Les chrétiens de Terre Sainte l'espéraient, les évêques catholiques de Terre Sainte l'ont fait. Dès 2013, les catholiques rejoindront les orthodoxes pour fêter Pâques ensemble suivant le calendrier julien. Le décret doit encore être écrit puis validé par Rome, mais la Terre Sainte fait là un pas décisif pour l'unité des chrétiens. Dommage que Jérusalem et Bethléem ne puissent se rallier à la fête sous la double pression du statut quo et des pèlerinages.
(Jérusalem/ c.d.) – C’est une information donnée par le site du Patriarcat aujourd’hui: « Dans deux ans, tous les catholiques de rite oriental et latin des diocèses de Terre Sainte {devraient adopter} le calendrier julien (celui des orthodoxes). »
Il ajoute : «En attendant, les évêques des Églises catholiques de Terre Sainte ont le choix de commencer l’expérience dès 2013.» Le Patriarcat va étendre la modification du calendrier : «Dans le diocèse du Patriarcat latin, la Jordanie, Chypre et une grande majorité de la Palestine avaient déjà tenté auparavant l’expérience de l’unification des dates sur le calendrier julien. Avec succès. La nouveauté concerne principalement les paroisses du Patriarcat qui se trouvent en Israël. Au global pour Pâques 2013, la majorité des Eglises catholiques devraient se joindre à cette décision et célébrer Pâques le 5 mai. Exceptions faites à Jérusalem et dans la région de Bethléem en raison du Statu Quo.»
«Œuvrer pour l’unification de la date de Noël et de Pâques » fait partie des 44 propositions finales du Synode pour le Moyen-Orient. Deux ans après, la résolution prend forme alors que l’on attend la rédaction du décret définitif de l’Assemblée des Ordinaires Catholiques de Terre Sainte (AOCTS). Selon le Patriarcat, le «décret – rédigé par l’AOCTS – sera soumis au Saint Siège pour approbation.» Cette décision «marque un pas concret dans l’œcuménisme».
«Elle émane aussi d’une pression de la part des fidèles. De fait, nombreuses sont les familles chrétiennes en Terre Sainte qui sont issues de mariages mixtes entre catholiques, orthodoxes et protestants. Beaucoup de leurs membres ne pouvaient pas fêter Pâques le même jour puisque les catholiques suivent le calendrier grégorien et les orthodoxes, le julien.»
En 325 après J.C., le Concile de Nicée avait fixé la date de Pâques. Au premier dimanche qui suit la première pleine lune après le solstice de printemps. En 325, c’est le calendrier julien – décrété par Jules César en -45 – qui est employé. La date de Pâques s’y insère. Ce calendrier compte 12 mois, 365 jours et une année bissextile tous les 4 ans. Mais il a une année moyenne de 365,25 jours. Or la révolution de la terre autour du soleil dure aujourd’hui un peu moins : 365,2422 jours. D’où un décalage du calendrier julien de 8 jours tous les 1000 ans. C’est ce qu’est venu corriger le calendrier grégorien, du nom du Pape Grégoire XIII qui l’a diffusé à partir de 1582. 1700 ans après le Concile, le calendrier julien a une avance de 13 jours sur le calendrier grégorien. Ainsi, si Noël est fêtée le 25 décembre dans le calendrier julien, il s’agit du 7 janvier dans le calendrier grégorien.
Le Patriarcat orthodoxe de Jérusalem qui couvre Israël, la Palestine et la Jordanie observe le calendrier julien. Mais ce n’est pas le cas de toutes les Églises orthodoxes. Un certain nombre ont révisé à partir de 1923 le calendrier julien. Elles ont adopté le calendrier grégorien pour les fêtes fixes (Noël, la Transfiguration etc.). Et conservé le calendrier julien pour les fêtes mobiles (Pâques, Ascension, Pentecôte etc.).
Le changement de calendrier devrait être «définitif». En effet, le Patriarcat affirme : « Pour Pâques 2015 et les suivantes, un Décret (…) devrait stipuler que toutes les Églises catholiques de Terre Sainte adopteront définitivement le calendrier julien pour la célébration de Pâques «avec comme conséquence l’ajustement du calendrier liturgique pour le début du Carême et la solennité de la Pentecôte. (…) Cette décision sera accueillie, respectée et mise en exécution par tous les catholiques de rite oriental et latin, par les catholiques du pays et étrangers résidant dans nos diocèses» explique la directive. »