Sans surprise, le Premier ministre sortant Benyamin Netanyahu a été élu candidat de sa formation politique, le Likoud, pour les élections législatives de mars prochain. Sa victoire intervient dans un contexte diplomatiquement chargé pour la Palestine, qui multiplie les initiatives internationales.
(Jérusalem/n.k.) – Mercredi 31 décembre, les quelques 96 000 encartés du Likoud ont élu M. Netanyahu pour les représenter aux prochaines élections législatives.
Sans grande surprise, l’ancien Premier ministre a été désigné par une très nette majorité de près de 80% des suffrages exprimés.
Dans ce scrutin-clé pour conserver le pouvoir, Benyamin Netanyahu n’avait pas grand monde à redouter. Son seul et unique opposant, Danny Danon a péniblement atteint les 20%, dans un scrutin perdu d’avance face au charismatique Netanyahu. Considéré comme un « faucon », M. Danon était partisan affiché d’une colonisation massive de la Palestine.
Fort de son succès, le nouveau candidat du Likoud a fustigé les critiques internes adressées contre sa liste, déclarant que, « contrairement à ce qui avait été annoncé, (les militants) ont choisi une liste excellente, équilibrée, expérimentée, responsable ».
Même s’il est fort probable que M. Netanyahu doive s’allier avec les membres les plus à droite de l’échiquier politique, celui-ci a tenu à souligner que sa liste continuerait à défendre l’ « esprit du vrai Likoud ». Ni extrémiste ni laxiste, c’est le message que le Premier ministre sortant a tenu à faire passer.
Malgré le succès obtenu, M. Netanyahu n’a pas encore remporté les élections législatives qui se dérouleront en mars prochain.
Le climat politique s’est plus que dégradé courant décembre (voir notre article Vers la dissolution de la Knesset), aboutissant à une dissolution de la Knesset et à la convocation de nouvelles élections.
A la différence des précédentes élections (qui avaient confié à M. Netanyahu un second mandat de chef du gouvernement en janvier 2013), le leader du Likoud n’est plus l’unique figure dominante de l’Etat d’Israël.
A gauche, des alliances se sont nouées, et pour la première fois depuis les années 70, une vraie force d’opposition semble s’être constituée.
Mme Livni, ancienne ministre de la Justice et présidente du parti centriste Hatunah, n’a pas mâché ses mots pour critiquer la politique de M. Netanyahu. Elle est en partie responsable, avec M. Lapid, de la démission du précédent gouvernement.
C’est avec elle qu’Isaac Herzog, président du Parti travailliste, a conclu une alliance électorale pour les prochaines élections.
Les sondages placent depuis plusieurs semaines le Likoud au coude à coude avec ce cartel électoral, une situation rarement vue depuis de nombreuses années. En quelques semaines, M. Herzog a réussi à incarner une véritable alternative à la politique droitière du Likoud.
M. Netanyahu a-t-il du souci à se faire ? Rien n’est moins sûr, compte tenu de la réalité du système politique israélien. Remporter plus de sièges que le Likoud à la Knesset est une chose. Être en mesure de former une coalition majoritaire en est une autre. C’est précisément le point fort de Benyamin Netanyahu, qui ne semble pas opposé aux alliances les plus extrêmes avec les partis nationalistes ou religieux. Pour lui l’objectif est clair. Sous couvert de « garantir par tous les moyens la sécurité d’Israël », il compte surtout « vaincre la gauche » et se « maintenir au pouvoir », comme il l’a déclaré à la presse à l’issue de sa victoire aux primaires.
Pourtant, l’image d’une vie politique mouvementée ne sert pas M. Netanyahu, encore Premier ministre jusqu’au renouvellement de la Knesset en mars prochain.
Alors que l’Etat juif se déchire, l’Etat palestinien s’active sur la scène internationale pour tenter de hâter la reconnaissance de sa souveraineté.
M. Abbas a présenté la semaine dernière une résolution à l’ONU (sur le contenu de cette résolution, voir notre article La Palestine demande à l’ONU la fin de l’occupation israélienne), demandant le retrait d’Israël des territoires occupés pour 2017. Malgré le rejet de cette résolution au Conseil de Sécurité, la Palestine peut s’enorgueillir d’un vote français favorable, du jamais-vu jusqu’ici (ce qui a d’ailleurs valu une convocation de l’ambassadeur de France en Israël par le gouvernement hébreu).
La Palestine a d’autre part fait un pas de plus en direction d’une entrée définitive à la Cour Pénale Internationale (CPI). Ratifiant le statut de Rome le 31 décembre 2014, Mahmoud Abbas a engagé les différentes procédures qui devraient permettre à son pays d’être membre à part entière de l’institution internationale (il n’en est pour l’instant que membre observateur).
Pour Israël, c’est un cap qui doit être évité par tous les moyens. Benyamin Netanyahu a vivement réagi en déclarant que la Palestine « avait plus à craindre qu’Israël », jugeant sa demande « hypocrite ». Dans une affirmation qui en laissera sceptique plus d’un, le Premier ministre sortant a ajouté que l’armée d’Israël (potentiellement visée par l’accession de la Palestine à la CPI) était « l’armée la plus morale du monde ».
Nul ne sait si la requête palestinienne aboutira. Mais pendant qu’Israël s’empêtre dans ses querelles politiciennes, la Palestine gagne du terrain diplomatiquement.