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Boom du tourisme religieux en Terre Sainte

Christophe Lafontaine
9 février 2018
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Boom du tourisme religieux en Terre Sainte
Pèlerins chrétiens asiatiques à Jérusalem au centre Davidson, parc archéologique de Jérusalem, situé à proximité du Mur Occidental de la Vieille Ville. © Flash90

Selon le Ministère israélien du Tourisme, l’année 2017 a vu arriver en Israël plus de 3,6 millions de touristes. Autrement dit un record. 54% étaient des chrétiens. En tête les évangéliques américains et les chinois.


« Un record absolu. » L’agence Fides commente ainsi l’année 2017 qui a vu arriver en Israël plus de 3,6 millions de touristes. Sur le total, 54% étaient des chrétiens alors que 21,7% étaient des juifs.

Le plus grand nombre de pèlerins viennent majoritairement des Etats-Unis avec en particulier la contribution – engagée et idéologique – des groupes chrétiens évangéliques investissant Jérusalem à l’occasion de la fête juive de Soukkhot.

Le pays a également enregistré une forte croissance des touristes chinois soit 139% depuis 2015. « Le fait qu’Israël a facilité la demande de visa pour les Chinois a également eu un impact positif. Par exemple, ceux qui ont déjà obtenu un visa européen peuvent entrer en Israël sans problème », précise Asianews.

Sobhy Makhoul, diacre du Patriarcat maronite de Jérusalem explique auprès de l’agence de presse que « les Européens sont en train de revenir à la charge, mais pas seulement. Les pèlerins chinois, russes et d’Europe de l’Est sont en hausse. Il y a un grand mouvement de la part des Eglises orthodoxes, des centaines et des centaines de pèlerins viennent. »

Un mois de janvier 2018 record

Fr. Tomasz Dubiel, directeur du Centre d’information chrétienne (CIC) de la Custodie de Terre Sainte, qui s’occupe notamment des réservations des messes dans les sanctuaires, corrobore au micro du Christian Media Center les données du ministère du Tourisme d’Israël. Le CIC a enregistré en janvier 2018, 770 pèlerinages collectifs pour 26 000 pèlerins, contre 529 groupes enregistrés en janvier 2017 et 390 en janvier 2016. A noter que les données du CIC ne tiennent pas compte des milliers de pèlerins orthodoxes qui ont visité la Terre Sainte pour les fêtes de Noël, célébrées en janvier de cette année.

« Le nombre de catholiques a doublé en 2018 » – se réjouit le P. Tomasz, mais des groupes d’autres dénominations chrétiennes sont également en train de demander de prier dans les sanctuaires.

« Le pèlerinage en Terre Sainte est sûr. » L’appel lancé, en décembre dernier par Mgr Pierbattista Pizzaballa, administrateur apostolique du Patriarcat latin de Jérusalem et par le Custode de Terre Sainte, semble ainsi avoir porté du fruit. Malgré le contexte géopolitique tendu, les chiffres confirment que la motivation des pèlerins à se rendre en Terre Sainte n’est pas entamée. En tous les cas, la vague de désistement attendue n’a pas eu lieu à l’exception de quelques groupes américains. La réaction « contrôlée »  des Palestiniens y est sans doute pour quelque chose, suggère l’agence de presse catholique, Asianews.

Sobhy Makhoul, le diacre maronite confie même auprès de l’agence de presse catholique qu’entre novembre et mi-décembre, « il y avait tellement de pèlerins, que pour la première fois nous avons dû en héberger quelques-uns dans des villes comme Hébron, à près de 30 km au sud de Bethléem. »

Les Lieux Saints n’étant pas qu’en Israël, les Territoires palestiniens espèrent profiter aussi des retombées engendrées par les pèlerinages. « N’oublions pas que les communautés chrétiennes de Bethléem ont besoin de beaucoup d’aide de la part des pèlerins du monde entier. N’ayez pas peur, venez à Bethléem ! », lance Fr. Vitor Rafael, commissaire de la Terre Sainte au Portugal, face à la caméra du Christian Media Center.

« [Ces pèlerinages] sont pour le bien de la population ; non seulement les chrétiens, mais aussi les musulmans et les juifs », conclut le diacre Makhoul. « Quand la situation économique est positive, les gens vivent et travaillent. Le fondamentalisme et le terrorisme ne prennent racine que là où il y a pauvreté et ignorance. C’est quelque chose que le monde occidental doit comprendre, en commençant à penser différemment sur la façon d’agir et d’intervenir dans notre « tiers monde », en aidant les gens à se développer. »