Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Le pape François sur l’ile de Lesbos : compassion et action

Carlo Giorgi
12 avril 2016
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable
Le pape François sur l’ile de Lesbos : compassion et action
Frère John Luke Gregory avec des réfugiés durant l'été 2015

Samedi 16 avril François se rendra sur l’ile grecque de Lesbos accompagné du Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée, afin de rencontrer les réfugiés. Le frère John Luke Gregory nous informe.


« En venant à Lesbos en cette fin de semaine, le pape nous montre le chemin : apporter concrètement la miséricorde aux autres ». Père John Luke Gregory, frère de la Custodie de Terre Sainte, exerce son ministère depuis 2004 dans les îles grecques de Rhodes et de Kos, situées à quelques dizaines de kilomètres de Lesbos. Des îles qui, comme Rhodes, ont vu l’affluence des réfugiés et des migrants tentant de rejoindre l’Europe. Elles assistent impuissantes aux naufrages en mer Egée et c’est justement pour rappeler au monde cette tragédie que le pape François se rendra à Lesbos samedi prochain. Il sera en compagnie du Patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée, et de l’archevêque orthodoxe d’Athènes et de toute la Grèce, Hieronymus II.

« Je dis toujours à mes paroissiens – continue encore John Luke – que ce nous dit le Pape c’est de mettre la compassion en action …. Il est bien trop facile de se contenter de dire Kyrie Eleison, Seigneur, prends pitié ».

Père John Luke, quelle est la situation des îles de Rhodes et de Kos, aujourd’hui ?

Depuis quelques mois maintenant, il y a beaucoup moins de réfugiés. Tous ceux qui sont interceptés par les gardes côtes en mer sont emmenés vers deux autres îles, Kastellorizo ​​(minuscule îlot grec doté d’un aéroport, très proche de la côte turque et situé à l’est de Rhodes – ndlr) et Leros (au nord de Rhodes, toujours près de la côte turque – ndlr). Ainsi que ce soit Rhodes ou Kos, nous n’avons désormais pas plus de 50 réfugiés, mais par conséquent, leur condition s’est aggravée.

Mais pourquoi ?

D’une part en raison du voyage : les réfugiés – bien que connaissant l’accord entre l’Europe et la Turquie et donc la possibilité d’être reconduits en Turquie – essayent encore d’atteindre les îles grecques. Pour ne pas être attrapés par les gardes côtes ils voyagent de nuit, et s’ils arrivent aux îles, ils n’accostent pas au port mais sur la côte, à la dérobée. Ces derniers mois, la mer était très agitée. Et les contrebandiers, pour persuader les réfugiés d’entreprendre les traversées, ont même réduit le prix du transport de 1000 à 800 dollars.

Que se passe-t-il quand ils parviennent à terre ?

Ils se cachent. Si bien que, pour les aider, nous devons prendre la voiture et aller les chercher. S’ils sont pris par la police ils sont transférés à Kastellorizo ​​et Leros, les îles mentionnées auparavant. Pourtant très prochainement à Kos – au centre de l’île, dans le village de Pili – sera prêt un centre pour les réfugiés. Une structure qui pourra accueillir 800 personnes, équipée de bureaux externes pour la vérification des documents. Il a effectivement été conçu pour la réception mais suite à l’accord entre l’Europe et la Turquie il est devenu centre de détention, avec du fil de fer barbelé tout autour, et duquel vous ne pouvez pas sortir.

Qu’arrive-t-il à ceux qui sont renvoyés en Turquie ?

Je suis très inquiet pour eux parce que personne ne sait vraiment ce qui les attend quand ils sont renvoyés : Y a-t-il des lieux pouvant les recevoir ? Et de quel genre ? Combien de temps pourront-ils rester ? Un mois ? Cinq mois ? Plus ? Seront-ils renvoyés en Syrie ? Ils ont tout abandonné pour venir ici… Vers quel avenir renvoyons en particulier les enfants ?

Comment les résidents des îles vivent-ils cette situation ?

Je crois que beaucoup de Grecs nourrissent des craintes notamment pour le secteur du tourisme. L’arrivée des réfugiés, en effet, compromet le tourisme, en particulier dans le cas de Kos où il est la seule ressource qui permette à la population de vivre. La crise économique se fait sentir : il y a deux ans, nous avions 25 familles qui se rendaient à notre monastère pour prendre des paquets de nourriture ; aujourd’hui nous en comptons 109, dont la plupart sont des familles grecques. Aider tout le monde est difficile et je veux lancer un appel : nous avons besoin d’aliments de longue conservation, du riz, des lentilles, des biscuits, du thon, des sardines… mais aussi du shampoing et du dentifrice pour l’hygiène personnelle la plus élémentaire.

Vous pouvez soutenir l’action du frère John Luke au travers de l’ATS Pro Terra Sancta, l’ONG de la Custodie de Terre Sainte, en indiquant que vous souhaitez effectuer un don en faveur de Rhodes.