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Nouvelles géométries entre les rebelles dans le nord de la Syrie

Terrasanta.net
15 décembre 2013
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Parmi les rebelles syriens, la composante islamiste s’accroit dangereusement au détriment de l'opposition laïque. Les puissances occidentales songent à interrompre leur soutien militaire. Selon les rapports de la BBC, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont déjà décidé de suspendre l'envoi d'armes non létales (arme conçue pour que la cible ne soit pas tuée ou blessée lourdement).


(Milan / c.g.) – Parmi les rebelles syriens la composante islamiste s’accroit dangereusement au détriment de l’opposition laïque, les puissances occidentales songent à interrompre leur soutien militaire. Selon les rapports de la BBC, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont déjà décidé de suspendre l’envoi d’armes non létales (tous types de matériel militaire à l’exclusion des armes lourdes) aux rebelles combattant le régime de Bachar al-Assad dans le nord de la Syrie. L’Occident ne peut prendre le risque de soutenir par inadvertance ceux qui prônent la transformation de la Syrie en un état islamique.

Depuis plusieurs jours, il est devenu clair que ce que l’on appelle l' »Armée Syrienne Libre », c’est à dire la partie « laïque » des forces opposées au régime de Bachar al-Assad, a perdu son rôle de leader au sein de l’opposition. En effet, le 22 novembre, un nouveau Front Islamique anti-Asssad s’est formé. Ce front est une coalition de sept groupes armés qui étaient jusqu’à lors divisés entre eux (Ahrar al-Sham, Jaysh al-Islam, Suqour al-Sham, Liwa al-Tawhid, Liwa al-Haqq, Ansar al-Sham et le Front islamique kurde). Ce front peut compter aujourd’hui sur 45 000 miliciens en plus de ceux qui servent dans l’Armée syrienne libre (environ 30 000) ou dans les rangs des extrémistes proches d’Al-Qaïda et de l’Etat Islamique d’Irak et du Levant (environ 12 000).

L’opposition armée contre Assad se retrouve divisée en trois grands groupes qui s’affrontent pour le leadership de l’opposition. Une fracture que l’on retrouve à l’extérieur du pays dans les camps de réfugiés syriens. Le Liban en est une illustration. Selon le journal libanais Al-Akhbar, la ville d’Arsal – située dans la partie Nord de la plaine de la Bekaa – accueillerait aujourd’hui 80 000 réfugiés soit deux fois plus d’habitants que sa population n’en compte. Dans cette localité frontalière sunnite, favorable à la rébellion syrienne, ce sont principalement des fugitifs alignés sur les positions de l’Armée Syrienne Libre que l’on retrouve.

Le Front Islamique nouvellement créé se présente comme indépendant de tout autre groupe politique et vise à renverser Assad et établir un État confessionnel islamique. Pour se distinguer d’Al-Qaïda et des groupes les plus extrémistes, cette nouvelle formation a décidé de se retirer du Conseil militaire suprême de l’Armée syrienne libre, affichant ainsi sa volonté d’agir indépendamment de la vision portée par les laïcs. Autre démonstration de force, il y a quelques jours, les milices du Front Islamique ont occupé les bases et les entrepôts de l’Armée Syrienne Libre dans la ville de Bab al-Hawa, dans la province du Nord-ouest d’Idlib. Dans les entrepôts avaient été entassés des armes et du matériel militaire d’origine américaine (incluant des missiles anti-aériens et anti-blindés) arrivés en Syrie par la frontière turque. Les milices du Front Islamique ont hissé leur drapeau à la place de celui l’Armée Syrienne Libre, et ont demandé au personnel de quitter la base. Cette action a fini de convraincre les États-Unis et la Grande Bretagne; ces derniers ont annoncé la suspension des aides pour le Nord de la Syrie.

Jusqu’à aujourd’hui, les États-Unis auraient équipé les rebelles syriens d’armement «non létal» pour près de 190 millions d’euros (officiellement consacrés à des rations alimentaires, des médicaments, des véhicules et du matériel de communication) ; la Grande Bretagne aurait  versé quelques 24 millions d’euros pour des véhicules, des générateurs, des kits de purification de l’eau et de l’équipement contre les attaques chimiques.

Les États-Unis ont toutefois assuré que l’aide « non-létale », interrompue dans le nord de la Syrie, se poursuivra pour les rebelles opérant dans le sud, à la frontière avec la Jordanie.