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Naplouse : les visites juives au tombeau de Joseph stoppées

Christophe Lafontaine
3 octobre 2022
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Naplouse : les visites juives au tombeau de Joseph stoppées
Vue de l'enceinte du Tombeau de Joseph vandalisée près de Naplouse, le 10 avril 2022 © Nasser Ishtayeh/Flash90

Depuis fin septembre, les visites de Juifs israéliens au tombeau de Joseph à Naplouse sont interdites au vu de l’aggravation de la situation sécuritaire en Cisjordanie préoccupant notamment les Etats-Unis et la France.


La radio publique israélienne en a fait part le 29 septembre. Les services de sécurité israéliens ont décidé d’interrompre les visites au tombeau de Joseph pour les Juifs israéliens désirant s’y rendre en pèlerinage. Le sanctuaire se trouve en périphérie de la ville palestinienne de Naplouse. La décision court pour une durée indéterminée. Et ce, en raison de la détérioration de la situation sécuritaire en Cisjordanie occupée. Suite à l’augmentation de raids et d’arrestations menés par l’armée israélienne en réponse à la vague d’attaques terroristes palestiniennes qui a éclaté au printemps de l’année 2022 et qui a coûté la vie à 19 personnes en Israël et en Cisjordanie.

« Plus de 2 000 Palestiniens ont été arrêtés depuis le début de l’opération anti-terroriste au printemps et plus de 200 Palestiniens ont été tués dans ce qui est devenu la période la plus meurtrière en Cisjordanie depuis des années », indique le Times of Israel.

Le tombeau de Joseph se situe dans la zone A de la Cisjordanie occupée, sous l’entier contrôle de l’Autorité Palestinienne, même si l’armée israélienne y mène des opérations. Habituellement, les services de sécurité israéliens n’autorisent les citoyens israéliens à pénétrer dans cette zone qu’avec une autorisation préalable. A cette condition, des pèlerinages mensuels au Tombeau de Joseph étaient possibles pour les Juifs orthodoxes qui étaient alors escortés en coordination avec les forces de sécurité palestiniennes. Mais ces visites étaient très souvent accompagnées de violents incidents entre les fidèles juifs et les Palestiniens locaux. En avril, le site avait d’ailleurs été vandalisé comme par le passé.

Le sanctuaire est vénéré par les Juifs comme la sépulture du patriarche biblique Joseph, fils de Jacob et de Rachel, vendu en esclavage par ses frères et devenu l’homme le plus puissant d’Egypte aux côtés de Pharaon. Le lieu saint est aussi vénéré par les Musulmans. Selon eux, un cheikh y est enterré.

Escalade de violence un peu partout en Cisjordanie

Ces derniers mois, Naplouse et sa voisine Jénine, ont été au cœur d’affrontements entre l’armée israélienne et des Palestiniens. De nombreux raids israéliens nocturnes ont eu lieu pour arrêter les auteurs des attentats anti-israéliens du printemps ou ceux qui cherchent à en perpétrer de nouveaux.

La dégradation sécuritaire touche toute la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Des heurts violents ont eu lieu ces derniers jours autour du début des fêtes juives entre Palestiniens et police israélienne dans la partie orientale de la ville sainte et sur le mont du Temple/esplanade des mosquées.

Encore, ce matin, près de Ramallah, deux Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne soupçonnés d’avoir voulu mener une attaque à la voiture bélier contre des soldats. Jeudi dernier, c’est un enfant palestinien de 7 ans qui est mort dans des circonstances floues lors d’une intervention israélienne au sud de Bethléem.

Mercredi, quatre Palestiniens ont été tués lors d’un raid militaire israélien à Jénine. Après ces affrontements meurtriers, la France, dans un communiqué du Ministère des Affaires étrangères, a exprimé « sa vive préoccupation ». « La hausse des tensions et de la violence en Cisjordanie et à Jérusalem illustre l’urgence de la reprise de pourparlers pour restaurer un horizon politique entre les parties, dans l’intérêt des Israéliens et des Palestiniens. La France se tient prête à y contribuer aux côtés de ses partenaires, comme elle l’a réaffirmé à plusieurs reprises, y compris au président Abbas et au Premier ministre Lapid », peut-on encore lire.

Le 28 septembre, le porte-parole du département d’Etat américain a déclaré que les Etats-Unis étaient « profondément préoccupés » et qu’ils appelaient « toutes les parties à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour une désescalade de la situation et un retour à une période de calme ». Ned Price a rajouté que « les Etats-Unis et d’autres partenaires internationaux [étaient] prêts à apporter leur aide ». « Mais, a-t-il ajouté, nous ne pouvons pas nous substituer aux mesures essentielles que les parties doivent prendre pour atténuer le conflit et rétablir le calme ».