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L’époustouflante renaissance de la chapelle du Calvaire

Textes Paul Turban Remerciements au Dr Anastasia Keshman
30 mars 2018
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La chapelle grecque-orthodoxe du Calvaire, située dans la basilique du Saint-Sépulcre, a retrouvé tout son lustre après qu’elle a été nettoyée durant plusieurs semaines cet hiver.
Cette restauration impressionnante a permis de faire renaître les icônes murales richement dorées mais aussi les trois icônes de l’autel du Calvaire. Comme un souffle de Résurrection sur le mont Golgotha...


La redécouverte

Alors que le patriarcat grec-orthodoxe projetait depuis un moment la rénovation de la chapelle du Calvaire, les recherches sur le sujet de l’Israélienne Bat-Zion Ziv, étudiante-chercheuse à l’université de Haïfa, ont finalement convaincu les autorités orthodoxes de lancer les travaux de nettoyage des plafonds, des murs, des icônes du Calvaire et de l’iconostase qui ornent la chapelle. L’opaque couche noire qui les recouvrait, résidu de fumée de bougies et d’encens, était relativement récente puisque des photos de la fin des années 1940 nous montrent ces peintures dans un état impeccable. Aujourd’hui, la splendeur des dorures et autres décors est de nouveau visible.

 

Visions angéliques

La partie de la chapelle, divisée en deux salles, où se situe l’autel, au-dessus du lieu présumé de la crucifixion, laisse apparaître un ciel rempli d’anges, ayant tous un visage différent, ce qui manifeste l’importance cosmique de la mort du Christ. Au total, on dénombre près de 150 angelots, dont plus d’une centaine au-dessus et autour de l’autel.
Sont aussi représentés le soleil et la lune, qui rappellent l’éclipse décrite dans les récits de la Passion (Lc 23, 45).

 

Mise à nu

Fait exceptionnel, les icônes sur bois représentant le Christ en croix ainsi que Marie et Jean, le disciple bien-aimé, ont été momentanément enlevées pour être libérées de leurs ornements métalliques et entièrement nettoyées, comme toutes les icônes de l’iconostase située derrière. Cette mise à nu a permis de les photographier sous tous les angles, avant qu’elles ne soient remises en place avec (hélas) leur vêture de métal.
Les études menées durant les opérations de rénovation devraient permettre de dater et attribuer ces œuvres.

 

La Passion du Christ

Alors qu’il n’y a que des anges qui sont représentés dans la partie de la chapelle où se situe le Calvaire, le plafond et les murs de l’autre partie sont plus richement décorés. Ils sont peints d’une vingtaine de scènes de la Passion, inspirées des évangiles, cités en grec ancien. La facture de ces peintures étonne par leur inspiration ottomane. Selon les spécialistes, cela laisse à penser que les artistes qui ont orné cette salle étaient membres d’une communauté grecque-orthodoxe originaire de l’Empire Ottoman.

 

Énigmatiques origines

Lors du nettoyage, une date est apparue dans la chapelle de l’autel, 1842. Pourtant, de l’avis des chercheurs, la décoration est un ensemble complexe qui n’a pas été réalisé en une année, mais sur une période qui va du milieu du XVIe au milieu du XIXe siècle, et ce malgré un incendie dévastateur en 1808. De même, elle ne serait pas le fruit du travail d’un seul artiste-peintre mais de plusieurs.

 

Un passé encore présent

Sur cette photo, on peut voir très clairement des traces laissées comme en pointillés dans les murs par de précédents ornements. Des recherches sont en cours pour dater
et expliquer ces étranges vestiges. Quoi qu’il en soit, les chercheurs savent d’ores et déjà qu’il y avait encore, au milieu du XVIIe siècle, des restes de mosaïques croisées vieilles
de cinq siècles, mais dont la trace a aujourd’hui été perdue. Ce nettoyage va donc permettre de mieux comprendre la décoration actuelle, mais aussi les décorations précédentes.

 

Langage codé

Dissimulé derrière l’écriteau de l’icône représentant le Christ crucifié, apparaît un signe qui pourrait parler aux fidèles lecteurs du Da Vinci Code ou aux passionnés d’ésotérisme. Aujourd’hui associé à la franc-maçonnerie et autres sociétés secrètes, ce triangle doré renfermant un œil est en fait l’œil de la Providence.
L’œil, probablement hérité de l’Égypte antique (œil d’Horus), est le symbole de l’omniscience et de l’omniprésence de Dieu, et par extension de son omnipotence car la présence et la vision sont intimement liées à l’action. Le triangle équilatéral est un symbole trinitaire. Enfin, l’or est symbole de lumière, il dissipe la pénombre, comme on peut le voir sur cette image. Lumière triomphant des ténèbres, vérité triomphant du mensonge, vie triomphant de la mort : c’est bien un symbole chrétien.

Dernière mise à jour: 05/02/2024 13:58

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