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Qui entoure le nouveau Président du Liban pour gouverner ?

Antoine Charpentier
14 décembre 2016
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Au Liban, on prend les mêmes et on recommence de nouvelles combinaisons. Petite démonstration de tectonique des plaques  en politique.


Le 31 octobre 2016, le Général Michel Aoun a été élu à la tête de l’Etat libanais suite à deux ans de vacance présidentielle. Face à la multitude des questions qui se posent sur la façon dont le nouveau Président libanais compte gouverner pour remettre le Liban sur pieds, le sortir de la grave crise politique et institutionnelle qu’il affronte actuellement, il convient de voir de qui le Président Aoun s’est entouré pour exercer ses fonctions présidentielles.

L’entourage proche du Président libanais demeure sa famille notamment ses filles – dont l’aînée est sa conseillère particulière – et ses gendres. Cela paraît logique, mais en même temps anormal pour une personnalité qui a toujours réfutée le féodalisme et la transmission politique des pères aux enfants.

Sur le plan national, le Président libanais est entouré de ses alliés notamment le Hezbollah et tous les composants de l’axe de la résistance au Liban.

Suite à son élection, le Président Michel Aoun a perdu des alliés comme l’ancien ministre Sleiman Frangié, tissant une alliance avec Samir Geagea[1]  son ennemi de tous les temps.

Samir Geagea, à l’instar de son allié Saad Hariri, ont admis la candidature de Michel Aoun au moment où l’axe de la résistance devient gagnant au Moyen-Orient, mais aussi au moment où l’Arabie Saoudite abandonne un bon nombre de ses alliés de la région dont Geagea et Hariri eux-mêmes.[2]

Samir Geagea, l’ancien ennemi du Président Aoun, a trouvé dans son alliance avec ce dernier, une forme de réhabilitation politique ainsi qu’une manière de blanchir son passé et son image.

L’entente de l’actuel Président libanais et de Samir Geagea demeure essentielle pour les militants de base favorisant plus de rapprochement.

Le Président libanais s’est aussi entouré de Saad Hariri, le nommant Premier Ministre en charge de former un nouveau gouvernement. Les conflits et les réconciliations ont jalonné la relation des deux hommes depuis 2005.[3] Ce fut le Général Aoun ainsi que ses alliés qui avaient poussé à la démission le premier gouvernement de Saad Hariri en janvier 2011.

Le Président Aoun a su s’imposer, aidé par ses alliances, mais surtout par sa clairvoyance et sa lecture universelle d’une politique mondiale actuellement en constante évolution, même si le scrutin a eu lieu dans des conditions pas tout à fait démocratiques, consistant à s’entendre sur le nom et la personne du Président et puis l’élire.

Certainement, l’actuel Président libanais peut être un lien entre les différents acteurs politiques au Liban, mais aussi au Moyen-Orient, sans beaucoup d’obstacles et de difficultés dont la preuve est la complexité actuelle de former un nouveau gouvernement.

Enfin, si les adversaires du Général Aoun se sont rendus à l’évidence trouvant un consensus pour l’élire, c’est aussi parce qu’ils n’avaient pas d’autres moyens pour le combattre.

 


[1] Samir Geagea ancien chef des Forces Libanaises, milices chrétiennes était aussi candidat à la présidence de la République. Il fait partie avec Saad Hariri de la coalition du 14 mars pro-saoudienne tandis que Michel Aoun appartient la coalition du 8 mars pro-iranienne.

 

[3] Année de l’assassinat de l’Ancien Premier Ministre Rafic Hariri, père de Saad Hariri. L’année 2005 est aussi l’année du retour du Général Michel Aoun au Liban après 15 ans d’exil en France.

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