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Regain de tensions entre Israël et l’Iran, en Syrie

Christophe Lafontaine
23 janvier 2019
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Israël a annoncé avoir frappé il y a trois jours en Syrie des objectifs iraniens et syriens. L’Etat hébreu s’étant engagé à empêcher tout enracinement de l'Iran, son grand ennemi, près de sa frontière nord. Décryptage.


La tension est sérieusement montée entre Israël et l’Iran, le week-end dernier. Et c’est la Syrie qui a été le théâtre des affrontements entre les deux pays. Au bilan, 21 personnes ont été tuées dont 12 membres des Gardiens de la révolution islamique (organisation paramilitaire de la République islamique d’Iran), a annoncé le 22 janvier l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). C’est l’une des attaques les plus meurtrières d’Israël en Syrie depuis 2011.

Que s’est-il passé ? Dans la nuit du dimanche 20 janvier au lundi 21 janvier, les frappes aériennes israéliennes en Syrie étaient une réponse à un missile tiré depuis la Syrie contre l’Etat hébreu au-dessus du Mont Hermon (intercepté par le système de défense Dôme de fer), qui faisait lui-même suite à des raids israéliens le même jour en plein lumière. 

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les frappes israéliennes ont visé, aux abords de la capitale et dans le sud du pays, des entrepôts de munitions tenus par les forces iraniennes ainsi qu’un centre de renseignement et un camp d’entraînement militaire. Des batteries de la défense anti-aérienne du régime syrien ont également étaient ciblées. Des photographies publiées par Image Sat montrent par ailleurs que l’un des entrepôts de munitions et les systèmes radar de l’aéroport de Damas avaient été détruits lors des frappes. Une piste d’atterrissage a aussi été endommagée.

Dissuasion et détermination

« Le but (ndlr : de l’Iran), semble-t-il, était de commencer à bâtir une nouvelle architecture de dissuasion, tout en limitant les risques de déclencher une confrontation plus importante », a expliqué le journaliste Avi Issacharoff dans les colonnes du Times of Israel. Sinon l’Iran ne se serait pas contenté d’envoyer seulement un missile. Une opération qui intervient à l’heure où le régime syrien dont l’Iran est allié, a repris, après huit ans de guerre, le contrôle des deux tiers du pays, et où les Etats-Unis ont annoncé vouloir retirer leurs troupes du pays. Créant ipso facto l’incertitude. 

Le scenario est le suivant : Israël et la Syrie partagent une frontière commune le long du plateau du Golan annexé par l’Etat hébreu en 1981. L’Iran disposerait de 3 000 soldats en Syrie. L’objectif de la République islamique étant de tracer un arc chiite continu de Téhéran à Beyrouth.  Israël ne l’entend pas de cette oreille et refuse de laisser l’Iran, son ennemi juré qui le menace de le détruire avec des armes nucléaires, s’implanter durablement en territoire syrien, près de sa frontière nord-est. Les agissements de l’Iran au Liban par le biais du Hezbollah et dans la bande de Gaza maintenue par le Hamas et le Jihad islamique sont également vivement dénoncés par le Premier ministre israélien qui voit se dessiner un triple front encerclant Israël.

Ainsi du côté d’Israël, le message est très clair et on ne peut ignorer à ce titre la grande publicité qui a été rendue après sa dernière opération aérienne : Israël ne laissera « pas passer de tels actes d’agression », a déclaré Benjamin Netanyahu montrant ainsi que le retrait des Etats-Unis en Syrie ne change rien à sa détermination en ce qui concerne la protection du territoire israélien. Indiquant vouloir saper l’enracinement de l’Iran en Syrie. Tout en mettant en garde les forces syriennes.

Menaces sur l’aéroport Ben Gourion

Mais « face aux multiples agressions israéliennes » contre son pays, l’ambassadeur syrien à l’Onu, Bachar Jaafari, a estimé le 22 janvier que si le Conseil de sécurité des Nations unies n’intervenait pas pour faire cesser les opérations aériennes d’Israël, alors a-t-il lancé, le gouvernement syrien exercerait son « droit de légitime défense » en attaquant de manière symétrique l’aéroport Ben Gourion en réponse à l’agression israélienne sur l’aéroport international de Damas.

De fait l’armée israélienne n’est pas à sa première frappe aérienne et a mené en Syrie au cours de ces dernières années, de nombreuses frappes contre des objectifs militaires de la République islamique d’Iran et contre des convois d’armes pour le Hezbollah (libanais et pro-iranien).

Dans ce contexte de tensions, Israël a annoncé avoir procédé hier à un test du système antimissiles Arrow 3 développé et financé de concert avec les Etats-Unis, qui doit pouvoir intercepter des missiles au-dessus de l’atmosphère avec une portée qui pourrait aller jusqu’à 2 400 km.  Le succès était au rendez-vous. « La réussite de ce test est une étape majeure en ce qui concerne les capacités opérationnelles de l’Etat d’Israël et sa faculté à se défendre contre les menaces régionales présentes et à venir », a rapporté le ministère de la Défense dans un communiqué.