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Qui était Hilarion Capucci ?

Terresainte.net
4 janvier 2017
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Qui était Hilarion Capucci ?
Hilarion Capucci © Rob C. Croes

Evêque émérite Melkite de Jérusalem, Mgr Capucci est mort dimanche à Rome. En 1974, il avait été accusé d'avoir utilisé sa voiture pour  le transport d'armes de contrebande pour le compte de l'OLP.


(Jérusalem/n.h.) –  L’archevêque Hilarion Capucci, vicaire patriarcal émérite des grecs-catholiques de Jérusalem est mort dimanche à Rome à l’âge de 94 ans. Né le 2 mars 1922 à Alep, en Syrie, il avait été ordonné prêtre en 1947 et nommé vicaire patriarcal de Jérusalem et évêque titulaire de Césarée en 1965. Mais c’est en 1974 que l’évêque fait parler de lui dans le monde entier.

Le 8 août, il est arrêté rue Salah el-Din à Jérusalem. À l’intérieur de sa voiture, selon les autorités israéliennes, se trouvait une cache d’armes dans laquelle la police a trouvé quatre fusils Kalachnikov, deux pistolets, 220 livres de dynamite et plusieurs détonateurs.

Libéré sous caution, il est à nouveau arrêté dix jours plus tard et accusé d’avoir agi comme agent de liaison infiltré entre le Fatah, la faction dominante au sein de l’Organisation de libération de la Palestine et les cellules de guérilla en Cisjordanie. En tant que chef religieux, l’archevêque bénéficiait d’un statut diplomatique privilégié, il pouvait traverser la frontière israélo-libanaise sans être soumis à l’inspection.

C’est le responsable chrétien le plus haut placé jamais accusé par Israël de tels actes. Yasser Arafat, dirigeant de l’OLP, avait à l’époque qualifié son arrestation de « crime terrible ».  Maximos V Hakim, le patriarche grec Melkite d’Antioche, avait demandé sa libération et s’était rendu aussitôt à Rome pour discuter de la situation avec le pape Paul VI.

Les autorités israéliennes, qui avaient gardé l’archevêque sous surveillance pendant un certain temps, n’étaient pas émues. Les procureurs ont déclaré que l’archevêque avait rencontré Khalil al-Wazir, un militant connu sous le nom de guerre « Abu Jihad » et un autre militant, chez des proches de l’archevêque à Beyrouth.

Le juge avait rejeté la demande d’immunité diplomatique de l’archevêque, notant qu’Israël et le Vatican n’avaient pas de liens diplomatiques (les relations diplomatiques n’ont été établies qu’en 1993.) L’archevêque Capucci refusa de se présenter au tribunal,  le déclarant incompétent à le juger. Le 9 décembre 1974, il est condamné à 12 ans de prison pour transport illégal d’armes de contrebande.

L’archevêque fut incarcéré dans une cellule individuelle et eut la permission de célébrer la messe, de porter sa robe de clerc, et de recevoir de la visite.

Après quatre ans, il est libéré en 1977, à la faveur des élections qui ont amené la droite et le Likoud au pouvoir. Le nouveau gouvernement avait déclaré qu’il serait disposé à le libérer si le pape faisait une demande formelle. Le pape demanda sa libération pour des raisons humanitaires – il avait fait plusieurs grèves de la faim – et le 6 novembre, sa peine fut commuée. Il fut expulsé et mis dans un vol commercial à destination de Rome.

La libération stipulait que l’archevêque ne serait pas réaffecté au Moyen-Orient, et après une audience avec le pape, il fut envoyé en Amérique latine. En janvier 1979, il irrite le Vatican en se rendant à Damas pour assister à une réunion du Conseil national de l’OLP dont il est membre. Néanmoins, le pape Jean-Paul II le transférera en Europe occidentale plus tard cette année-là.

L’archevêque a maintenu son activisme. Il a visité des Américains détenus en captivité à l’ambassade des Etats-Unis en Iran en 1979; accompagné les corps de huit membres des services américains tués dans une mission infructueuse pour libérer les otages ; et a voyagé en Irak en 1990 pour demander au gouvernement de Saddam Hussein de libérer un groupe d’Italiens après l’Invasion du Koweït. En 2010, il était à bord du navire turc Mavi Marmara navigant vers la bande de Gaza, intercepté par les forces israéliennes.