Des clés pour comprendre l’actualité du Moyen-Orient

Revenez en pèlerinage pour nous guérir

Marie-Armelle Beaulieu
15 septembre 2025
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable
Pèlerinage du Réseau Saint-Laurent, qui amène des gens en situation de précarité en Terre Sainte ©Réseau Saint-Laurent

Les pèlerinages reprendront un jour. Ils emprunteront les mêmes chemins mais ce sont les gens d’ici qui ne seront plus les mêmes. Comment revenir dans ces conditions ? Il faut justement revenir parce que cela participe de la guérison nécessaire.


Cette double page devait s’ouvrir sur l’interview d’un cinquième guide. Il a finalement décidé de ne pas témoigner. Il l’a envisagé, puis a montré des hésitations et finalement renoncé parce que c’est trop douloureux. Il ne guidera plus. Sa décision est prise même si elle le déchire. Il évoque le covid, la guerre, le caractère aléatoire de la profession, le besoin de nourrir sa famille maintenant, pas quand les groupes se décideront à revenir.

J’insiste, justement c’est important de faire savoir que ne pas venir a des conséquences concrètes sur la vie de ceux qui rendent les pèlerinages possibles. Lui est guide mais d’autres sont autocaristes, tours opérateurs, hôteliers, etc. Il allègue alors une question éthique : les guides sont tenus à un devoir de réserve et il ne peut plus, il n’en peut plus. À l’idée de voir passer des groupes qui reviendraient après la guerre comme si de rien n’était, il éprouve une forme de répulsion.

Lire aussi >> Des pèlerinages toujours, mais pas les mêmes

D’une façon ou d’une autre, les guides rencontrés pour ces pages en ont tous parlé. “Qu’est-ce qu’on leur dira ? Quand ils nous interrogeront par intérêt ou parce qu’ils seront confrontés aux séquelles, ou parce qu’on ne peut pas tout taire, on ne veut pas se taire non plus.” Mais comment en parler ? La question taraude, comme la blessure qui l’accompagne.

Il y a quelque chose de cassé dans les cœurs

Les pèlerinages reprendront un jour. Ils emprunteront les mêmes chemins mais ce sont les gens d’ici qui ne seront plus les mêmes. C’est trop tôt pour dire quand juifs et arabes pourront de nouveau vivre ensemble. Ils vont continuer à fonctionner ensemble comme il a bien fallu apprendre à le faire, quelques semaines après le 7-Octobre. Mais il y a quelque chose de cassé dans les cœurs qui va laisser des traces durables au point que lorsque les armes se seront tues, il faudra du temps avant de parler de paix. La puissance de votre prière.

Comment revenir dans ces conditions ? Il faut justement revenir parce que cela participe de la guérison nécessaire. Certains groupes rencontreront des habitants. Il faudra entendre jusqu’à leur douleur, sans jugement, sans postulat politique importé de l’extérieur, juste entendre. Et prier. Et si on n’arrive pas à entendre ni rencontrer, alors il faudra prier de plus belle.

J’ai demandé au patriarche de composer une prière que tous les groupes pourraient dire chaque jour du pèlerinage, peut-être avant, peut-être après le séjour, pour la guérison des cœurs. Elle est en gestation. C’est tout ce que l’on vous demande : dix minutes chaque jour de votre pèlerinage à prier pour les habitants de cette terre.