Depuis tout ce temps vous avez compris, la photo de Une illustre le dossier qui s’annonce en grandes lettres. Ici : “Béthanie, la maison adossée à la colline”. C’était un bon gros appel du pied pour que la photo soit celle du sanctuaire dans son environnement.
Pas facile pourtant de photographier le sanctuaire de Béthanie. D’un côté il est caché par un jardin luxuriant, de l’autre il n’y a pas de recul. L’église est encaissée au milieu de murs. Finalement, vu son caractère massif, on ne regrette pas non plus complètement de ne pas pouvoir la photographier seule.
Qu’à cela ne tienne, en prenant rendez-vous avec frère Eléazar, je l’informe que je viendrai avec un drone. En choisissant la bonne orientation, la bonne inclinaison, on devrait avoir un cliché qui montre l’église dans son environnement et la déclinaison de la pente orientale du mont des Oliviers. “Je ne suis pas certain que ce soit la bonne option, du fait de la proximité du mur. Les radars de l’armée vont le détecter et débarquer…”, répond le franciscain avec une prudente courtoisie. “Ah oui… ou plutôt non… ce ne serait pas “drone”, enfin pas drôle, de se faire embarquer…”
Reste à repérer un toit, dans cette forêt d’immeubles depuis lequel on pourrait obtenir un résultat approchant. Révision du vocabulaire palestinien : “Momken aroud soura min sateh l’bet ?”, “Serait-il possible de faire une photo du toit de la maison ?”

Mais frère Eléazar veillait. “C’est peut-être mieux qu’Abou Mahmoud t’accompagne”. À 72 ans, il est l’homme à tout faire depuis 60 ans… Car il a commencé à travailler avec son père. Il ne veut pas partir à la retraite, en l’absence de pension pour les retraités en Palestine. D’autant qu’il soutient encore financièrement des membres de sa famille.
Me voilà partie avec Abou Mahmoud à qui j’explique ce que je cherche. Il m’a emmenée sur la terrasse de l’immeuble de son fils… Avec la complicité bienveillante de son petit-fils Haytham (‘jeune aigle’ en arabe). Nous étions convenus de nous revoir la semaine prochaine pour prendre le même cliché en fin d’après-midi. La lumière plus douce permettrait de mieux voir le désert. Mais Benjamin Netanyahou en a décidé autrement. Il a déclaré une nouvelle guerre et la Cisjordanie est bouclée jusqu’à nouvel ordre.
Finalement, pour la Une, tant pis pour la colline mais Jésus, Marthe et Marie dessinés sur la porte d’une des chapelles à la disposition des pèlerins, ce n’est pas mal non plus pour dire Béthanie.
Dernière mise à jour: 09/07/2025 15:29