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Covid-19 en Terre Sainte, des exigences encore plus strictes

Terrasanta.net
15 mars 2020
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Covid-19 en Terre Sainte, des exigences encore plus strictes
Fidèles portant un masque dans la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem le 12 mars 2020. ©Yossi Zamir/Flash90

En Israël, les cas d'infection au Covid-19 ont triplé en une semaine. Le gouvernement a lancé de nouvelles mesures, y compris la suspension des cours. Dans les Territoires Palestiniens, Bethléem reste sous surveillance spéciale.


(G.S.) – Selon les chiffres mis à jour heure par heure par les médias locaux, le nombre de personnes infectées par le coronavirus en Israël au 13 mars est passé à 126, autrement dit, il a triplé en une semaine. Ce qui a conduit le gouvernement à fermer toutes les écoles (sauf les jardins d’enfants et les crèches) jusqu’à nouvel ordre. La mesure s’applique également aux théâtres, aux cinémas, aux manifestations sportives… Aucun rassemblement dans des lieux fermés de plus de 100 personnes n’est autorisé. Les autorités sanitaires ont demandé aux familles de ne pas confier leurs jeunes enfants à leurs grands-parents afin de ne pas exposer ces derniers au risque d’infection.

Les premiers cas découverts sur le sol israélien remontent au 23 février. Ce jour-là, l’alerte a sonné après avoir appris de Séoul que de nombreux pèlerins catholiques sud-coréens, qui revenaient tout juste d’un pèlerinage en Terre Sainte, avaient été infectés par le coronavirus. Le gouvernement de l’Etat hébreu a mis en place une cellule de crise et des nouvelles de citoyens israéliens infectés ont commencé à arriver après un voyage à l’étranger. Le premier d’entre eux était un Israélien qui s’était rendu en Lombardie et était revenu d’Italie par un vol d’El Al le 23 février. On a appris ensuite que des personnes contaminées avaient voyagé en Allemagne, en Autriche et en Azerbaïdjan.

Le ministère de la Santé a immédiatement invité toute personne ayant été en contact avec des personnes touchées par le virus de s’isoler pendant 14 jours. La même chose a été exigée, dans un premier temps pour tous ceux qui arrivaient d’Italie, tandis que tout contact aérien avec la Corée du Sud a été immédiatement interrompu. Le gouvernement a rappelé aux citoyens que violer la prescription de quarantaine était une infraction pénale. La loi israélienne la punit d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 7 ans si la quarantaine est intentionnellement violée et jusqu’à 3 ans si la violation résulte d’une négligence.

Dans un premier temps, Israël Israël a bloqué l’accès au pays pour les résidents de Chine, Hong Kong, Thaïlande, Singapour, Macao, Corée du Sud, Japon et Italie. Après avoir tergiversé sur le fait d’inclure ou non les Américains parmi les voyageurs à surveiller, le gouvernement israélien a demandé, dans la soirée du 9 mars, 14 jours d’isolement pour tous les voyageurs arrivant dans le pays depuis l’étranger. Il convient de rappeler, à cet égard, que la plus grande communauté juive de la diaspora vit aux Etats-Unis. Les plus riches d’entre eux ont également des résidences en Israël.

Depuis le 26 février déjà, le ministère de la Santé a conseillé aux Israéliens de ne pas effectuer de voyages à l’étranger qui ne soit impératif, le coronavirus se propageant maintenant dans différentes parties du monde. Ici, comme ailleurs, le secteur du tourisme est déjà parmi les plus touchés par l’urgence du coronavirus. La compagnie aérienne El Al craint pour sa santé financière et de devoir réduire ses effectifs.

La panique monte au fur et à mesure que l’alarme se fait plus pressante. Même en Israël, malgré les assurances des autorités, il y a eu des agressions dans les supermarchés.

En attendant, le coronavirus a également des répercussions dans la politique. Le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu joue la carte du gouvernement d’urgence à court terme, en tendant la main à son adversaire Benny Gantz, qui ne ferme pas la porte à la proposition. En unissant leurs forces, leurs deux partis, qui comptent 69 parlementaires sur 120, seraient en mesure de créer un nouveau gouvernement même sans autres alliés.

Du côté ecclésial, le Patriarcat latin de Jérusalem – qui, rappelons-le, étend sa juridiction sur les communautés catholiques de rite latin en Israël, Palestine, Jordanie et Chypre – se conforme aux dispositions des autorités civiles et a donné une série de dispositions concernant les églises, qui restent ouvertes à la prière individuelle : là aussi, il ne doit jamais y avoir plus de 100 personnes à la fois ; les bénitiers doivent être vides et pendant les messes, l’échange de paix doit être évité ; pour la communion, les fidèles doivent recevoir l’hostie consacrée sur les mains et non directement dans la bouche.

« C’est une période difficile, qui exige de nous tous une grande conscience », a écrit dans une lettre au diocèse, datée du 12 mars, l’Administrateur apostolique du Patriarcat latin, Mgr Pierbattista Pizzaballa. L’archevêque a poursuivi : « Personne ne nous empêche, et ne pourra jamais nous empêcher de prier, de recevoir l’Eucharistie, de nous retrouver en communauté. Et nous voulons continuer à le faire sereinement. Mais il est de notre devoir d’accueillir ces directives avec un sens des responsabilités. J’invite tout le monde, en particulier les religieux et les fidèles de Nazareth, à prier leur « concitoyenne » la Vierge et à Lui confier les besoins, les attentes et les souffrances de ceux qui sont mis à l’épreuve par ce mal, en récitant ensemble chaque jour, surtout en famille, le saint rosaire à cette intention ».

