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Tombeau de Jésus: inauguration mais pas fin des travaux

Marie-Armelle Beaulieu
18 mars 2017
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Tombeau de Jésus: inauguration mais pas fin des travaux
L'édicule sans béquilles mais toujours en travaux le 6 mars 2017 ©Nadim Asfour/CTS

A j-4 de la prière oecuménique à l'occasion de la fin des travaux sur le Tombeau de Jésus, le Saint-Siège annonce que le pape fait une donation pour la suite de la restauration.


(Jérusalem) – A quatre jours de la célébration œcuménique de rendu des travaux sur la tombe de Jésus, la basilique de la Résurrection résonne du son d’aspirateurs. De jour comme de nuit, les équipes de la professeure Moropoulou s’affairent aux derniers travaux sur l’édicule et autour. Tout doit être prêt pour mercredi 10 heures du matin, quand en grandes pompes les Eglises réunies en prières contempleront le résultats de 10 mois de travaux intensifs.

Aux premiers rangs de l’assemblée, on retrouvera les représentants des trois Eglises signataires de l’accord qui a permis d’entreprendre ces travaux : S.B. Theophilos III, patriarche grec-orthodoxe, Francesco Patton, Custode de Terre Sainte, S.B. Nourhan Manougian, patriarche arménien apostolique. A leurs côtés, Mgr Perbattista Pizzaballa. Aujourd’hui administrateur apostolique, c’est lui qui signa l’accord alors qu’il était encore Custode de Terre Sainte.

Bien sûr, tous les auxiliaires patriarcaux des Eglises du Saint-Sépulcre, Coptes, Syriaques et Ethiopiens seront là, ainsi que les représentants des autres confessions chrétiennes de Terre Sainte, mais des invités de marque devraient se joindre à la fête. En tout premier lieu, le patriarche de Constantinople Bartholomée Ier. La dernière fois qu’il s’est rendu à Jérusalem, c’était à l’occasion de la visite du pape François en 2014, suivant son prédécesseur Athénagoras de 50 ans. Sa présence en ce lieu et en ce jour traduit l’élan œcuménique que les Eglises ont voulu vivre à l’occasion des travaux. Il se murmure que le Saint-Siège devrait envoyer un représentant de haut rang.

On sait que Rome suit attentivement les avancées œcuméniques de terrain telles qu’elles se vivent ces dernières années au Moyen-Orient. Et s’agissant de Jérusalem, un communiqué de la Custodie a annoncé ce samedi que le pape avait fait une donation très substantielle aux travaux du Saint-Sépulcre et de la Nativité, en accordant une enveloppe d’un million de dollars pour les deux chantiers. Le communiqué de la Custodie de Terre Sainte précise même que l’enveloppe de 500 000 dollars allouée aux travaux du Saint-Sépulcre l’est pour les travaux à venir. En effet, à la veille de voir enfin l’édicule libéré de ses béquilles, il se confirme que les Eglises réfléchissent à l’accord qui les verrait ouvrir une seconde phase de travaux demandée par la professeure Moropoulou pour assurer la pérennité de la première phase.

L’édicule qui enserre ce qui reste du tombeau de Jésus comme un écrin a été consolidé, réparé, stabilisé, nettoyé mais les causes de sa fragilisation n’ont pas toutes été éliminées et spécifiquement pas la question de l’humidité chronique.

On le sait, la ville de Jérusalem est littéralement bâtie sur le roc. Ce que l’on sait moins, c’est qu’il pleut à Jérusalem autant qu’à Londres et que ces eaux, dès lors qu’elles ont rejoint le niveau du rocher, à défaut de pouvoir s’écouler soit stagnent soit remontent par capillarité ou s’évaporent engendrant un fort taux d’humidité dans toutes les habitations de la ville, basilique compris. Ajoutez à cela, les poches d’eau dans les sous-sols de l’édifice causées soit par les ruines d’édifices antérieurs, soit par l’écoulement de canalisation vieillissantes. Tous les ingrédients sont réunis pour que malgré les travaux réalisés sur l’édicule, l’eau et l’humidité reprennent leur lent mais très sur travail de sape.

En attendant, mercredi 22 mars, à 10 heures du matin, les rares invités présents ne bouderont pas leur plaisir. On peut ne pas aimer outre mesure le style baroque ottoman dans lequel a été construit l’édifice, on ne peut qu’admirer en revanche le résultat des travaux.

Au centre de la rotonde grisâtre, l’édicule se dresse fièrement, sans les lampes à huiles et autres décorations des Eglises (qui devraient être remises ultérieurement) il la fraîcheur du nouveau né. Il faut bien avouer que le changement est stupéfiant et vaut le détour. Les photos en témoigneront bientôt mais pour l’instant, les palissades qui entourent le site n’ont pas encore été retirées.

Encore quatre jours, la tension monte parmi les équipes qui se succèdent et la fébrilité augmente chez les photographes désireux de faire le plus beau cliché. Affaire à suivre.

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Sur le financement des travaux

Les travaux avaient été conclus sur la base d’un devis les estimant à 3,5 millions de dollars. Il n’a pas été révélé à la presse à ce jour si cette somme a été dépassée ou non.

Ils ont été financés par les trois principales confessions chrétiennes du Saint-Sépulcre : les Grecs orthodoxes, les Franciscains et les Arméniens. A leurs participations se sont ajoutés des financements publics du gouvernement grec et de bienfaiteurs privés. Le Fonds mondial pour les monuments (World Monuments Fund, WMF) a été un acteur majeur à la réunion des fonds nécessaires. 

Dans la région, le roi Abdallah II de Jordanie a fait une “makruma”, une donation royale de bienfaisance et l’autorité palestinienne n’a pas voulu être en reste qui a également participé.

La nouvelle phase de travaux a d’ores et déjà été estimée à un coût de six millions de dollars. Elle consistera à lever tout le pavement autour de l’édicule, à refaire toutes les canalisations, restaurer toutes les pierres de dallage ou leur en substituer de style identique, à consolider les fondations de l’édicule, à garantir la stabilité sismique de l’ensemble. Selon toute vraisemblance, ce travail devrait être également l’occasion de fouilles archéologiques. Elles s’inscriront dans la continuité des fouilles déjà réalisées par le père Virgilio Corboz ofm dans les années 1960.

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