Actualité et archéologie du Moyen-Orient et du monde de la Bible

Loi du Retour : la clause du petit-fils et les conversions en question

Par Karine Eysse
30 janvier 2023
email whatsapp whatsapp facebook twitter version imprimable
Loi du Retour : la clause  du petit-fils et les conversions  en question
Restriction sur l’alyah,L’antenne du bureau israélien de l’immigration et de l’absorption, installée à l’aéroport Ben Gourion, pourrait voir son activité considérablement réduite si les critères de l’alyah doivent changer avec l’abolition de la clause dite “du petit-fils”.

Loi d’État et loi religieuse ne sont pas toujours accordées en Israël, une difficulté supplémentaire pour la population et en particulier les immigrants.


La loi israélienne dite “du Retour”, adoptée dès 1950, et amendée au fil du temps, permet actuellement à toute personne convertie au judaïsme ou pouvant justifier qu’un de ses grands-parents est juif (c’est ce que l’on nomme la clause du petit-fils) d’obtenir la citoyenneté israélienne, sous réserve qu’elle ne pratique pas une autre religion. Les conjoints et enfants de cette personne peuvent eux aussi prétendre à la nationalité.
Or ces critères – conversion ou existence d’un grand-parent juif, homme ou femme – ne correspondent pas à ceux, plus stricts, de la halakha, la loi religieuse juive, telle qu’interprétée par les orthodoxes. Celle-ci détermine en effet la judéité en fonction de l’ascendance matrilinéaire : en termes plus simples, est juif celui dont la mère est juive.
Par ailleurs, si le processus de conversion est possible au sein du judaïsme orthodoxe, il est soumis à des règles extrêmement strictes. Or, nombre de rabbins orthodoxes et ultra-orthodoxes remettent en cause la validité des conversions réalisées par des rabbins du judaïsme réformé, beaucoup plus souple dans son approche, et permettant donc des conversions jugées plus faciles.
Cette discordance entre loi du Retour et halakha, telle qu’interprétée par le courant orthodoxe et ultra-orthodoxe, fait régulièrement l’objet de débats en Israël, notamment lors de vagues migratoires importantes.
2022 n’y aura pas échappé : alors que d’un côté, des milliers de Russes et d’Ukrainiens ont fait leur alyah (terme hébreu désignant la migration juive en Israël), poussés par le déclenchement de la guerre en Ukraine en février, de l’autre, les dernières élections législatives israéliennes, en novembre, ont dégagé une majorité droite-extrême droite, autour du Likoud de Benyamin Netanyahou, dans laquelle des partis religieux très critiques de la loi du Retour occupent une place non négligeable.
C’est ainsi qu’Avi Maoz, leader du parti d’extrême-droite Noam, devrait prendre la tête d’une administration chargée de l’Identité juive (ndlr : le gouvernement n’est pas encore officiellement formé à la date de rédaction de cet article, mais l’accord de coalition Likoud-Noam est signé). Or, Avi Maoz a largement fait savoir qu’il voulait limiter le droit au retour, en remettant en cause la “clause du petit-fils”, et en n’acceptant que les conversions orthodoxes. Clairement dans son viseur : les populations issues de l’ex-URSS, qu’il ne considère pas suffisamment juives… ♦

Dernière mise à jour: 22/04/2024 17:31