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Pourquoi refaire le dallage du Saint-Sépulcre?

Marie-Armelle Beaulieu
2 mai 2022
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Pourquoi refaire le dallage du Saint-Sépulcre?
Pour la plupart posées au Moyen-Âge, les dalles du Saint-Sépulcre souffrent de l'humidité. Elles vont être nettoyées, restaurées, repositionnées ou remplacées ©Nadim Asfour/CTS

À la remise du chantier de restauration de l’édicule, les Églises savaient qu’elles n’en avaient pas terminé avec les nécessaires interventions dans la basilique du Saint-Sépulcre. Retardés par la pandémie, les travaux ont repris dans l’édifice et leur enjeu est plus intéressant qu’un simple changement de carrelage.


Restauré en 2016-2017, le tombeau de Jésus n’est pas encore sauvé. C’est la raison pour laquelle, les travaux ont repris dans la basilique de la résurrection.

À la remise du chantier en mars 2017, Antonia Moropoulou, de l’Université polytechnique nationale d’Athènes, avait donné une conférence très documentée sur les travaux réalisés dans le tombeau de Jésus, mais aussi ceux qu’elle estimait nécessaires pour achever de le sécuriser.

Tandis qu’elle expliquait comment elle en avait consolidé l’écrin, elle affirmait que les fondations de l’édicule et la pierre originelle du tombeau pourraient se dégrader en raison du haut niveau d’humidité constaté dans les sous-sols de la basilique.

Sous les dalles, des trous

Plus encore le sol du Saint-Sépulcre se révèle truffé de cavités variées. Par endroits, ces trous – sous le niveau du sol – peuvent atteindre jusqu’à six mètres de profondeur : cavités naturelles dans le rocher de la montagne, citernes ou tunnels creusés dans la roche, poches formées de l’amoncellement des ruines sur lesquelles est construit l’édifice actuel.

Lire aussi >> Sol du Saint-Sépulcre : coup d’envoi de deux ans de travaux

Les sondages réalisés dans les années 1960 l’avaient déjà montré (voir la photo en noir et blanc), comme aussi en 2007 la numérisation au laser et en 3D de l’édifice dans le cadre de l’étude menée par l’université de Florence sur sa résistance sismique. Plus récemment, les radars à pénétration de sol mobilisés lors des derniers travaux ont cartographié, en termes d’espaces pleins et vides, ces réalités invisibles dissimulées sous le dallage.

Le sol du Saint-Sépulcre lors des sondages réalisés dans les années 1960 ©Studium Biblicum Franciscanum

Les travaux entamés en mars dernier ne sont donc pas d’abord une opération esthétique visant à embellir la basilique, mais une opération de mise en sécurité du tombeau lui-même. Car ces trous sont autant de poches qui se prêtent au ruissèlement ou amoncellement des eaux d’où qu’elles viennent, lesquelles eaux, remontent par capillarité partout où elles trouvent une pierre capable de les véhiculer.

Avant que les travaux ne commencent, les Églises ont dû trouver les termes d’un nouvel accord de principe, avant de les formaliser une fois choisie l’heureuse équipe parmi celles qui avaient répondu à l’appel d’offre. Les travaux sur l’édicule avaient été réalisés par une équipe grecque et c’est à une italienne qu’ont été confiés, en mai 2019, ceux qui consisteront à lever tout le sol de la basilique (1400 m2) à l’exception du Catholicon, le chœur grec-orthodoxe, fouillé et sécurisé dans les années 1970.

Le Centre de conservation et restauration de biens culturels de La Venaria Reale, près de Turin, qui s’est adjoint les compétences archéologiques de l’université de la Sapienza de Rome pour la partie exploratoire, a dû patienter. Ses études ont été suspendues par la pandémie au coronavirus.

Cinquante-mille photos plus tard, pour faire le relevé le plus précis qui soit de chacune des pierres, les travaux ont pu démarrer

[…]


Retrouvez l’article en entier dans le numéro 679 de Terre Sainte Magazine (Mai-Juin 2022)