Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Aide du Pape aux enfants des camps de réfugiés palestiniens

Christophe Lafontaine
28 juin 2018
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable
Aide du Pape aux enfants des camps de réfugiés palestiniens
Le pape François avec les enfants du camp de réfugiés palestiniens de Daisheh len mai 2014 ©Nadim Asfour/CTS

Le Vatican a annoncé le 25 juin une aide de 100 000 $ pour les enfants des camps de réfugiés palestiniens. Au moment où des écoles de l’agence d’aide aux réfugiés palestiniens de l’Onu (UNRWA) sont menacées de fermer.


C’est par la voix de son nonce apostolique à l’Onu à New York que le Saint-Siège a annoncé une contribution volontaire en faveur  des réfugiés palestiniens. Mgr Bernardito Auza qui est aussi Observateur permanent du Saint-Siège aux Nations unies intervenait lors d’une conférence des donateurs pour l’UNRWA (l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens dans le Proche-Orient), qui s’est tenue lundi 25 juin 2018 au siège de l’organisation à New York. Le diplomate du Vatican a alors exprimé que le Pape lui avait en effet demandé de « transmettre sa  contribution de 100 000 $ aux projets de l’Agence, en particulier au profit des enfants dans les camps de réfugiés de Palestine », indique le site officiel de la Mission permanente d’observation du Saint-Siège auprès de l’Onu. Traduction concrète des mots d’encouragement qu’avait tenus le pape François au Commissaire général de l’UNRWA, Pierre Krähenbühl, quand il l’avait reçu en audience privée au Vatican en mars dernier. Le souverain pontife avait alors montré « son profond respect pour le travail et l’engagement de l’UNRWA. » Des mots qui n’étaient pas en l’air quand on se souvient que le Pape a visité un camp de réfugiés à Bethléem lors de son voyage en Terre Sainte en 2014.

Fondée il y a près de 70 ans, en 1949, l’organisation apporte aujourd’hui assistance en matière d’éducation et de santé aux quelque 5,5 millions palestiniens enregistrés comme réfugiés en Cisjordanie, à Gaza, en Jordanie, au Liban ou en Syrie.  Les bénéficiaires sont soit les survivants soit les descendants des centaines de milliers de Palestiniens qui ont pris la route lors de la première guerre israélo-arabe en 1948 qui a suivi la création de l’Etat d’Israël.

Une rentrée scolaire en point d’interrogation

Cette agence des Nations unies assure l’éducation de 525 000 enfants dans 711 écoles de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie. 54% de son budget va à l’éducation.

Mais l’agence doit actuellement faire face à un sévère déficit au moment où elle était pourtant « sur le point de stabiliser son budget grâce à des mesures internes et la mise en œuvre des recommandations du Secrétaire général », a regretté Pierre Krähenbühl. Ce déficit est dû à la baisse décidée en janvier 2018 – de plus de 80% – de la contribution des Etats-Unis, jusqu’ici principal bailleur de fonds de l’UNRWA. Une contribution de 360 millions de dollars qui représentait un tiers du budget de l’agence, ramenée à 60 millions pour cette année. Les Etats-Unis réclament une réforme de l’UNRWA et conditionnent leur aide à un retour des Palestiniens à la table des négociations avec Israël.
Pour finir l’année 2018, l’Unrwa doit encore plus de 200 millions de dollars pour pouvoir préserver l’aide d’urgence aux réfugiés palestiniens au second semestre.  Et ce malgré les aides supplémentaires venues compenser la baisse de financements américains.

Bien sûr face à une telle somme, le don du Saint-Siège peut paraître symbolique. Mais le geste est d’abord moral. « Tant que le sort des réfugiés palestiniens restera incertain, l’UNRWA sera indispensable, car son travail continue d’être inestimable pour les plus de cinq millions de réfugiés palestiniens qui, sans l’appui soutenu de l’Agence, vivraient même dans un plus grand désespoir », a aussi déclaré Mgr Auza. Le nonce n’a d’ailleurs pas hésité à rappeler que « le Saint-Siège espère que, tôt ou tard, une solution équitable et durable pourra être trouvée, par la reprise des négociations sur le statut final entre les parties intéressées, visant à parvenir à une solution à deux Etats, avec Israël et un Etat palestinien , vivant côte-à-côte dans la paix et la sécurité à l’intérieur de frontières internationalement reconnues. »

Pour l’heure, l’agence a déjà prévu de réduire certains programmes, de différer le paiement des salaires de ses employés. La rentrée en septembre des écoliers dépendant de l’UNRWA pourrait être reportée. L’agence pourrait même devoir fermer des écoles a alerté le président de l’Assemblée générale de l’ONU, Miroslav Lajcák.

De fait à partir de juillet, le Commissaire général de l’UNRWA, Pierre Krähenbühl  a averti qu’il pourrait être obligé de prendre des mesures « très difficiles ». Soulignant que la situation risque de devenir « extrêmement critique » en Cisjordanie et à Gaza. « Je ne me vois, a-t-il dit, dire aux élèves palestiniens, comme Aya Abbas de Yarmouk, lauréate des élèves de troisième dans toute la Syrie que l’Office ne peut pas garder leurs écoles ouvertes. »

Stratégie multidimensionnelle

L’UNRWA, depuis le début de l’année n’est pas restée les bras croisés et a développé tambour battant « une stratégie multidimensionnelle de mobilisation de ressources pour éviter une crise humanitaire majeure dans la région et maintenir ses programmes », comme l’indique le site de l’Onu. Outre un plan d’austérité, l’agence a adressé un appel aux partenaires de l’UNRWA pour qu’ils versent leurs contributions plus tôt dans l’année. De plus, une campagne mondiale « La dignité n’a pas de prix » a été lancée pour recueillir des fonds auprès des particuliers et a reçu des fonds du Fonds central d’intervention d’urgence de l’Onu (le CERF, Central Emergency Response Fund). La mise en place d’un fonds fiduciaire avec la Banque mondiale est en cours. Tandis que la Banque islamique de développement élabore un fonds de dotation tel que proposé par l’Organisation de la coopération islamique. « Avec le temps, je pense que ces efforts créeront une base de financement durable pour l’avenir de l’UNRWA », a dit le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres. « Mais ces efforts novateurs ne suffiront pas à combler complètement le déficit de financement cette année », a-t-il prévenu.