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Les détenus palestiniens ont arrêté leur grève de la faim

Christophe Lafontaine
29 mai 2017
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Les détenus palestiniens ont arrêté leur grève de la faim
Femmes palestiniennes célébrant par le V de la victoire l'accord qui met un terme à la grève des prisonniers palestiniens ©Flash90

Des centaines de Palestiniens prisonniers en Israël étaient en grève de la faim depuis le 17 avril pour protester contre leurs conditions de détention. Après accord, ils ont cessé, il y a deux jours, leur mouvement.


La contestation aura duré 41 jours et 40 nuits. Plus de 800 Palestiniens détenus dans des prisons israéliennes ont arrêté leur grève de la faim entamée le 17 avril dernier. Annonce fut faite samedi 27 mai au matin – premier jour du Ramadan – après 20h de discussions dans la prison d’Ashkelon. Le mouvement a été observé en tout par 1578 « détenus de sécurité », majoritairement affiliés au Fatah. Parmi eux, 834 ont poursuivi jusqu’au bout. 

Cette grève de la faim avait pour motif officiel la dénonciation des conditions de détentions de l’administration pénitentiaire. Les prisonniers demandaient notamment des téléphones publics dans les prisons, des droits de visite élargis, l’accès à des chaînes télévisés, la climatisation, des soins médicaux décents et la fin des mises à l’isolement. La grève aura été la plus longue de toutes celles lancées auparavant. Les prisonniers palestiniens en Israël n’avaient pas mené de grève de la faim depuis 13 ans. Ce jeûne de protestation, s’est attiré ipso facto le soutien de l’opinion palestinienne.

Le mouvement a été  initié par Marwan Barghouti, le « Mandela palestinien » surnommé ainsi par ses partisans. C’est lui qui fut le leader de la seconde Intifada (soulèvement palestinien contre Israël entre 2000 et 2005).  Il a été condamné à perpétuité pour son implication dans des attentats. 

Un accord partiel

« Le mouvement a été suspendu à la suite d’un accord conclu entre les représentants des prisonniers et les autorités israéliennes », a indiqué le président du Club des prisonniers Qaddura Farès à l’AFP. Une porte-parole de l’administration pénitentiaire israélienne a, pour sa part, affirmé que l’accord avait été négocié avec le Comité International de la Croix Rouge (CICR) et l’Autorité palestinienne et non avec des représentants des grévistes. Ceci étant, les prisonniers pourront prétendre à deux visites par mois. L’accord prévoit que l’Autorité palestinienne finance la deuxième visite familiale mensuelle des prisonniers, a indiqué le Shin Bet dans un communiqué, qui précise au demeurant que deux visites étaient autorisées jusqu’à l’année dernière, avant de passer à une par mois. Quant aux autres revendications, nul ne sait encore si elles feront l’objet de négociations ultérieures. L’accord n’est donc que très partiel.

Son annonce est intervenue trois jours après que le président palestinien Mahmoud Abbas a demandé une médiation américaine sur ce dossier. Il avait rencontré jeudi dernier Jason Greenblatt, l’envoyé spécial de Donald Trump chargé d’organiser les négociations sur la paix dans la région. Mais, à ce stade, aucune intervention américaine dans les discussions n’a été officiellement confirmée.

Les Palestiniens ont très vite crié « victoire ». Ils sont parvenus à attirer l’attention mondiale – à l’approche du 50ème anniversaire de la Guerre des six jours, en juin – sur les conditions de détention des 6500 Palestiniens (du Fatah et du Hamas) incarcérés par Israël. La question des prisonniers est particulièrement délicate pour les Palestiniens : plus de 850 000 d’entre eux (sur une population de 4,5 millions dans les Territoires) ont été incarcéré depuis 1967. Pour autant, si la large majorité des prisonniers ne s’est pas jointe à la grève, Marwan Barghouthi, considéré comme le rival du président Abbas, aura réussi à renforcer son aura face à un Fatah qui essaie de l’isoler de l’opinion publique palestinienne et de l’attention des partisans du Fatah.

Bon nombre d’Israéliens, quant à eux, ont peu d’estime pour les revendications de ces détenus, qu’ils voient comme des terroristes. Il n’est cependant pas impossible toutefois qu’Israël, conscient que le début du Ramadan pouvait représenter un risque important de débordement, ait accepté cet accord. Pour mémoire, pendant ce mois saint pour les musulmans, des dizaines de milliers de Palestiniens reçoivent d’Israël une autorisation temporaire de visite à Jérusalem, pour se rendre à l’Esplanade des mosquées où se trouve la mosquée Al-Aqsa.

A noter qu’au même jour de l’accord du samedi 27 mai, s’est aussi tenue une importante manifestation à Tel Aviv qui a rassemblé entre 15 000 et 30 000  Israéliens favorables à une solution à deux Etats, israélien et palestinien. L’événement était organisé au Rabin Square par l’ONG israélienne « La Paix maintenant ». D’après un sondage de la chaîne israélienne Channel 2, publié vendredi 26 mai, 47 % des Israéliens interrogés se déclarent favorables à une solution à deux États basée sur les frontières de 1967.