Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Un combat est perdu quand on ment pour le défendre

Marie-Armelle Beaulieu
30 novembre 2018
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable
Un combat est perdu quand on ment pour le défendre
Arrestation musclée du moine copte Macarios sur le parvis du Saint-Sépulcre, 24 octobre 2018.

Vous voyez la photo ci-dessus ? Macarios, un moine copte, est en bien mauvaise posture entre les mains de policiers. En dépit des apparences, cette photo n’illustre pas l’oppression des forces israéliennes contre les chrétiens de ce pays. Quand cet événement est survenu, je me suis fendue d’un long article pour l’expliquer sur le site du magazine dans la rubrique Actualités (www.terresainte.net). En bref, les autorités israéliennes ont voulu aider deux Églises, la copte et l’éthiopienne, contre leur gré – ce qui est original – et l’Église copte a marqué son opposition en organisant un sit-in.
Tous les moines coptes assis devant une porte pour en interdire l’accès. Comme les Israéliens voulaient y faire entrer des ouvriers, la police est intervenue sans ménagement pour écarter les moines. Oui, l’usage de la force a été excessif et les Églises ont eu raison de le dénoncer. Ce n’est pas bien inspiré de la part de la police israélienne de déloger des religieux avec une telle brutalité sur le parvis du Saint-Sépulcre, devant des touristes et pèlerins hébétés et les Smartphones et appareils photos qui n’ont pas manqué d’immortaliser le moment.
Les images se sont répandues comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. La plupart des témoins étant bien en mal de leur donner une explication un tant soit peu documentée. Il a suffit de quelques heures avant que l’information ne soit détournée, déformée, tronquée. Et très vite sont apparus des montages photos illustrant d’un côté le Christ flagellé par les soldats romains et de l’autre le pauvre Macarios maintenu au sol par les policiers avec pour commentaire : “Les juifs ont tué le Christ il y a 2000 ans, aujourd’hui encore ils persécutent les chrétiens”.
Ô Seigneur ! Dieu sait si je lutte contre ma propre violence, mais là j’avais envie de gifler !
Non, non et non. Puisque le conflit entre les coptes et les éthiopiens a 200 ans, ça aurait aussi bien pu être la police jordanienne, ou la britannique, ou l’ottomane. N’importe quelle autorité de facto en place à Jérusalem devant un tel cas de figure aurait procédé de même, peu ou prou. Et sortir des propos et images antisémites éculés est d’une bassesse sans nom. Oh je sais bien que c’est à la mode de faire de la politique de caniveau, en traînant dans la boue des personnes avec lesquelles on n’est pas d’accord. Mais pour être à la mode, ça reste un péché inscrit dans le catéchisme de l’Église catholique (IIIe partie, IIe section, chap. 12, 8e commandement, III).
Combattre pour que soit fait justice aux Palestiniens oui. Mais, il n’y a pas de justice sans vérité et un combat est perdu quand on ment pour le défendre.

Dernière mise à jour: 04/03/2024 14:48