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Salat, le cœur et le corps en prière

Paul Turban
30 juillet 2018
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Salat, le cœur et le corps en prière

Al-lahou akbar. Quand les médias s’emparent de ces mots arabes, c’est généralement mauvais signe. Le début d’une prière semble être devenu un cri de guerre. A quelle prière appartiennent ces mots ? Quelle est cette prière musulmane qui, comme on peut le voir, engage le corps tout entier ?


Toujours vers La Mecque…

Selon la tradition, Mahomet recommanda pour la prière, salat en arabe, de se tourner vers “Bayt Al-Maqdis” ce qui désigne le Temple de Jérusalem jusqu’à ce qu’il reçoive la révélation de lui préférer la direction de La Mecque. Où qu’il se situe, le fidèle musulman fait la prière en se tournant vers la Kaaba. Construction cubique vide, elle signifie que les musulmans adorent un Dieu unique et immatériel. Dans une mosquée, la direction de la Kaaba est indiquée par le mihrab, une niche. Depuis Jérusalem, on s’oriente vers le Sud Est.

 

 

Entrer en prière

Avant de prier, un croyant doit faire les ablutions rituelles. Il commence par réciter la basmala, une prière dont le texte signifie “Au nom d’Allah, le Clément, le Miséricordieux.” Puis il se lave, trois fois pour chaque partie du corps, les mains, la bouche, les narines, le visage, les avant-bras jusqu’au coude, la tête du front à la nuque, les oreilles, le cou, et enfin les pieds. La prière musulmane consiste alors en la répétition de rak’ah, c’est-a-dire d’une série de mouvements et de paroles détaillées ensuite. L’islam prévoit l’accomplissement de cinq prières par jour, composées d’un nombre différent de rak’ah : deux à l’aube, quatre la mi-journée ainsi que l’après-midi, trois au coucher du soleil, et de nouveau quatre à la prière du soir.

 

 

Al-Fatiha, les premières invocations

Une rak’ah, unité de prière, commence debout, les mains levées au niveau des oreilles, en prononçant la prière Al-lahou akbar, c’est-à-dire ‘‘Dieu est grand’’. Le fidèle ramène alors ses bras au niveau du nombril, la main droite au-dessus de la main gauche, en signe d’humilité. Cela signifie l’entrée en prière : c’est une position d’écoute. La prière commence alors, dans cette position, avec la récitation en arabe de Al-Fatiha, la première sourate du Coran. Son texte en français est “Au Nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, la louange [revient] à Dieu, le Souverain des mondes, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, le Roi au jour du jugement, c’est Toi que nous adorons et c’est Toi dont nous implorons le secours. Conduis-nous sur la voie droite, la voie de ceux sur lesquels Tu répands Tes grâces, et non celle de ceux qui encourent Ta colère, ni celle des égarés.” La prière continue par la récitation d’un passage du Coran.

 

 

Roukoû’, reconnaître la grandeur de Dieu

La première inclination est appelée Roukoû’. Le priant dit “Dieu est grand’’, en s’inclinant vers l’avant. Les mains sont posées sur les genoux, doigts écartés, le dos parallèle au sol, la nuque et la tête dans le prolongement du corps, le regard fixé vers le sol. Cette position d’inclinaison rappelle l’impuissance et la petitesse de l’Homme devant son Créateur, et est un signe d’humilité. Le fidèle répète alors trois fois “Saint est mon Seigneur, le Tout-Puissant’’. En se redressant, le priant dit ‘‘Allah entend celui qui le loue’’. Enfin, une fois redressé, il termine en disant ‘‘Ô notre Seigneur, Toutes les louanges sont à Toi !”

 

 

Soujoud, l’abandon à Dieu

Soujoud est la reconnaissance de l’extrême petitesse de l’Homme face à l’immensité de Dieu. Il s’agit pour l’Homme dans sa fragilité extrême de se remettre entre les mains de Dieu, de s’abandonner totalement à Dieu. Le priant dit Al-lahou akbar, ‘‘Dieu est grand’’, en se prosternant. Il pose son front, son nez, ses mains et ses genoux sur le sol.
Le fidèle répète alors trois fois “Saint est mon Seigneur, le Très-Haut’’. En se redressant, le priant dit “Dieu est grand’’. Il passe alors en position assise.

 

 

Jilsah, l’appel à la miséricorde

La position assise, qui sépare deux prosternations Soujoud, est appelée Jilsah. Dans cette position le fidèle dit : “Ô Seigneur, pardonne-moi”. Puis il se prosterne une seconde fois et redit les paroles de la Soujoud. Ainsi se termine une rak’ah. Selon le moment de la journée, le nombre de répétitions varie. A la fin d’une rak’ah destinée à être suivie d’une autre, le priant se relève en disant “Je suis debout et assis avec l’aide et la force d’Allah.”

 

 

Terminer la prière

A la fin de la récitation, le croyant regarde tout-à-fait à sa droite, là où se tient l’ange des bonnes actions, et dit “Que la paix, la miséricorde et la bénédiction de Dieu soient sur vous”. Ensuite, il répète la même phrase en tournant sa tête à gauche, vers l’ange des mauvaises actions. Quotidiennement, les musulmans peuvent faire leurs cinq prières seuls ou en groupe, à la mosquée ou dans tout autre lieu, du moment que le priant se tourne vers La Mecque. La disposition d’un tapis au sol est ainsi un moyen de protéger les priants pendant la prosternation, mais aussi d’assurer une bonne orientation de la prière. Le vendredi à midi, les hommes majeurs en religion sont invités à se rendre à la mosquée pour prier ensemble : il s’agit du jour sacré pour les musulmans, celui de la création d’Adam. Alors que la prière de midi est normalement composée de quatre rakaʿāt, celle du vendredi n’en compte que deux. Néanmoins, avant cela, le khatib, qui peut-être l’imam du lieu ou un autre homme, prêche un khoutbah, c’est-à-dire un sermon, qui traite de la vie religieuse comme de la vie quotidienne, les deux étant intimement liées pour l’islam. Une prière prononcée à Jérusalem en vaut 1000.♦

Dernière mise à jour: 12/02/2024 15:09

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