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Le nouveau discours de l’Iran ne convainc pas Israël

Carlo Giorgi
7 novembre 2013
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Le nouveau discours de l’Iran ne convainc pas Israël
Le Président iranien Hassan Rouhani à l'Assemblée générale des nations Unies le 26 septembre 2013. (Photo Onu/Rick Bajornas)

Une nouvelle session des délicates négociations sur le problème nucléaire iranien, se tiendra les 7 et 8 novembre prochains à Genève. D’un côté, la délégation de Téhéran, de l'autre, le groupe des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne. Avec le président Hassan Rohani, le régime iranien semble s’être adouci. Cependant, Israël reste sur ses gardes.


(Milan) – Une nouvelle session des négociations délicates sur le problème nucléaire iranien, se tiendra les 7 et 8 novembre prochains à Genève. D’une part, la délégation à Téhéran, qui revendique le droit de son pays de s’enrichir en uranium, soutenant vouloir le réserver à un usage civil, pour la construction de centrales nucléaires. D’autre part, le groupe que l’on appelle les «cinq plus un» (formé des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU – Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France – plus l’Allemagne), représentent la communauté internationale, inquiète quant à l’utilisation de l’uranium enrichi, également utile à la construction de bombes atomiques.

La grande nouveauté, par rapport aux années précédentes (les négociations sont en cours depuis 2006), est le fait que depuis août l’Iran a un nouveau président, Hassan Rohani, un modéré qui a remplacé Mahmoud Ahmadinejad, connu pour ses positions radicales et antisémites.

Au cours des deux derniers mois, les signes de détente du côté iranien se sont multipliés : début de septembre, le président Rohani, à la surprise générale, a adressé ses voeux au peuple juif pour Rosh Hashanah (le nouvel an juif) ; accompagné du ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif , il a condamné la Shoah (contrastant ainsi avec la ligne négationiste d’Ahmadinejad). Quelques jours plus tard, tous les ministères du gouvernement Rohani ont ouvert leur propre page Facebook, encore plus incroyable étant donné que le réseau social américain est officiellement censuré dans la République islamique d’Iran.

À la veille du discours Rohani à l’Assemblée générale de l’ONU, plusieurs prisonniers politiques ont été libérés (y compris une femme très populaire, l’avocate et militant des droits humains Nasrin Sotoudeh), emprisonnés pour avoir participé à des manifestations anti-gouvernementales en 2009. Cela a encore favorisé l’apaisement des tensions, tant et si bien que le 27 septembre, le président américain Barack Obama et Rohani ont parlé au téléphone pendant 15 minutes, reprenant une ligne directe brisée depuis plus de trente ans, en raison de la crise diplomatique provoquée par la crise des otages américains de 79 (plus de cinquante membres du personnel de l’ambassade américaine à Téhéran ont été retenus en otage de novembre 1979 à janvier 1981). Enfin, quelques jours avant l’anniversaire de la prise de l’ambassade (qui tombe le 4 novembre) les autorités iraniennes ont arraché d’énormes affiches d’une campagne anti-américaine qui venaient d’être collées sur les murs de Téhéran. Une de ses affiches représentait un officier américain assis à la table des négociations, flanqué d’un chien menaçant attaché à une chaîne, en face d’un citoyen iranien désarmé, pour illustrer l’honnêteté iranienne affrontant la «malhonnêteté américaine ».

Ce même 4 novembre, selon le site chiite libanais Al Ahed News, proche du gouvernement iranien, Ali Khamenei, le guide suprême de la révolution islamique iranienne, aurait déclaré : « Je ne suis pas optimiste quant aux négociations mais, par la grâce de Dieu, nous pouvons en sortir sans dommage », montrant ainsi une lueur de confiance.

De la part d’Israël, la méfiance prédomine face aux discours du nouveau gouvernement. Le 30 octobre, le président du Congrès juif mondial, Ronald S. Lauder, a rencontré le vice-président américain Joseph Biden à Washington pour le mettre en garde par rapport aux ambitions nucléaires de l’Iran. Lauder a exhorté l’administration Obama de ne pas se fier à cette nouvelle offensive d’imagine du président iranien.

« L’Iran est parmi ceux qui appellent ouvertement à notre destruction – a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, lors de la réunion hebdomadaire du gouvernement, dimanche 3 novembre – . Et il persévère dans sa tentative de construire des armes nucléaires. Peut-être qu’il a changé sa méthode, mais pas son objectif. J’appelle votre attention sur le fait que les iraniens appellent l’anniversaire de la prise de l’ambassade américaine, la journée « Mort à l’Amérique » ! Cela montre clairement la nécessité de continuer la pression (internationale) contre le régime. Ce sont ces pressions qui les ont amenés à la table des négociations. Je suis convaincu que si nous les maintenons, l’Iran démantèlera son potentiel militaire nucléaire. Sinon, il atteindra l’objectif de la bombe atomique ».