Une semaine d’écart entre l’écriture de l’éditorial et celle du billet d’humeur. Entre les deux, la mort du pape François. Certains de nos lecteurs n’auront pas la même expérience, car le pape les a blessés. Ici au contraire, il a pris soin de nous et nous a apporté consolation.
Comme l’a dit le cardinal Pizzaballa, les attentions qu’il a eues pour la paroisse de Gaza qu’il a appelée tous les jours, même de l’hôpital et jusqu’au Samedi saint, avant-veille de sa mort, ont été comme un résumé de “ces thèmes qu’il considérait être au centre de son pontificat, mais surtout vitaux pour notre monde : les soins aux plus fragiles, le rejet de la guerre, la paix, construite avec l’Autre, ensemble.
L’autre thème emblématique de son pontificat, sera le dialogue, la rencontre entre les différentes cultures, les différentes religions, chacune restant elle-même.”
La trace d’un sillon creusé
Il n’y a pas que l’Église catholique qui a perdu le pape François, il y a tous les chrétiens qui sont en Orient. S’il n’a pas pu se rendre partout – pour raison de sécurité surtout – ses visites à Jérusalem et Bethléem, son passage en Jordanie, ses séjours en Irak et en Égypte, sa réception aux Émirats arabes unis et Barheïn et tout le soin qu’il a eu pour le bassin méditerranéen ont été non seulement un baume, mais un fortifiant.
Le pape François a continué, dans son charisme propre, un travail entamé par Benoît XVI qui avait convoqué une Assemblée spéciale pour les évêques du Moyen Orient en 2010. Ils ont tous les deux aimé cette terre, cette chrétienté, son histoire et surtout ce qu’elle continue de signifier pour le reste du monde : un christianisme des origines, vécu dans la pauvreté, l’humilité, l’abaissement mais aussi l’ardeur de la foi et la fierté assumée d’appartenir au Christ.
Les soins du pape n’ont pas agi comme une baguette magique. Ils n’ont pas fait taire les armes. Mais les pages qui lui sont consacrées dans le monde musulman local sont la trace d’un sillon qu’il a creusé. Et les chrétiens de toute confession, réunis devant le tombeau vide de Jésus pour une messe de Requiem, sont un signe du travail qui s’accomplit encore.
En 2014, j’écrivais dans le numéro [632] qui rendait compte de la visite du pape, que les chrétiens attendaient un câlin du pape, la visite d’un père. Ils ont expérimenté cette sollicitude paternelle durant 12 années. Nous sommes tristes et orphelins mais il nous revient de reprendre le flambeau et de devenir à notre tour des personnes capables de manifester leur amour pour cette terre et ses habitants.