Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Les Etats-Unis au chevet du cimetière de Bassatine au Caire

Christophe Lafontaine
13 février 2020
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable

L'ambassade des Etats-Unis en Egypte a annoncé fin janvier que le Département d'Etat allait soutenir un projet de conservation du cimetière juif historique de Bassatine au Caire (Egypte) qui remonte au IXe siècle.


Bassatine est l’un des plus anciens cimetières juifs du monde encore en activité, le plus grand d’Egypte, et le seul du Caire. Situé dans une banlieue pauvre à l’est du vieux Caire, ce vieux cimetière de 1200 ans, est en très mauvais état. Le départ d’Egypte de quasiment toute la communauté juive locale dans les années 50 a enfoncé le cimetière dans une longue période de déshérence. Au fil des années, beaucoup de pierres tombales en marbre ont été volées, des squatters ou des chiens sauvages ont élu domicile dans les tombeaux abandonnés, faute d’entretien, au milieu d’une accumulation d’ordures sans nom et de débordement d’égouts.

L’an dernier, le 19 février 2019, le président égyptien avait donné son feu vert pour que soit « nettoyé » de fond en comble Bassatine. Avec l’objectif d’éliminer 2 000 tonnes d’ordures du cimetière.

Le gouvernorat du Caire et la fondation Drop of Milk, une association égyptienne qui œuvre bénévolement pour la préservation des sites juifs du Caire, ont déployé de plus grands efforts pour préserver le cimetière au cours de l’année écoulée, mais une grande partie de celui-ci a continué à se dégrader.

Mettre en valeur le pluralisme historique de l’Egypte

Ainsi, emboîtant le pas à l’initiative égyptienne, l’ambassade des Etats-Unis au Caire vient d’annoncer, le 23 janvier dernier, le lancement d’un projet pour la conservation du cimetière et son architecture et pour la pérennité sur le long terme du site, a indiqué la représentation diplomatique américaine dans un communiqué.

« La préservation de cet important site du patrimoine mettra en valeur le pluralisme historique de l’Egypte et mettra en évidence la diversité culturelle du pays », a déclaré l’ambassade sur sa page Internet.
Ce projet s’inscrit dans le sillage d’un partenariat entre les Etats-Unis et l’Egypte, depuis 2001, dans le cadre de l’AFCP (Fonds des ambassadeurs pour la préservation de la culture). L’AFCP soutient la préservation des sites culturels, des objets et des formes d’expression culturelle traditionnelle à travers le monde. Les projets précédemment financés en Egypte comprennent des sites du patrimoine archéologique et culturel des civilisations pharaonique, islamique, copte et juive à travers l’histoire de l’Egypte.

Plan de gestion

Et c’est l’American Research Center en Egypte (Arce), qui mettra en œuvre le projet au cimetière Bassatine en collaboration avec la Drop of Milk Foundation, qui s’est dite « ravie » de la subvention américaine.

Louise Bertini, directrice exécutive de l’Arce, a déclaré au Times of Israel que le projet se concentrerait principalement sur la création d’une documentation complète du cimetière ainsi que sur l’élaboration d’un plan de gestion du site pour celui-ci. « C’est important car cela peut aider à informer la communauté juive locale sur la façon de gérer toute intervention future sur le site », a-t-elle souligné.

La directrice a également déclaré que l’Arce prévoyait d’effectuer des travaux de « conservation d’urgence » sur une petite poignée de tombes.

Elle a ajouté que le Département d’Etat américain prévoyait de contribuer à un total de 150 000 $ au projet, tout en espérant que l’Arce obtiendra des fonds supplémentaires pour contribuer à la conservation du cimetière à l’avenir.

Le cimetière de Bassatine remonte au IXe siècle et était auparavant divisé en zones désignées pour les communautés juives rabbanite et karaïte. Il abrite des milliers de tombes dont celles d’importantes personnalités historiques de la communauté juive égyptienne telles que le rabbin Haim Capusi (dont la tombe devrait être restaurée dans le cadre du projet) qui vivait au Caire au XVIIe siècle et des représentants de familles juives égyptiennes bien connues des XIXe et XXe siècles dont Moïse de Cattaoui Pacha (1849-1926), fondateur et directeur de la banque nationale d’Egypte. Solomon A. Cicurel (1881-1927), chef d’entreprise cairote. Le cimetière s’étend actuellement sur une surface 270 dunams (environ 70 hectares). Avant la sururbanisation de la capitale égyptienne, il occupait à l’origine quelque 1 300 dunams (1 300 hectares).