Dans les Territoires Palestiniens

Au 12 mars, le nombre de personnes testées positives au Covid-19 en Cisjordanie était passé à 35. La contagion s’est faite à Bethléem via un groupe de pèlerins grecs au début du mois. Ce qui a conduit l’Autorité nationale palestinienne (ANP) à déclarer un état d’urgence d’un mois le 5 mars, exhortant tous les citoyens à éviter tout déplacement inutile d’une ville à l’autre, en particulier les voyages à l’étranger. Les hôtels sur le sol palestinien restent interdits à tous les étrangers. Manifestations, grèves, événements, célébrations et rassemblements sont également interdits.

Le 12 mars, le porte-parole du gouvernement de l’ANP, Ibrahim Milhem, a déclaré que depuis le début de l’urgence, 1 929 cas suspects de contamination ont été testés, et plus de 3 600 personnes ont été placées en quarantaine. Tous les cas positifs se trouvent dans la région de Bethléem, qui a été isolée. Un seul cas est enregistré à Tulkarem.

 

Même dans la bande de Gaza, on fait particulièrement attention et beaucoup d’espaces publics sont assainis. Les citoyens ironisent parfois sur l’état de quarantaine perpétuel auquel ils sont soumis depuis plusieurs années, du fait de l’impossibilité d’entrer et de sortir librement de la bande de Gaza sans l’autorisation des autorités israéliennes ou égyptiennes (au sud).

 

A Chypre

 A l’extrémité de l’Union européenne, en Méditerranée orientale, 19 cas de Covid-19 ont été enregistrés au 13 mars (dont 5 dans la partie nord de l’île, sous contrôle turc). Les autorités de la République de Chypre ont déjà pris un certain nombre de mesures de précaution. Ils interdisent les rassemblements de plus de 75 personnes et ont donné des instructions sur les précautions d’hygiène à prendre dans les bus et les taxis : nettoyage fréquent des pièces métalliques avec des désinfectants ; port obligatoire de gants pour les chauffeurs ; ouverture des fenêtres et arrêt des climatiseurs pour assurer l’échange d’air ; mise à disposition de distributeurs de gel désinfectant pour les mains. L’association professionnelle des grands hôtels (4 et 5 étoiles) a demandé à ses filiales d’envisager la fermeture des établissements (qui sont d’ailleurs désormais presque dépourvus de touristes étrangers et en particulier des aficionados Britanniques) pendant quelques semaines.

Sur l’île, il y a quelques frères de la Custodie de Terre Sainte, sous la juridiction du Patriarcat latin de Jérusalem, et au service des catholiques de rite latin (principalement des travailleurs immigrés d’Asie). L’un d’eux est le frère polonais Jerzy Kraj, également vicaire patriarcal pour Chypre. Le 12 mars, il a donné aux fidèles des quatre paroisses chypriotes les instructions suivantes : « La messe du dimanche sera célébrée dans des églises et des salles pour un petit nombre de fidèles, jusqu’à 75 personnes, dans les jardins paroissiaux ou d’autres espaces ouverts (pour un plus grand nombre). En outre, la communion ne sera donnée que dans les mains (et non sur la langue). Pendant les liturgies, il ne devra pas y avoir de poignées de main, et le signe de paix devra être échangé en inclinant la tête. Il est également recommandé aux différents groupes paroissiaux de suspendre leurs activités. En ces temps de peur et de risque réel de contagion, nous recommandons à nos fidèles les plus vulnérables, en particulier les personnes âgées, et à tous ceux qui présentent des symptômes de maladie, de s’abstenir de venir à l’église. Ils peuvent suivre la messe à la télévision ou par Internet ».

A Chypre, les catholiques de rite maronite sont plus nombreux que les latins. Leur archevêque, Mgr Youssef Soueif, a également écrit une lettre au diocèse le 12 mars concernant l’urgence du coronavirus.

L’archevêque a exhorté son peuple à éviter les rassemblements de plus de 75 personnes et a donné une série d’instructions : pas d’échange de paix pendant la messe, et la communion doit être reçue à la main ; les bénitiers doivent être vides ; les réunions et les manifestations paroissiales sont suspendues ; les églises restent accessibles pour la prière individuelle et les fenêtres y sont ouvertes pour faciliter l’aération des locaux ; des distributeurs de gel pour les mains sont mis à disposition à l’entrée ; le mobilier et les livres liturgiques doivent être conservés dans des conditions d’hygiène aussi strictes que possible ; tous les fidèles sont invités à veiller à leur hygiène personnelle et à maintenir des distances de sécurité entre les personnes, conformément aux conseils des autorités sanitaires.

Le principe de base est le suivant : être responsable et éviter de se nuire à soi-même et aux autres. Un principe éthique qui vaut pour tout le monde et qui est un fondement de l’éthique chrétienne, ainsi que de l’éthique juive, mais qui devrait être universellement partagé.

« En cette période critique et très difficile, exhorte Mgr Soueif, nous sommes appelés tous ensemble à prier avec foi, parce que la prière a le pouvoir divin de guérir et d’éclairer nos cœurs, nos âmes et nos esprits et parce qu’avec la puissance de l’amour, elle surmonte toutes sortes de difficultés. Nous sommes tous invités, en tant qu’individus et en tant que communautés, à être unis dans la prière les uns pour les autres, enfants, adultes et familles. Dans nos intentions, nous pensons à toutes les victimes qui sont mortes du virus, et nous implorons Dieu pour tous les malades et les affligés, de leur donner la grâce de Sa guérison. Nous prions également pour tous ceux qui sont impliqués dans les soins – les médecins et les infirmières, si importants pour relever le défi qui nous attend – et pour le succès des efforts des chercheurs et de tous ceux qui travaillent à trouver des solutions médicales appropriées pour arrêter la diffusion du virus.

 

Dernière mise à jour : le 12/03/2020 à 21h51