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Kyrill de Moscou promeut la Jordanie pour les pèlerinages

Christophe Lafontaine
7 juin 2018
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« La Jordanie devrait être incluse dans les routes de pèlerinage pour ceux qui visitent la Terre Sainte » a déclaré le Patriarche Kirill de Moscou en recevant le 5 juin 2018, l’ambassadeur de Jordanie en Russie.


Quatre mois après la visite du roi de Jordanie à Moscou, c’est son ambassadeur en Russie, Amjad Adayleh, qui a été reçu au siège patriarcal du monastère Saint-Daniel, mardi dernier. Comme l’a indiqué le service de l’Eglise orthodoxe russe pour les relations ecclésiastiques extérieures, cette rencontre a permis aux deux protagonistes de passer en revue les mesures et les efforts pris par les deux pays pour promouvoir la Jordanie comme destination pour les pèlerins chrétiens.

Le patriarche de l’Eglise orthodoxe russe a fait valoir que la Jordanie appartient historiquement au territoire appelé la Terre Sainte. « Pour cette raison, nous croyons que la Jordanie, entre autres choses, devrait être incluse dans les routes de pèlerinage pour ceux qui souhaitent venir en Terre Sainte », a-t-il appuyé. A ce titre, Kyrill de Moscou a expliqué que « cette compréhension et cette perception de la Jordanie comme faisant partie de la Terre Sainte », avait poussé l’Eglise orthodoxe russe à bâtir une maison de pèlerinage sur la rive orientale du Jourdain. Cette dernière avait été inaugurée il y a six ans, le 26 juin  2012, en présence du président russe, Vladimir Poutine. Le Prince Ghazi Ben Mohammed de Jordanie (conseiller spécial auprès du roi – son cousin – pour les affaires religieuses et culturelles) avait alors représenté le souverain hachémite. Ce dernier ayant donné, à la Russie pour l’Eglise orthodoxe un terrain aux abords de la rive orientale du Jourdain sur l’un des sites présumés et officiels du Baptême du Christ : le site de « Béthanie au-delà du Jourdain » ou Al-Maghtas (Jean 1,28).  Conscient de la manne touristique que représentait le site du baptême, le roi a décidé d’offrir gratuitement aux diverses confessions chrétiennes des parcelles de terrain où chacune d’elles est libre d’y bâtir sanctuaires, monastères ou maisons de pèlerins.

Le 5 juin à Moscou, pour sa part, rapporte l’agence officielle jordanienne Petra, l’ambassadeur du roi a salué le rôle de l’Eglise orthodoxe dans la promotion des valeurs de dialogue et de tolérance et dans la protection des chrétiens de la région. En retour, décrivant la Jordanie comme « une oasis », le Primat de l’Eglise orthodoxe russe a également souligné le  « très haut niveau de tolérance » qui règne dans le pays. Un pays traditionnellement reconnu pour ses bonnes relations entre chrétiens et musulmans, notamment grâce, a-t-il dit, à la famille royale qui encourage la présence de communautés et d’organisations chrétiennes sur le territoire. Le Patriarche Kyrill a de fait aussi salué le rôle constructif du roi dans la protection de la présence chrétienne dans la région, selon le Jordan Times. L’instabilité régionale n’y étant pas pour rien.

Terre de pèlerinage

A cause justement des conflits dans les pays voisins, le tourisme jordanien a été bien affecté ces dernières années. Le secteur semble toutefois repartir à la hausse. L’année 2017 s’étant terminée avec une croissance de près de 15% en nombre de visiteurs (près de 4 millions) et de 18% en recettes par rapport à l’année précédente. Selon la ministre du Tourisme et des Antiquités dans un entretien à l’AFP début 2018, le tourisme contribue à hauteur de « 10 à 12% du PIB » et l’objectif est de « doubler » cette part d’ici 2022. La ministre déclarait au début de l’année que le pays « essaie de changer son approche du tourisme » après avoir identifié plusieurs segments de développement : le tourisme d’aventure, le culturel, l’archéologique, le médical et le religieux.

Confirmant ce dernier point, le royaume apparaît comme une authentique terre de pèlerinage où se sont déroulés de nombreux épisodes fondateurs de l’Histoire Sainte. C’est sur le mont Nébo, devant la Terre Promise que Moïse mourut et par là même que le peuple hébreu entra dans le pays de Canaan.

A Béthanie Jean baptisait. D’autre part, les évangiles mentionnent – indirectement –  le passage du Christ à Jérash, ville de la Décapole romaine.  En outre, la ville de Madaba abrite dans l’église grecque orthodoxe Saint-Georges la célèbre mosaïque byzantine du VIe siècle qui représente la plus vieille représentation topographique de la Terre Sainte. A Anjara, au nord de la Jordanie, se trouve l’église Notre Dame de la Montagne – une grotte réaménagée et vénérée comme lieu où a séjourné Jésus et sa mère Marie lors de leurs passages vers le lac de Tibériade. Anjara a été désignée par le Vatican comme l’un des sites de pèlerinage pour le Millenium de l’an 2000. La ville d’Ajlun abrite quant à elle le tombeau de Saint- Georges.

Mais face à tout ce potentiel culturel et religieux, la Jordanie doit encore développer ses installations en matière d’infrastructures routières et d’hébergement. Le pays ne compte que 30 000 chambres, un chiffre qui pourrait « aisément » être doublé, selon la ministre en charge du tourisme.

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