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A Aden, au Yémen, massacre dans un couvent des Soeurs de Mère Teresa

Terrasanta.net
6 mars 2016
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Le 4 mars fut un vendredi tragique à Aden, au Yémen. Quatre hommes armés sont entrés dans une Maison de charité établie depuis longtemps par les Sœurs de Mère Teresa de Calcutta et, selon la police locale, ont tué quatorze personnes dont quatre religieuses. L'incident est odieux, à l’image de la guerre silencieuse qui fait rage dans ce pays.


(l.s.b.) –  Le 4 mars fut un vendredi tragique à Aden, au Yémen. Quatre hommes armés sont entrés dans une Maison de charité établie depuis longtemps par les Sœurs de Mère Teresa de Calcutta et, selon la police locale, ont tué quatorze personnes dont quatre religieuses. Les victimes étaient de nationalités différentes. Parmi elles on trouve aussi le gardien et le jardinier. Les soixante autres résidents sont sains et saufs, mais la trace de Père Tom Uzhunnalil, un prêtre salésien indien qui se trouvait sur les lieux, a été perdue. La communauté n’avait jusqu’à présent reçu aucune menace directe ou tout autre signe qui pouvait laisser présager une telle tragédie.

L’incident est juste l’un des plus odieux qui aient eu lieu à Aden au cours des six derniers mois et illustre pleinement la tension croissante entre les groupes extrémistes et les bandes criminelles, effet collatéral d’une guerre civile qui voit s’affronter les forces loyalistes et les rebelles du Nord, la communauté Houthi affiliée au parti chiite d’inspiration Ansarullah.

Durant ces derniers mois et plus spécialement après la capture d’Aden par le gouvernement, les attaques par des groupes armés contre des postes militaires, des représentants politiques et les civils ont augmenté de façon considérable. La plupart des attaques sont réclamées par l’Etat islamique ou  Al-Qaida.

L’attaque de la maison des sœurs de Mère Teresa n’a pas encore été revendiquée, mais les Nations Unies ont défini ce massacre d’ « acte barbare et cruel » et ont suggéré la responsabilité probable des militants de l’État islamique, qui n’ont « rien d’humain, ni d’islamique ». L’attaque – qui a provoqué une onde de choc, en particulier au Yémen où ont été diffusées les photos des cadavres des religieuses assassinées sur les réseaux sociaux – a été précédée, en décembre de l’année dernière, d’un signe clair de l’intolérance envers tout symbole religieux. En effet le 9 décembre, des étrangers avaient attaqué l’église catholique située dans le port d’Aden, district de Mualla, la saccageant et l’incendiant. L’attaque avait été suivie, quelques jours plus tard, par l’assassinat du gouverneur de la ville Jaafar Mohamed Saad. Les résidents, interrogés par Reuters, avaient affirmé avoir ressenti une forte explosion, puis une fumée noire et intense. Après quelques minutes seulement, ils auraient vu l’édifice s’effondrer. L’église, dédiée à l’Immaculée Conception, avait été construite à l’époque coloniale britannique, en 1960, et avait déjà été sérieusement endommagée par un bombardement de la coalition dirigée par l’Arabie Saoudite.

La ville d’Aden, par rapport au reste du pays, a toujours été consacrée au cosmopolitisme. Depuis l’Empire britannique, elle rassemble des communautés hindoue et chrétienne, en ligne avec sa vocation de ville portuaire. La population chrétienne – en grande partie de nationalité ou d’origine indienne ou éthiopienne – a quitté le pays avant la guerre. Au cours de la dernière année, un autre inconnu avait vandalisé le cimetière chrétien et incendié une autre église de la ville.

Même à Sanaa – encore capitale officielle du pays jusqu’au début de l’année 2015 – les chrétiens avaient quitté la ville alors que la guerre débutait à peine. La communauté locale des Indiens orthodoxes a toujours été très implantée dans l’église de Santa Maria où, en octobre 2014, eut lieu la dernière célébration de l’Eucharistie de la communauté, en présence du métropolite d’Ahmedabad, Pulikkottil Geevarghese Mar Yulios, accueilli par le vicaire de l’Eglise, Mathew Mathew, qui, à cette occasion, avait été démis de ses fonctions pour la fin de la mission.