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Jérusalem : fusillade mortelle dans la Vieille ville

Christophe Lafontaine
14 juillet 2017
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Jérusalem : fusillade mortelle dans la Vieille ville
Les autorités israéliennes ont fermé l'Esplanade des mosquées. (© Sliman Khader / Flash90)

Une fusillade a fait cinq morts dans les remparts de Jérusalem. C'est l'incident le plus sérieux de ces dernières années dans cette zone ultra-sensible. L’Esplanade des mosquées est fermée. La tension est à son comble.


C’est la première attaque d’une telle gravité à l’arme à feu, depuis des années dans la Vieille ville de Jérusalem. Trois assaillants d’origine arabe israélienne, armés de mitraillettes artisanales, ont ouvert le feu, vendredi 14 juillet, peu après 7 heures du matin sur des policiers israéliens près de la Porte des Lions. L’une des entrées de la Vieille ville de Jérusalem à l’Est. Les suspects (âgés entre 19 et 29 ans) n’avaient pas de passé criminel, selon le Shin Bet (service de sécurité intérieur), cité par le quotidien Haaretz. Ayant pris la fuite par l’esplanade des Mosquées, ils ont été rattrapés par les forces de sécurité israéliennes et abattus, selon la police. Il est fait état, côté israélien, de deux policiers tués ayant succombé à leurs blessures. Ces derniers étaient membres de la communauté druze.

Cette fusillade intervient alors que le mois dernier une jeune policière israélienne est morte dans une attaque commise à proximité de la porte de Damas, devant la Vieille ville.

« L’attaque d’aujourd’hui est un événement difficile et sévère, dans lequel les lignes rouges ont été franchies », a estimé le ministre de la sécurité intérieure, Gilad Erdan (dont les propos ont été rapportés par le quotidien français Le Monde).

Habituellement, les forces de l’ordre israéliennes ont pour doctrine de ne pas utiliser d’armes à feu sur l’esplanade des Mosquées, sauf cas exceptionnel et mise en danger de la vie de civils ou de leurs fonctionnaires. Preuve s’il en est de la gravité des faits aujourd’hui.

Le Grand mufti de Jérusalem interpelé par la police

En raison de ces tirs, la Vieille ville de Jérusalem a été entièrement bouclée par les forces de police, ce vendredi matin, a constaté un journaliste de l’AFP. Après des consultations avec des responsables de sécurité, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a décidé que l’Esplanade des Mosquées (désignée sous le nom de mont du Temple pour les juifs) « serait fermée aujourd’hui en raison de considérations de sécurité », selon un communiqué de ses services. La police a donc  indiqué que « les prières du vendredi ne s’y tiendraient pas ». Selon les médias israéliens, c’est la première fois depuis 2000, au moment de l’explosion de la deuxième intifada, que les prières du vendredi sont annulées sur l’Esplanade.

Il s’agit du troisième lieu saint de l’islam, où des milliers de musulmans se réunissent chaque semaine. En contrebas se trouve le Mur des Lamentations qui est le lieu le plus sacré du judaïsme. L’Esplanade des Mosquées est située à Jérusalem-Est annexée et occupée par Israël, ce qui en fait un lieu hautement symbolique et sensible.

Le Grand mufti palestinien de Jérusalem, Mohammad Hussein, en charge des lieux sacrés musulmans de la ville, a appelé les Palestiniens à dénoncer la fermeture de l’esplanade des Mosquées à la suite de l’attaque. Il a été interpellé par la police israélienne, a indiqué son fils.

Pour tenter d’éviter une escalade, selon l’agence palestinienne Wafa, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a condamné l’attaque meurtrière, lors d’une conversation téléphonique avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Ce genre d’entretien est rare depuis la suspension des négociations de paix en 2014. Mahmoud Abbas a en effet exprimé « son rejet de tout acte de violence, d’où qu’il vienne, particulièrement dans les lieux de cultes. » Selon le Times of Israel, le chef de l’Autorité palestinienne a également appelé Israël à annuler les mesures destinées à fermer la mosquée d’al-Aqsa aux fidèles qui se trouve sur l’Esplanade. Mettant en garde, rapporte le média israélien,  le Premier ministre Netanyahu sur les « répercussions de ces mesures ou sur leur exploitation par n’importe quel côté dans le but de changer le statut religieux et historique des lieux saints. » Le statu quo en vigueur depuis plusieurs décennies, selon lequel les juifs sont autorisés à visiter l’Esplanade mais pas à y prier, « sera préservé », a indiqué pour sa part Benjamin Netanyahu dans une tentative de rassurer les Palestiniens.

Depuis deux ans, Jérusalem a surtout connu des attaques à l’arme blanche qui inquiétaient les forces de l’ordre israéliennes. Ces 20 derniers mois ont été marqués par des agressions commises par des Palestiniens qui agissaient généralement seuls. Depuis octobre 2015, Israël et les Territoires palestiniens sont en proie à des violences qui ont causé la mort 326 personnes : 280 Palestiniens, 42 Israéliens, deux Américains, deux Jordaniens, un Érythréen, un Soudanais et une Britannique, selon un décompte de l’AFP. Un autre Palestinien de 18 ans a été tué vendredi par balles lors de heurts avec des soldats israéliens dans un camp de réfugiés en Cisjordanie occupée à Dheicheh près de Bethléem, a indiqué le ministère palestinien de la Santé. Cet incident, survenu tôt vendredi, ne semble pas lié à l’attaque dans la Vieille ville de Jérusalem et survient quarante-huit heures après que les troupes israéliennes ont tué par balles deux Palestiniens dans le cadre d’une opération menée dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie.