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Sde Boker, le lycée du désert

Federica Sasso
28 mai 2016
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D’année en année, les 250 adolescents qui ont choisi d’effectuer des études environnementales grandissent ensemble. Cette école est née de l’intuition de David Ben Gourion, qui a vu le Néguev comme une ressource pour Israël.


« Je suis tellement heureuse d’être ici, parfois, je suis presque triste de rentrer à la maison le week-end ». Roni Rahat est âgée de 15 ans, elle a grandi à Jérusalem et depuis quelques mois vit dans le désert. Roni est en première année de lycée et fait partie du groupe d’environ 250 jeunes Israéliens qui ont choisi de fréquenter l’École d’Etudes Environnementales située au milieu du désert du Néguev. Il s’agit d’une école spécialisée qui a ouvert il y a 40 ans dans le Midreshet Sde Boker, le centre de recherche né de la vision de David Ben Gourion. Premier chef du gouvernement de l’Etat d’Israël, il fut aussi le premier homme politique à saisir l’importance de l’étude du Néguev pour le développement de son pays.

Ben Gourion considérait comme une « ressource » ce désert qui couvre plus de la moitié du territoire israélien. En inaugurant le Midreshet en 1965, il espérait que ce centre de recherche et d’enseignement puisse devenir une source d’inspiration morale, de courage et de créativité. Aujourd’hui, au sein des montagnes rouges du désert, une véritable communauté réside ; elle est composée de chercheurs, d’enseignants et d’étudiants de l’Ecole qui rentrent chez eux deux fois par mois, les week-ends.

« C’est le seul institut en Israël uniquement consacré à des études environnementales », déclare Alon Lyons, l’un des professeurs d’anglais. Lyons explique que ce désert est un lycée comme un autre, avec des cours de littérature, d’histoire ou de la chimie. La vraie différence c’est qu’« ici les élèves doivent également étudier des matières obligatoires telles que la géologie, l’écologie ou la géographie humaine. Et tout l’intérêt c’est que les jeunes peuvent expérimenter ces questions sur le terrain, non pas seulement les étudier dans des livres. En vivant ici ils sont en mesure d’observer de près la géologie, de toucher de leurs mains les sujets abordés en classe ».

Selon l’âge, l’école permet aux enfants de s’organiser en groupe pour explorer les environs de façon indépendante. S’y rajoutent les excursions organisées dans d’autres parties du pays. Meital Molad, une étudiante de 17 ans, explique que « chaque année sont prévus deux ou trois voyages, organisés chacun autour de thèmes différents. Cette année, nous avons exploré l’ensemble du Néguev, rencontré les différentes communautés et étudié les types de personnes qui l’habitent. Avant la fin de l’année scolaire nous allons nous rendre dans d’autres régions d’Israël afin d’observer quelles sont les politiques en matière de gestion de l’eau ».

L’école utilise aussi le traditionnel défilé de Pourim, une fête juive aux allures de carnaval, pour enseigner aux enfants la créativité et mettre en œuvre leurs idées. L’adloyada (défilé) de Midreshet est célèbre dans tout le pays, et depuis 25 ans incarne les valeurs que l’école veut transmettre : le respect de l’environnement, la créativité, l’esprit d’initiative. Les chars qui parcourent les rues du campus sont conçus et construits par les jeunes avec des matériaux recyclés. Thèmes, costumes, chorégraphie des danses : tout est le résultat des décisions collectives prises par les étudiants qui passent des semaines à préparer l’évènement.

La vie communautaire est un élément fondamental, mais aussi une source de joie. A Sde Boker, on demande aux étudiants les plus âgés de s’investir dans ce qui arrivent à leurs cadets, et Roi, un camarade de classe de Meital, sourit en disant : « ici, tes amis deviennent ta famille, chaque étudiant est une personne extraordinaire ».

Roni Rahat a véritablement une partie de sa famille à ses côtés. Tomer, son frère aîné, est en dernière année, et Roni affirme avoir découvert le Midreshet en l’accompagnant au cours d’une journée de présentation de l’institut il y a trois ans. « Ce jour-là, j’ai décidé qu’une fois l’âge atteint, je viendrais étudier ici. J’ai été surprise par l’atmosphère et l’attitude des gens, ici on accepte vraiment ce que vous êtes ». Ayelet, la mère de Roni et Tomer a elle aussi été captivée, il y a de nombreuses années, par le bonheur des étudiants. « Quand j’ai été diplômée, je me souviens avoir rencontré une fille qui effectuait sa dernière année à Midreshet, elle était si triste de quitter l’école. Je l’enviais et j’ai convaincu mes parents de laisser ma sœur étudier là-bas. Ensuite, mon neveu a suivi ses traces et maintenant deux de mes quatre enfants ont fait le même choix ».

Après 40 années d’existence, ce projet éducatif est toujours pertinent et le nombre d’étudiants qui veulent vivre à Midreshet Sde Boker augmente. Selon Ayelet : « Cette école offre une éducation d’excellence, mais cherche aussi à canaliser l’énorme énergie des enfants afin de l’utiliser de la meilleure des façons. Dans notre monde d’aujourd’hui, les questions environnementales sont importantes et ici elles sont abordées pour expliquer bien d’autres enjeux, poussant les jeunes à expérimenter, à faire confiance et devenir des êtres complets ».

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