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Il n’y aura bientôt plus qu’une seule Nazareth en Israël

Christophe Lafontaine
1 juillet 2019
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Il n’y aura bientôt plus qu’une seule Nazareth en Israël
Vue aérienne de Nof HaGalil © Assaf Sagi / Wikimedia Commons

Après plus de 60 ans de confusion, Nazareth Illit (au nord d’Israël), a adopté un nouveau nom le 21 juin pour se distinguer de son illustre voisine arabe israélienne, Nazareth. Changement définitif d’ici quatre ans.


« Perle de la Galilée », « Fleur de la Galilée », ou encore « Tel Jezréel » ? Non, le nouveau nom hébreu de Nazareth Illit (l’équivalent de Nazareth-la-haute) sera « Vue de Galilée ». Soit littéralement en hébreu, Nof HaGalil.

Pittoresque s’il en est, ce changement de nom était une priorité du maire, Ronen Plot, élu en novembre dernier. Il avait alors déclaré qu’il était « temps de donner à Nazareth Illit une identité indépendante, et de mettre un terme à la confusion récurrente » entre sa ville et Nazareth. Cette dernière étant considérée selon la tradition chrétienne comme la ville où se trouvait la maison d’enfance de Jésus et où la future naissance de ce dernier a été annoncée à sa mère Marie par l’archange Gabriel.

Il y a six mois, la municipalité de l’ex-Nazareth Illit avait obtenu l’accord du gouvernement israélien pour changer son nom. Le maire a donc pu mettre sur pied un comité public présidé par le directeur général des services de la municipalité, composé de 21 habitants, représentant toutes les communautés, tous les âges et toutes les religions. Les habitants de la ville ont soumis au comité leurs suggestions. Au total, il y a eu 200 propositions. Le comité, sur cinq choix finaux, a retenu le nom de Nof HaGalil qu’il a soumis mardi 18 juin à un référendum auprès de la population municipale. Près de 80% des résidents ont voté en faveur de ce changement. Les résultats ont été annoncés le 21 juin. La porte-parole de la municipalité avait annoncé en novembre qu’une période de transition de trois à quatre ans durant laquelle le nouveau nom devrait être accolé à l’ancien, avant sa disparition définitive. Il n’y aura donc bientôt qu’une seule Nazareth en Israël.

Il faut dire qu’à part le nom et leur proximité géographique en Galilée (seulement 3 kilomètres les séparent), Nazareth et l’ex-Nazareth Illit n’avait pas grand-chose en commun.

Nazareth, la plus grande ville arabe israélienne, compte 75 000 habitants majoritairement musulmans ou chrétiens. Elle attire chaque année des centaines de milliers de pèlerins chrétiens. Selon Orna Buhbut, une porte-parole de la municipalité de Nof HaGalil, le maire de Nazareth Ali Salem était en faveur d’un changement de nom. De fait, explique la porte-parole de Nof HaGalil « Nazareth est une marque mondiale avec des milliers d’années d’histoire. »

Nazareth Illit (désormais Nof HaGalil) qui n’accéda officiellement au statut de « ville » qu’en 1974, n’a pour ainsi dire rien à voir avec sa voisine. Fondée en 1957 par le Premier ministre de l’époque David Ben Gurion, en vue de développer le peuplement juif en Galilée, elle prit le nom de Kiryat Nazareth (ville de Nazareth), pour changer officiellement en 1958 en prenant l’appellation de Nazareth Illit. Son nom devait être une solution temporaire. Mais « le nom provisoire est devenu permanent et a créé une confusion totale », a expliqué la porte-parole de la municipalité, Orna Buhbut. « Au cours des 62 années de la ville – a-t-elle souligné – chaque maire avait essayé, sans succès, de la changer. »

Aujourd’hui, elle compte plus de 50 000 habitants dont une majorité d’origine russe et un quart d’origine arabe. Elle peut s’enorgueillir d’avoir sur sa commune la grande chocolaterie Strauss-Elite qui emploie plus de 600 personnes.

La ville domine la biblique cité de Nazareth et la vallée de Jezréel, vers laquelle descend la Churchill Forest, qui offre de très beaux points d’observation sur la vallée. Son nouveau nom met en avant sa situation géographique et le panorama qu’offre la ville sur les paysages du cœur de la Galilée. Une identité résolument tournée vers la nature.

Pour autant, ceux qui ne voulaient pas de changement de nom reprochent au maire de surfer sur la vague « verte » alors qu’il se dit être un fervent partisan de la création d’un aéroport dans la vallée que domine Nof HaGalil…