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Sainte Claire, minoritaire au-delà des barrières

Terrasanta.net
11 août 2016
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Sainte Claire, minoritaire au-delà des barrières
Giovanni Battista Moroni, Sainte Claire (fresque), 1548, Musée diocésain tridentin.

En ce 11 août, la liturgie de l'Eglise catholique se souvient de sainte Claire d'Assise. Disciple du Christ au nom de la minorité franciscaine, elle reste intimement liée à sa ville.


Comme saint François, sainte Claire, que l’Église catholique commémore en ce 11 août, demeure plus que jamais la fille et la citoyenne d’Assise. Sa vocation est née dans la haute société d’Assise à laquelle elle appartient, mais la conduisit aux pauvres et ce même géographiquement, avec lesquels elle va partager la condition de minorité. Cet aspect est développé par Sœur Maria Chiara Riva dans le livre Le Chant de la foi simple (Il canto della fede semplice – Edizioni Terra Santa 2015) dont nous vous proposons ici quelques passages.

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Les débuts de la Sainte d’Assise sont marqués par un mouvement « de sortie » (du cercle familial, du statut social, des traditions et de la mentalité mondaine), un mouvement qui part « du centre » de la ville d’Assise pour aller vers « la périphérie » du petit monastère de saint Damien. Mais c’est aussi un mouvement « descendant », des hauteurs de sa position sociale à l’ordinaire du quotidien où vivent les pauvres, à l’exemple d’un Christ riche devenu pauvre pour nous (2 Corinthiens 8,9), d’un Christ qui bien qu’ « ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais s’est anéanti, prenant la condition de serviteur » (Ph 2,6-7). Claire, avec la détermination de ceux qui veulent répondre à l’appel de Dieu et ayant entendu la Parole du Seigneur dans la bouche de François, part affronter et surmonter une barrière qui n’est pas seulement la porte fermée de sa propre maison ou les murs d’Assise clos pendant la nuit, plus profondément il s’agit de la barrière de sa propre condition sociale et des normes publiques de l’époque liées à son être de femme et de noble. (Page 21)

Le choix de Claire ne reste pas isolé : un peu plus tard elle sera suivie par sœur Agnès, puis par d’autres jeunes, qui viennent principalement de son cercle proche ou des familles aristocratiques de la vallée de Spoleto. La voie de la pauvreté devient dès lors un chemin parcouru dans la fraternité. Les réactions contrastées que suscite la fille de Favarone font certainement échos à bien des parents. Il est facile d’imaginer le tumulte causé, à Assise, par ces femmes déterminées à vivre l’Évangile dans la pauvreté et la fraternité, donnant lieu à une communauté qui, en dépit d’être assimilable à la tradition monastique – une vie communautaire organisée par une alternance de prière et de travail en résidence permanente au sein d’un monastère –  se distancie clairement par son style et assume une forme propre selon les modalités des fraternitas mineures. (Page 22) 

A saint Damien, Claire trouve les conditions appropriées pour traduire en réalité concrète son rêve évangélique. En dehors des murs de la ville mais suffisamment proche pour accueillir son souffle et la rumeur du peuple, pour prendre soin des échos de joie comme de souffrance, de labeur et d’espoir. Situé sur le chemin où chaque pèlerin pouvait trouver accueil et écoute. Aux marges, en périphérie, dans un lieu approprié pour entrer dans la bonne démarche. A proximité des pauvres, des derniers, des exclus : telle une fenêtre ouverte pour tous ceux qui, de la ville, voudraient descendre à leur rencontre. Saint Damien devient dès lors le lieu où Claire peut vivre comme « sœur des pauvres », parlant avec eux le même langage et parlant d’eux avec celles et ceux de la « ville haute ». S’établissant à Saint Damien, Claire force, en un sens, les habitants d’Assise à réduire la distance et la séparation avec les marginaux, avec ceux qui sont confinés en dehors, se posant comme un lieu de médiation, le long d’une frontière désormais accessible à tous. A cet égard, le choix de Claire est donc liminaire. Elle se pose à l’intérieur du socle monastique bien qu’en dehors des traditions et des structures existantes, proche des pauvres bien que « retirée » et gardée au silence. (Page 26)

Rendons grâce au Seigneur Jésus pour l’exemple que nous a laissé sainte Claire. Joyeuse fête à toutes les Claires et à nos sœurs Clarisses !