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Les ballons du camp de Bourj Al Shamali

Terresainte.net
10 novembre 2016
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Les habitants du camp Bourj Al Shamali, au Liban, cartographient leur camp pour planifier et plaider en faveur d'initiatives d'améliorations futures. Un projet rendu possible grâce au financement participatif.


(Jérusalem/n.h.) – Bourj Al Shamali fut ouvert comme camp provisoire pour les réfugiés palestiniens en 1948. Près de 70 ans plus tard, plus de 23 000 réfugiés enregistrés, dont 50% ont moins de 18 ans, appellent ce camp de fortune leur « maison ».

Un groupe de jeunes du camp a commencé l’an dernier de le cartographier à l’aide de ballons. Ils ont ainsi capturé plus de détails que ce qui peut être trouvé sur Google. A partir de leurs clichés, ils ont réalisées les premières cartes, lesquelles ne sont pas accessibles au public.

Ce projet, ils l’avaient déjà conduit en faisant appel aux dons. Après un premier afflux de soutiens, le projet avait donc atteint son premier objectif. Mais les jeunes ont voulu aller plus loin et ont décidé de financer aussi des panneaux de signalisation et le premier jardin communautaire du camp.

La nouvelle campagne d’appel au financement participatif a été lancée afin de pouvoir diffuser leur carte du camp, tout en donnant à des réfugiés une chance de partager leurs expériences et leurs compétences avec le monde externe.

« Les résidents du camp connaissent très bien le camp, a déclaré Claudia Martinez Mansell, organisatrice de la campagne initiée sur la plateforme Kickstarter, de ce point de vue, cette carte ne les aidera pas. Je pense qu’elles seront utilisées beaucoup plus à des fins de plaidoyer », explique-t-elle. « En même temps, le camp s’organise. Visuellement, les cartes aideront à penser à certaines questions dans le camp en relisant l’espace en question.»

Pourquoi utiliser des ballons pour continuer plutôt qu’un drone ? «Notre réponse est simple : la cartographie au ballon aide à établir de meilleures relations avec les habitants de l’endroit que vous cartographiez.

Par ailleurs vous devez être visuellement présent sur la carte. Nous sommes dans beaucoup de nos photos! Et puis vous êtes lié au ballon par une sorte de cordon ombilical. »

Avec un grand ballon rouge les membres de la communauté sont interpellés et engage la conversation. Le ballon devient un événement, les gens parlent et l’intérêt se construit. L’aspect de basse technologie du ballon permet également une participation plus large des membres de la communauté, comme par exemple du professeur de physique qui a aidé à résoudre les problèmes de stabilité de la caméra ou le garagiste qui a essayé de réparer le ballon perforé. « Les ballons sont plus ludiques et poétiques, résume Mansell. Ils sont moins associés à la guerre aussi.»

Les caméras ont pris le ciel, aux commandes, sur la terre ferme, il y a une poignée d’obstacles. Des jeunes tirent sur les ballons et des étrangers au camp confisque la carte mémoire de l’appareil. Mais les efforts de l’équipe leur ont valu un soutien de toutes parts et une invitation à parler à l’Université d’Harvard.

« Cela a été vraiment émouvant pour moi», a déclaré l’organisatrice, en réaction aux invitations et encouragements de Kickstarter. « Beaucoup d’amis sont venus pour nous soutenir, j’ai été très touchée. Par ailleurs, c’est encourageant de voir des gens que vous ne connaissez pas venir soutenir le projet.

La campagne Kickstarter est close. Elle a recueillit € 15 000 – bien au-dessus de l’objectif de € 11 000. Avec cet argent, Bourj Al Shamali espère voir son premier espace vert public et finaliser ses cartes. Trois participants au projet voyageront aux États-Unis pour partager leurs histoires.