"Après des milliers d'années d'exil, nous rentrons enfin à la maison", expliquait Nachshon Gangte à l’AFP. 2734 ans pour être précis. La cinquantaine de famille arrivée des Indes à l’aéroport de Ben Gurion prétendent être des descendants de la Tribu de Manassé exilée par les Assyriens en 722 avant notre ère.
(Jérusalem/c.d.) – «Nous voulons faire notre vie ici et être rejoints par plus de membres de notre famille» a confié au média israélien Ynet, Zimra Danapa, à peine arrivée à l’aéroport de Tel Aviv. Une cinquantaine d’habitants du nord-est de l’Inde ont fait leur aliyah (« montée » en Israël) lundi dernier. On les appelle les Bnei Menashe, les « enfants de Manassé » en hébreu. Ces indiens seraient les descendant de l’une des 10 tribus perdues d’Israël. Lorsque le royaume d’Israël fut vaincu par l’Assyrie en -722 avant notre ère, ses habitants ont été dispersés dans le vaste empire assyrien. Un certain nombre d’entre eux auraient trouvé refuge dans des régions reculées d’Asie.
Grand rabbin sépharade en Israël, Shlomo Amar, a reconnu ces quelque 9 000 indiens descendants de Manassé en 2005. Ce qui les place sous la juridiction de la ‘Loi du Retour’ qui permet aux juifs de pouvoir s’installer librement en Israël.
Le gouvernement israélien a donné son feu vert. 7 200 d’entre eux qui sont encore en Inde sont attendus à long terme en Israël. Depuis 1994, 1 700 Bnei Menashe ont déjà émigré en Israël.
Chasseurs de tête animistes, les Mizos – ces habitants de la région de Mizram et des régions voisines au nord-est de l’Inde (1 million d’habitants) – ont été convertis au christianisme au XIXe siècle par des pasteurs protestants britanniques. En 1952, au cours d’une transe, un chef de village pentecôtiste a la révélation que son peuple est issu de la tribu perdue de Manassé et qu’ils doivent retourner en Terre Promise. Le Time Magazine rapporte : « Un groupe de croyants se mit en route, à pied, pour la Terre Promise ». Aucun d’entre eux n’atteignit Israël. Mais une enquête fut menée par des notables locaux. Ils déclarèrent avoir trouvé des similitudes entre leurs anciennes traditions et les traditions juives. Par exemple, la construction d’autels ou le sacrifice d’animaux. La majorité des habitants resteront néanmoins chrétiens.
Dans les années 80, ces recherches furent présentées à une association qui cherche dans le monde les descendants des 10 tribus disparues. Il s’agit de l’association Amishav dirigée alors par un rabbin orthodoxe : Eliyahu Avichayil. Celui-ci se rendra plusieurs fois en Inde pour préparer à la conversion ces enfants de Manassé dont la foi et les traditions avaient été dissoutes au cours de 2700 ans d’histoire. Ils construisirent ainsi des synagogues et pratiquèrent un judaïsme orthodoxe. Cependant, qu’il faille les reconvertir soulève quelques doutes en Israël sur l’authenticité de leur ascendance.
Cette histoire n’est pas sans rappeler celle les juifs éthiopiens, eux aussi alors assimilés à une tribu perdue (celle de Dan).
Hésitation des gouvernements successifs ? Le flux de ces migrants indiens a été interrompu à plusieurs reprises. Une première fois en 2003 par le ministre de l’intérieur. Le ministre voyait en eux « des villageois fuyant la pauvreté ». Arguant qu’on les implantait essentiellement à Gaza et en Cisjordanie, il s’est élevé contre leur exploitation cynique à des fins politiques (coloniser des territoires). Puis à partir de 2004, les relations diplomatiques entre Israël et l’Inde se sont tendues. Il est en effet interdit de faire des conversions collectives en Inde. La stabilité de ce pays multi religieux fut invoquée. Depuis, les conversions sont organisées depuis le Népal.
Les Bnei Menashe finiront leur conversion et le processus d’obtention de la citoyenneté dans un centre d’accueil pour nouveaux arrivants. Puis ils se joindront à leur communauté en Israël rapporte Ynet.