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Un voyage « strictement religieux » pourtant teinté de politique

Terresainte.net
23 mai 2014
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Le Pape François a réaffirmé mercredi que son voyage en Terre Sainte était « strictement religieux », destiné à prier pour la paix et à promouvoir le dialogue œcuménique. Mais dans des pays aussi complexes qu’Israël et la Palestine, il bien difficile d’échapper totalement à l’aspect politique lorsqu’on est un chef d’Etat étranger.


(Jérusalem/MMLV) – Le mercredi 21 mai 2014, le Pape François a insisté sur le fait que le voyage qu’il se prépare à effectuer en Terre Sainte du 24 au 26 mai prochain était « strictement religieux ». « Ce voyage sera strictement religieux, d’abord consacré à la rencontre avec Bartholomée Ier, le Patriarche de Constantinople : Pierre et André se rencontreront une nouvelle fois, et cela, est très beau ! », a-t-il déclaré à la fin de l’audience générale qu’il a donnée hier sur la place Saint-Pierre, en faisant référence aux deux apôtres de Jésus, représentant l’Eglise d’Orient pour l’un ; et l’Eglise d’Occident pour l’autre.

Il a ensuite ajouté : « le deuxième motif de ce voyage est de prier pour la paix sur cette terre qui souffre tant ». Il a ensuite demandé aux fidèles réunis sur la place Saint-Pierre de prier pour ce voyage.

Ce deuxième motif met en lumière la complexité et l’instabilité de la région où va s’effectuer l’imminente visite papale. En Terre Sainte, le prisme politique est omniprésent, et tout chef d’Etat qui se rend en Israël et en Palestine se livre inévitablement à un exercice d’équilibre diplomatique. Ainsi jeudi 21 mai, trois jours avant le départ du chef de l’Eglise catholique vers la Terre de Jésus, le secrétaire d’Etat du Vatican, Pietro Parolin a estimé que ce pèlerinage allait également être d’une certaine manière « politique ».

Il a énuméré un à un, les principaux « points » susceptibles d’être évoqués par le Pape lors de son séjour, dans la lignée politique du Saint Siège. Pour le Cardinal Parolin, le pape François devrait ainsi affirmer le droit pour Israël d’exister et de jouir de la paix et de la sécurité au sein des frontières internationalement reconnues, mais aussi celui du peuple palestinien d’avoir une patrie souveraine et indépendante.

Le Pape devrait également revenir sur le sujet de la reconnaissance du caractère sacré et universel de la ville trois fois Sainte de Jérusalem et sur « son héritage culturel et religieux, qui en font un lieu de pèlerinage pour les fidèles des trois religions monothéistes », pour reprendre les mots du prélat. Ce dernier a également confié espérer que la visite du 24 au 26 mai pourrait « aider les responsables locaux à prendre des décisions courageuses sur la voie de la paix ».

Selon le correspondant à Jérusalem du journal Le Monde, Laurent Zecchini, « le voyage du Pape en Terre Sainte ne pourra éviter d’être scruté, et probablement critiqué sous l’angle politique ». D’autant plus que le chef de l’Eglise catholique romaine a fait le choix d’emmener à sa suite deux vieux amis de Buenos Aires d’où il est originaire : le Rabbin Abraham Skorka, et l’ancien secrétaire général du centre islamique de la capitale argentine, le musulman Omar Abboud, afin d’encourager le dialogue interreligieux. Un sujet directement politique sur place.

Le numéro un du Vatican prévoit également de rencontrer plusieurs autorités politiques au cours de sa visite, Notamment le Président palestinien Mahmoud Abbas et le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahou. L’ambassadeur israélien auprès du Saint-Siège, Zion Evrony, évoque ainsi le pèlerinage du Pape François : « Ce sera une nouvelle pierre angulaire d’importance historique, non seulement dans les relations entre Israël et le Saint-Siège, mais aussi entre l’Eglise catholique et le peuple juif».