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Un sceau du prophète Isaïe a-t-il été découvert?

Christophe Lafontaine
1 mars 2018
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Un sceau du prophète Isaïe a-t-il été découvert?
Ce petit morceau d'argile ovale pourrait être le sceau ayant appartenu au prophète Isaïe © Ouria Tadmor/Eilat Mazar

Dans un article récent de la Biblical Archaeology Review, la chercheuse Eilat Mazar se demande si la découverte d’un sceau à Jérusalem ne serait pas la première preuve de l’existence du prophète Isaïe, hormis la Bible.


C’est un tout petit morceau d’argile ovale mesurant seulement 1 cm vieux de 2700 ans. Et les archéologues se demandent s’il ne s’agit pas d’un sceau ayant appartenu au prophète Isaïe. C’est la question que se pose le Dr Eilat Mazar, chef de l’équipe d’archéologues dans un article publié la semaine dernière dans la Biblical Archaeology Review, un magazine qui cherche à vulgariser des études académiques archéologiques au grand public intéressé par le monde de la Bible, du Proche et du Moyen-Orient.

L’artefact a été retrouvé il y a huit ans (en 2009) parmi plus d’une trentaine d’autres sceaux – servant dans l’antiquité à authentifier les documents – lors de fouilles à l’Ophel, au sud du Mont du Temple (Esplanade des mosquées) à Jérusalem-Est, à trois mètres d’un autre sceau reconnu comme ayant appartenu au roi Ezéchias, qui fut le roi de Juda vers la fin du VIIIème siècle av. J.-C.. Il fut le contemporain des prophètes Michée et Isaïe. En décembre 2015, Eilat Mazar de l’Institut d’archéologie de l’Université hébraïque de Jérusalem, avait révélé à la presse cette découverte qui fut alors largement médiatisée.

Dans son dernier article, la chercheuse explique que le sceau ovale qui pourrait être celui du prophète de l’Ancien Testament laisse, quant à lui, clairement apparaître dans une ancienne écriture hébraïque le nom « Yesha’yah » (le nom hébreu d’Isaïe), suivi du mot « nvy ». Levant deux hypothèses. Il s’agit soit d’un nom de famille (d’autant que le prénom était à l’époque des plus communs), soit des trois premières lettres hébraïques du mot « Prophète ». Malheureusement, l’empreinte du sceau est brisée sur sa partie haute, ce qui rend difficile de déterminer si le nom Isaïe est celui du prophète ou non. Eilat Mazar affirme que si le mot se terminait à l’origine par la lettre hébraïque aleph, alors le mot hébreu pour « prophète » (Navi) aurait permis de définitivement identifier le sceau comme la signature du prophète Isaïe. L’absence de cette lettre finale est un détail crucial…

La Bible rendrait la découverte logique

« Cependant, la relation étroite entre Isaïe et le roi Ezéchias, telle que décrite dans la Bible, et le fait que la bulle (ndlr : le sceau) ait été trouvée à côté de celle portant le nom d’Ezéchias semblent laisser ouverte la possibilité que, malgré les difficultés du coin abîmé, cela peut avoir été une impression du sceau du prophète Isaïe, conseiller du roi Ezéchias », écrit l’archéologue.

Il ne serait donc pas surprenant que la découverte du sceau d’Isaïe ait eu lieu près du sceau du roi Ezéchias. A l’époque, seules les personnes de haut rang possédaient des sceaux, ce qui renforce aussi la crédibilité de cette théorie.

La Bible rapporte dans le Deuxième Livre des Rois qu’Isaïe aurait été l’un de plus proches conseillers du roi Ezéchias, et grâce à une intervention divine, il aurait même aidé le souverain à empêcher l’invasion de Jérusalem par les Assyriens.

Quoi qu’il en soit, si le sceau appartenait bien au prophète Isaïe, ce « serait la première référence archéologique extrabiblique au prophète Isaïe jamais découverte, et la plus ancienne », a déclaré Robert Cargill, archéologue et professeur de lettres classiques et d’études religieuses à l’université de l’Iowa, cité par Live Science.

Isaïe est considéré comme l’un des quatre grands prophètes, avec Jérémie, Ezéchiel et Daniel, du fait de la longueur de leurs livres. Le Livre d’Isaïe traite de la déportation du peuple juif à Babylone puis de son retour et de la reconstruction du Temple de Jérusalem sur les ordres du Grand Roi achéménide Cyrus II.

La plus ancienne version connue du Livre d’Isaïe fait partie des Manuscrits de la mer Morte.