Les vitraux de Nazareth reprennent des couleurs

C’est un vendredi de juillet, il fait 34 degrés à Nazareth, la chaleur ressentie est de 36 et le taux d’humidité est de 44 %. Ce n’est pas la raison pour laquelle j’ai des sueurs froides. Mais parce que je me promène à bien 6 m de hauteur sur un rebord de béton de 70 cm, avec pour garde-fou une maigre tige d’acier. Moi qui ai le vertige sur un tabouret.
J’y suis. Au niveau des vitraux de la nef de la basilique de l’Annonciation parce qu’un lecteur nous a écrit avoir lu, dans TSM 657 page 10 sous la plume de Claire Burkel, que les vitraux était de Max Ingrand qu’il a personnellement connu. Aussi aimerait-il voir ce travail. Ça tombe bien, la basilique a 50 ans cette année, faisons-en un article.
Quelle idée de commander 32 vitraux, 16 de chaque côté, pour les poser de telle façon qu’on les voie à peine !
Mais là juste en face, quel spectacle, quel festival de couleurs ! Ma préférence va immédiatement aux vitraux auxquels je reconnais quelque chose, une harpe, un encensoir, une tour, un oiseau. J’ai le coup de foudre pour un ange aux ailes rouges. Ici ou là, je trouve des accents chagalliens aux compositions. D’un autre côté, je suis une buse en histoire de l’art, le rapprochement est peut-être audacieux. À l’angle nord-ouest de la nef, il y a un vitrail signé de l’artiste Max Ingrand et daté de 1965 (mon année de naissance, ça crée des liens).
C’est quelqu’un ce Max Ingrand. Un maître verrier de renommée internationale. La liste des 43 églises en France qu’il a ornées de ses œuvres est disponible en ligne à cette adresse : verre-et-cristal.com/max_ingrand.php
Vous verrez qu’il est notamment l’auteur de ce qui est tenu pour le plus grand vitrail européen : une verrière de 1 046 m² dans l’église Saint-Pierre à Yvetot en Seine-Maritime.
Les photos sont difficiles à faire, je n’ai pas assez de recul, je n’ai pas le matériel. Je vais devoir les faire à l’aveugle et à bout de bras, sans pouvoir contrôler ce que je vise. C’est tout de guingois. L’ordinateur viendra à la rescousse.
Le franciscain cellérier de Nazareth – en charge des finances de la fraternité – à qui j’apprends que les vitraux représentent les Litanies de la Vierge, voyant le résultat sur l’écran de mon appareil photo, est émerveillé. « Il faut les faire tous systématiquement, de façon professionnelle. On pourrait éditer des cartes postales. Et d’ailleurs, il faudrait refaire un fascicule à destination des pèlerins sur la basilique pour mieux l’expliquer. » 50 ans après leur inauguration et la mort de leur auteur, les vitraux de Nazareth veulent reprendre des couleurs.♦

Dernière mise à jour: 08/04/2024 10:51