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La dignité de la vie au coeur d’un sommet vaticano-jordanien

Christophe Lafontaine
17 mai 2018
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La dignité de la vie au coeur d’un sommet vaticano-jordanien

Au terme d’un colloque interreligieux à Amman intitulé « religions et dignité de la vie », chrétiens et musulmans ont finalisé un communiqué le 12 mai 2018. Evoquant l’idée d’un code éthique à enseigner dans les écoles.


Ironie du sort. Quelques jours avant que Gaza ne pleure et saigne, il était question de dignité humaine et de respect de la vie non loin de là, dans la capitale jordanienne. Confronter les points de vue chrétien et musulman sur ces sujets a été l’ambition d’un colloque organisé la semaine dernière, du 9 au 10 mai, par l’Institut royal jordanien pour les affaires interreligieuses (RIIFS) et le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Cela fait une décennie (depuis 2009) que ce type de rencontre a lieu tous les deux ans. A tour de rôle soit à Rome soit à Amman. Outre la Jordanie, plusieurs pays ont participé à l’événement, à savoir le Pakistan, la Turquie, l’Egypte, l’Iran, l’Irak, le Liban, la Tunisie.

Les deux délégations (musulmane et catholique), toutes deux composées de douze participants et de trois observateurs, étaient menées respectivement par le prince El Hassan Bin Talal et Mgr Miguel Angel Ayuso Guixot, secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, basé à Rome. Il représentait le Président de ce conseil, à savoir le Cardinal Jean-Louis Tauran, qui n’a pas pu assister au Colloque, précise une déclaration finale commune aux deux délégations et publiée sur le site du Vatican, le 12 mai 2018

Le directeur du RIIFS, Majeda Omar, a déclaré au Jordan Times avant le colloque que la religion et la dignité humaine sont des sujets « importants » et interdépendants. Soulignant que le message fondamental de toutes les religions est de promouvoir les valeurs humaines. « Les conflits, la violence, en particulier ceux motivés par des raisons d’ordre religieux, le terrorisme, la traite des êtres humains et la crise environnementale font partie des nombreux défis et des nombreux dangers auxquels l’humanité est confrontée aujourd’hui », a déclaré Majed Omar. « Heureusement, poursuit le directeur du RIFS dans les colonnes du quotidien jordanien de langue anglaise, il est possible de contrer ces défis en sensibilisant le public à la nécessité d’une justice et d’une paix inspirées par la foi et la raison. »

D’où la rencontre interreligieuse initiée par les délégations du Vatican et de la Jordanie. Une rencontre qui s’est déroulée dans une atmosphère « amicale et ouverte, qui a favorisé un riche échange d’idées », indique le communiqué final signé  au terme du colloque par les représentants musulmans et les délégués du Saint-Siège.

L’être humain, sommet de la création

Les protagonistes du colloque reconnaissent que « la vie est un don de Dieu pour tous les membres de l’unique famille humaine; elle doit donc être protégée de sa conception à sa mort naturelle ». Et d’ajouter que « l’être humain est le sommet de la création, doté de dignité, de droits et de devoirs. C’est pourquoi chaque personne mérite le respect, l’amour et tous les moyens nécessaires pour mener une vie digne. »

« Il existe un lien étroit entre le respect de la dignité humaine et des droits, d’une part, et le progrès et la prospérité d’une nation, d’autre part », énonce encore la déclaration finale des deux délégations. A cet égard, « les migrants, réfugiés et victimes de la traite des êtres humains méritent une attention et des soins particuliers, afin de préserver leur vie et leur dignité. » Et ce, en considérant « le sens anthropologique de la souffrance », précisent les signataires.

De l’importance de l’éducation

Les deux délégations ont également évoqué l’importance que représente l’éducation des jeunes générations pour les sensibiliser au « respect de la création et de la dignité de la vie. » Elles ont convenu en ce sens de l’opportunité d’introduire, au sein des écoles, l’enseignement d’un code éthique, « à la lumière des phénomènes négatifs » présents dans les sociétés.
Au terme du colloque, les deux délégations ont signé un protocole d’accord, confirmant ainsi la volonté de poursuivre et d’institutionnaliser leur collaboration. Vieille de 10 ans.