que la paralysie dans les négociations de paix et les échecs de médiations avec Israël rendaient cette occupation la plus longue depuis l’existence de l’Organisation des Nations Unies et de l’Histoire moderne.

Tout en rappelant les paroles de Yitzhak Rabin en 1976, qui comparait les idéologues colons à un « cancer », mettant en garde contre « l’apartheid », il a accusé Israël, le Premier ministre Israélien et ses ministres de saboter la solution à deux États prônée par les pays occidentaux impliqués dans le processus de paix, et aussi de violer sans cesse les accords et de soutenir une colonisation effrénée.

Dans ce contexte Mahmoud Abbas estima que tant qu’Israël ne respecterait pas les accords de paix signés avec la Palestine sur la mise en œuvre d’une solution à deux Etats, y compris les Accords d’Oslo de 1993 et les accords ultérieurs, en mettant notamment fin à sa politique de colonisation, son pays refuserait également de s’y conformer. « Nous déclarons donc que nous ne pouvons pas continuer à être liés par ces accords, et qu’Israël doit assumer toutes ses responsabilités en tant que puissance occupante « , conclut-il sans toutefois préciser les conséquences sur le terrain.

« La Palestine, qui bénéficie du statut d’Etat observateur aux Nations Unies, mérite d’être pleinement reconnue en tant qu’Etat membre à part entière », a enfin déclaré le Président palestinien.

Au programme était aussi prévue pour la première fois la levée du drapeau palestinien à New York (voir notre article Vatican et Palestine hisseront leurs drapeaux à l’ONU). Un geste symbolique salué par les dirigeants palestiniens comme une étape importante. Des milliers de Palestiniens se sont rassemblés dans les villes palestiniennes de Ramallah, Naplouse et Bethléem pour écouter le discours d’Abbas, et voir la cérémonie de lever du drapeau.

Avec la guerre en Syrie et en Iraq, le conflit israélo-palestinien ne fait plus partie des priorités des grandes puissances, et le discours d’Obama, tant critiqué, en témoigne qui ne l’a jamais mentionnée. Abbas a toutefois déclaré que malgré toutes les difficultés ses “mains restent tendues pour la paix » qui garantira aux Palestiniens tous leurs droits et la dignité. Il ajoutait que la paix était dans l’intérêt des Israéliens et des Palestiniens. “La Palestine est un lieu de sainteté et de paix […] Les Palestiniens veulent vivre dans la paix, la stabilité, et en harmonie avec les pays qui les entourent. Récemment deux saintes ont été canonisées, sainte Alphonsine Ghattas et sainte Myriam Baouardy, au Vatican, un pays qui reconnait l’État de Palestine. Notre espoir est de voir les pays qui ne l’ont pas encore fait le faire bientôt.”