À Jérusalem, le patriarche Pizzaballa salue « le début de la fin » de la guerre à Gaza
Après 733 jours de guerre entre Israël et le Hamas, l’annonce par le président américain Donald Trump d’un accord de cessez-le-feu suscite un mélange de soulagement et de prudence dans l’Église de Terre Sainte. Le Patriarcat latin a immédiatement relancé ses opérations humanitaires, tandis que le curé de Gaza implore que la population de l’enclave ne soit pas oubliée.
Mercredi 8 octobre, peu avant 19 heures à Washington – soit deux heures du matin à Jérusalem –, Donald Trump annonçait sur son réseau social que « toutes les parties [seraient] traitées de façon équitable » dans la première phase de son plan pour Gaza. L’accord, négocié à Charm el-Cheikh avec la médiation du Qatar, de l’Égypte et de la Turquie, prévoit la libération des otages et un retrait progressif des troupes israéliennes.
À Jérusalem, la réaction du Patriarcat latin ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué publié jeudi matin, il « accueille avec joie l’annonce d’un accord » et appelle à « une aide humanitaire immédiate et inconditionnelle » pour Gaza. Le cardinal Pierbattista Pizzaballa a salué « une étape importante » qui apporte « un peu plus de confiance en l’avenir et un nouvel espoir ».
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« Nous voyons enfin quelque chose de nouveau et de différent. » « Aujourd’hui, nous sommes heureux et nous espérons que ce n’est que le début d’une nouvelle phase où nous pourrons, petit à petit, penser non plus à la guerre mais à la reconstruction. »
Le Patriarche, tout en soulignant que « la route jusqu’à un accord final sera longue », estime que cet accord crée « une atmosphère nouvelle ». Il a rappelé que « la paix durable passe par la question palestinienne » : tant qu’aucune perspective claire ne sera offerte au peuple palestinien, aucune paix ne pourra s’enraciner.
Gaza et la Cisjordanie : un même destin
Dans son entretien du 9 octobre, le Patriarche a insisté sur l’unité du destin palestinien : « On ne peut pas séparer la bande de Gaza et la Cisjordanie car elles appartiennent au même peuple. »
Selon lui, l’amélioration de la situation dans l’enclave doit permettre de « se concentrer désormais sur la Cisjordanie où il y a de très nombreux problèmes ».
Il a aussi appelé à une approche plus inclusive : « Il est temps non pas de parler des Palestiniens, mais de parler avec eux. » Pour lui, toute perspective politique durable suppose d’associer les Palestiniens – y compris ceux de Ramallah – aux discussions sur l’avenir de Gaza et de la Cisjordanie.
Sur le terrain, le Patriarcat latin a d’ores et déjà repris les négociations pour l’acheminement de l’aide humanitaire : « Nous avons déjà commencé, une livraison est en cours, elle devrait arriver ces jours-ci », a confirmé le Patriarche.
Cette reprise intervient alors qu’un projet commun avec la Conférence épiscopale italienne vise à installer un hôpital catholique à Gaza, en partenariat avec Malteser International. L’objectif : répondre à la crise sanitaire aiguë qui sévit dans une enclave dévastée.
Parlant des chrétiens de Gaza qui en dépit de la situation décideraient de rester le cardinal a redit : « Personne ne sera abandonné. Nous sommes là et nous y resterons. »
Le cri du père Gabriel : « Ne les oubliez pas »
Depuis la paroisse de la Sainte-Famille, à Gaza-ville, le père Gabriel Romanelli partage la même joie prudente. « Le début de la fin de cette guerre ! » confie-t-il, tandis que les bombardements se poursuivent encore au-dessus de sa tête.
Le prêtre raconte le quotidien d’une communauté meurtrie : un réfugié blessé par balle le jour même de l’accord, opéré en urgence ; des familles réfugiées dans les bâtiments paroissiaux ; une population épuisée mais gardant l’espoir.
« L’après-guerre sera terrible, absolument terrible. Espérons que le monde n’oubliera pas les plus de deux millions de personnes qui vivent dans la bande de Gaza. »
À Jérusalem, le Patriarcat s’apprête à participer à la Journée de prière pour la paix convoquée par le pape Léon XIV le 11 octobre. « Que le Seigneur ait pitié de la Terre Sainte et lui accorde la paix », supplie le communiqué.
Pour le cardinal Pizzaballa, la fin des combats n’est qu’un commencement : celui d’une reconstruction matérielle et spirituelle. « Nous devons retrouver des mots qui construisent des relations. Nous avons trop longtemps parlé le langage du mépris ; il faut désormais réapprendre celui du respect. »