Il porte les espoirs d'un peuple, Mohammed Assaf, 23 ans, est en phase finale de l'émission de télévision "Arab idol", copié d'une émission américaine et proche de la Star Academy française. Le coeur des Palestiniens chavire, pas seulement pour le patriotisme de Mohammed mais surtout parce qu'il a tout ce qui fait le succès des plus grands chanteurs dans la culture arabophone.
(Jérusalem/c.d.) – Est-ce une belle histoire que celle de Mohammed Assef, 23 ans ? Ca y ressemble en tout cas. Il vit à Gaza et s’est rendu à Beyrouth, au Liban. Il va participer là-bas aux phases finales de la deuxième saison de l’émission de télé « Arab idol », retransmise sur MBC1, ABC Egypte et la chaîne libanaise LBC. Sur youtube, la vidéo de sa dernière prestation a été vue près de deux millions de fois en une semaine. Demain soir, face aux 12 autres finalistes venus du Maroc à l’Iraq, il chantera pour remporter l’émission, mais aussi pour transmettre une image positive des Palestiniens. Patriote, il a déclaré « que je gagne ou pas, je suis honoré de représenter la Palestine. » Comme chanteur, il se considère « ambassadeur de l’art palestinien. »
Le public a élu Mohammed Assef et les sept autres finalistes lors de l’émission du 19 avril dernier. L’Egypte, l’Iraq et la Syrie sont les plus représentés avec chacun deux finalistes. Les quatre membres du jury ont fait une entorse au règlement en « repêchant » cinq candidats malheureux au lieu de quatre. Il y aura donc samedi soir treize finalistes.
Mohammed Assef aurait pu manquer cette chance. D’après son père, il a failli ne pas pouvoir passer le terminal de Rafah entre la bande de Gaza et l’Egypte pour aller au Caire passer les auditions. « A cause de son âge, la réglementation du terminal de Rafah l’impose, il a fallu payer quelques centaines de dollars pour qu’il puisse partir. » De fait, les obstacles qui se sont dressés sur sa route et ses conditions de vie à Gaza, où il existe peu de structures pour s’exercer à la musique, font de son accession en finale quelque chose d’exceptionnel. C’est bien comme ça que le vivent nombre de Palestiniens.
C’est à la présence en finale d’ « Arab idol » de Mohammed Assef qu’est allée la première prise de parole publique de Salam Fayyad depuis sa démission de la tête du gouvernement de l’Autorité palestinienne. « J’appelle tous les Palestiniens à soutenir l’artiste palestinien Mohammed Assaf» a-t-il déclaré en arabe sur sa page Facebook, rapporte le site d’information www.al-monitor.com.
Au fil des épisodes de l’émission, Assaf a chanté pour la Palestine, pour Jérusalem, tout en portant sur ses épaules le keffieh palestinien rappelle al-monitor. Lors de la demi-finale, il a chanté « Ya teir el-tayir », un chant traditionnel palestinien. Dans cette chanson, un oiseau (tayir) vole de ville en village pour apporter de bonnes nouvelles aux habitants déplacés de Palestine. D’ailleurs, certains de ses fans palestiniens voudraient l’entendre entonner un autre chant traditionnel palestinien lors de la finale. En ce qui le concerne, il pencherait plutôt pour un célèbre chant égyptien.
S’il devait gagner, Mohammed ne le fera néanmoins pas sur ces accents patriotiques mais bien sur ses qualités de chanteur. Il a tout ce qui fait la popularité des voix dans la culture arabophone. Une voix chaleureuse, pleine, dont il sait jouer et un souffle à vous le couper !
Né en Libye en 1989, la famille de Mohammed Assaf s’est installée dans la bande de Gaza en 1994. Il a grandi dans le camp de réfugiés de Khan Younis. Actuellement, il étudie à l’Université de Palestine de Gaza les relations publiques. Une grande affiche de Mohammed est étendue sur sa maison à Khan Younis. L’opérateur de télécom palestinien Jawwal, en coordination avec le groupe de Gaza Asayel, s’est mobilisé par SMS pour inviter les Palestiniens à voter pour Mohammed Assaf lors de la finale.
Son père, Jaber Assaf, raconte qu’il a développé des talents artistiques depuis son plus jeune âge. « En 2005, il a chanté en solo une chanson très connue Lève ton keffieh, comme il est du Fatah », explique fièrement son père à al-monitor.
Comme l’émission américaine, « American Idol », qui représente chacune de ses communautés culturelles, « Arab idol » diversifie l’origine de ses candidats. En mars dernier, c’est une Arabe israélienne (chrétienne) qui avait remporté « The Voice », cet autre « télé crochet »comme on aurait dit dans un autre temps.
Demain soir, qu’il gagne ou qu’il perde, Mohammed Assef aura déjà de bonnes cartes en main pour lancer sa carrière musicale. Il a d’ores et déjà signé un contrat avec un label musical arabe.